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Les alpes japonaises sont malheureusement derrière nous. Par contre, les montagnes ne sont jamais bien loin.
En effet, notre dernière étape au Japon, Nikko, une ville de 90 000 habitants à 140 kilomètres au nord de Tokyo, se situe au pied d’un complexe volcanique dominé par le mont Nantai et le mont Nikko-Shirane culminant à 2 578 mètres.
La ville abritant des édifices historiques, ses forêts composées
des mystérieux cèdres du Japon, ses lacs au fabuleux reflets bleu sombre, ses impressionnantes chutes d’eau, avec en toile de fond les courbes abruptes de ses montagnes forment des tableaux de toute beauté. D’ailleurs, un dicton populaire japonais illustre la splendeur des paysages autour de la ville: “ne dites pas magnifique avant d’avoir vu Nikko”.
L’attraction numéro un de la région est incontestablement ses différents sanctuaires. La réputation de ces lieux combinée à la
proximité de la mégalopole de Tokyo nous pousse à attendre le lendemain matin de bonne heure avant de visiter ces fameux édifices religieux afin d’éviter une foule trop importante.
Nous décidons donc de commencer notre découverte de Nikko par les abords du lac Chuzen-ji situé à 11,5 kilomètres à l’ouest de la ville. Sur la route serpentant dans la montagne, un premier arrêt permet de contempler de loin notre future destination. En effet, un téléphérique nous transporte jusqu'à un belvédère
offrant une vue panoramique sur une magnifique chute d’eau avec notre lac en toile de fond entouré de collines et de forêts denses. Encore une fois, un épais brouillard minimise la beauté des lieux mais nous laisse néanmoins suffisamment de champ visuel pour imaginer la splendeur des paysages par temps dégagé.
La cascade que l’on voit de loin, porte le nom de Kegon. Avec ses près de 100 mètres de haut et 7 mètres de large, elle s’inscrit
parmi les plus hautes et impressionnantes chutes du Japon.
Afin d’en profiter au mieux, quelques kilomètres plus loin, une autre plate-forme offre un point d’observation plus rapproché. Un ascenseur creusé dans la montagne suivi d’un long tunnel nous permet de découvrir la cascade de plus bas. On peut mieux y jauger la puissance de ce torrent magnifié par les innombrables filets d’eau transpercant la roche de toute part.
L’endroit très populaire pour les jeunes amoureux l’est également pour, malheureusement, les désespérés. En effet, en 1903, un étudiant en philosophie grave un poème d’adieu sur l’un des arbres du site avant de se donner la mort en sautant du haut de la cascade. Il a alors lancé une mode, car depuis, on a recensé près de 200 suicides! Au vu de la hauteur, difficile d’y réchapper!
Nous arrivons maintenant sur les rives du lac Chuzen-ji. Situé au
pied du volcan sacré Nantai, aujourd'hui éteint il y a plusieurs milliers d’années, cette immense étendue d’eau d’une superficie de 11,9 kilomètres carrés a été formé par des coulée de lave. Sa profondeur atteignant 163 mètres lui donne des couleurs d’un bleu profond et intense, fortement atténué, cependant, par le manque de luminosité. Le brouillard au loin ajoute un côté mystique.
Sur ses berges, outre les nombreux onsen que l’on peut trouver,
le temple Chuzen-ji datant du 8 ème siècle abrite, quant à lui, une impressionnante statue (6 mètres de haut) de la célèbre Kannon aux mille bras. Taillée dans une seule pièce de bois, cette sculpture résulte du fruit du travail d’un moine suite à une vision de la déesse dans le lac. Malheureusement, aucune photo n’est autorisée.
Non loin de ce temple bouddhique, les villas des ambassadeurs de Grande Bretagne et d’Italie témoignent d’une époque (entre
1900 et 1930) où ces lieux de villégiature accueillaient de nombreuses résidences diplomatiques étrangères. Ces dernières ouvrent de belles terrasses sur le lac. L’endroit transpire le calme et la sérénité.
Après une bonne nuit de sommeil, nous poursuivons notre visite de Nikko par ses joyaux: les fameux temples et sanctuaires inscrits au patrimoine mondial de l’UNESCO.
Pour y accéder, on ne peut pas manquer l’élégant pont Shinkyo lui aussi classé par l’inévitable organisme. Longues de 28 mètres, ses poutres transversales noires ainsi que ses gardes corps rouges laqués, enjambent une puissante rivière avec pour arrière plan une magnifique forêt à flanc de montagne.
Quelques centaines de pas plus loin, les nombreux temples historiques, avec une mousse s’accrochant siècle après siècle aux murs de pierre, des rangées de lanternes en pierre
parfaitement alignées, des portails vermillons et des cèdres immenses, nous attendent.
Le plus célèbre est sans conteste le sanctuaire shintoïste Tosho-gu. La porte Yomeimon donne d’entrée le ton de la visite. Monumentale et richement décoré, elle est qualifiée trésor national. Rapidement, les édifices spectaculaires tous classés se succèdent au coeur d’une forêt paisible. Leur disposition sur
les pentes de la montagne a pour but de créer différents effets visuels. Contrairement aux autres sanctuaires shinto, caractérisés par une architecture épurée se fondant dans le paysage, celui ci se montre être une exubérance de couleurs, de sculptures et de revêtements de feuilles d’or.
Construit en 1 636 de notre ère, le complexe s’organise autour du mausolée de Ieyasu Tokugawa, seigneur de guerre à l’origine
du shogunat qui fut l’arbitre du pouvoir pendant deux siècles et demi jusqu'à la nouvelle ère Meiji. C’est son petit fils qui mobilisa pendant 2 ans près de 15 000 artisans venus de tout le pays pour lui construire cet édifice actuel.
Le caractère singulier de ces lieux de mémoire nationale tient à une combinaison de valeurs anciennes : L’endroit témoigne
d’une longue tradition de vénération, d’un niveau artistique très élevé et d’une alliance remarquable entre l’architecture et le cadre naturel. Cependant, la foule de visiteurs dénature l’atmosphère saisissante qui y règne.
Non loin de ce facinant site, Taiyuin-byo, sépulture du petit fils d’Ieyasu Togukawa, rappelle en plus petit et plus intime le
Tosho-gu. Ici encore, le cadre avec une forêt de cryptomerias ajoute un cachet indéniable aux nombreux bâtiments, sculptures et monuments.
Éclipsé par la magnificence des deux mausolées précédents, c’est bien au temple de Futarasan-jinja que se trouve le coeur religieux de Nikko. Le plus vieux sanctuaire de la région conserve une pratique millénaire: le culte des montagnes. Ses dernières, considérées comme des esprits protecteurs effrayants et
pourvoyeur de vie par les rivières qui en jaillissent, étaient vénérées dans l’archipel dès le néolithique et restèrent longtemps les principales divinités, telles le mont Fuji ou le mont Nantai tout proche.
Rassasiés d’édifices religieux, nous nous redirigeons, à présent, vers Chuzen-ji. En effet, quelques kilomètres plus à l’ouest de ce dernier lac, Yumoto onsen, une autre petite station thermale,
plus discrète, mérite un détour.
Sur le chemin, nous effectuons un premiet arrêt à Ryuzu-no-taki. Signifiant “tête de dragon”, ces lieux tirent son nom de la jolie cascade aux allures du fameux animal légendaire. J’avoue qu’il faut beaucoup d’imagination. Une sympathique maison de thé
surplombe les lieux et propose différentes dégustations tout en contemplant la cascade.
Un peu plus loin, la route nous conduit à une autre belle chute d’eau de 75 mètres de haut, et 25 mètres de large appelée Yu-daki. Beaucoup plus impressionnante, la cascade se sépare en deux peu avant de se fracasser en contrebas, créant un effet à couper le souffle. Un petit sentier composé d’une succession interminable de marches permet d’atteindre le sommet de celle-ci ainsi que le lac Yu-no-ko. Entouré de collines, la surface paisible de l’étendue d’eau contrastant à l'agitation des précédents torrents, crée une atmosphère mystérieuse et
reposante. Bien qu’étant l’un des plus petits lacs que l’on ait pu visiter au Japon cette année, il s’agit certainement de celui que j’ai le plus apprécié.
Après une rude journée de visite, le prélassement dans les quatre bassins de sources d’eau chaude de notre hôtel s’avère être un vrai régal. On a le plus souvent opté pour le onsen mixte
où le maillot est obligatoire ( rare au Japon) afin de pouvoir profiter ensemble de ses bienfaits. Finalement, après toutes les douches et bains où la nudité est de rigueur, le port d’un quelconque vêtement dans l’eau devient presque gênant! Le virus du Japon nous contamine…
Malheureusement, nous quittons Nikko et traversons la
gigantesque mégalopole de Tokyo pour nous rendre à la petite ville de Narita où notre périple au pays du soleil levant prendra fin.
Je vous donne rendez-vous au mois de Janvier prochain où de toutes autres aventures nous attendent.... en Amérique Latine!