MatMonde
Le petit tour du monde de Mat
Lundi 15 août 2016 à 16:52
Les alpes japonaises sont malheureusement derrière nous. Par contre, les montagnes ne sont jamais bien loin.
En effet, notre dernière étape au Japon, Nikko, une ville de 90 000 habitants à 140 kilomètres au nord de Tokyo, se situe au pied d’un complexe volcanique dominé par le mont Nantai et le mont Nikko-Shirane culminant à 2 578 mètres.
La ville abritant des édifices historiques, ses forêts composées
des mystérieux cèdres du Japon, ses lacs au fabuleux reflets bleu sombre, ses impressionnantes chutes d’eau, avec en toile de fond les courbes abruptes de ses montagnes forment des tableaux de toute beauté. D’ailleurs, un dicton populaire japonais illustre la splendeur des paysages autour de la ville: “ne dites pas magnifique avant d’avoir vu Nikko”.
L’attraction numéro un de la région est incontestablement ses différents sanctuaires. La réputation de ces lieux combinée à la
proximité de la mégalopole de Tokyo nous pousse à attendre le lendemain matin de bonne heure avant de visiter ces fameux édifices religieux afin d’éviter une foule trop importante.
Nous décidons donc de commencer notre découverte de Nikko par les abords du lac Chuzen-ji situé à 11,5 kilomètres à l’ouest de la ville. Sur la route serpentant dans la montagne, un premier arrêt permet de contempler de loin notre future destination. En effet, un téléphérique nous transporte jusqu'à un belvédère
offrant une vue panoramique sur une magnifique chute d’eau avec notre lac en toile de fond entouré de collines et de forêts denses. Encore une fois, un épais brouillard minimise la beauté des lieux mais nous laisse néanmoins suffisamment de champ visuel pour imaginer la splendeur des paysages par temps dégagé.
La cascade que l’on voit de loin, porte le nom de Kegon. Avec ses près de 100 mètres de haut et 7 mètres de large, elle s’inscrit
parmi les plus hautes et impressionnantes chutes du Japon.
Afin d’en profiter au mieux, quelques kilomètres plus loin, une autre plate-forme offre un point d’observation plus rapproché. Un ascenseur creusé dans la montagne suivi d’un long tunnel nous permet de découvrir la cascade de plus bas. On peut mieux y jauger la puissance de ce torrent magnifié par les innombrables filets d’eau transpercant la roche de toute part.
L’endroit très populaire pour les jeunes amoureux l’est également pour, malheureusement, les désespérés. En effet, en 1903, un étudiant en philosophie grave un poème d’adieu sur l’un des arbres du site avant de se donner la mort en sautant du haut de la cascade. Il a alors lancé une mode, car depuis, on a recensé près de 200 suicides! Au vu de la hauteur, difficile d’y réchapper!
Nous arrivons maintenant sur les rives du lac Chuzen-ji. Situé au
pied du volcan sacré Nantai, aujourd'hui éteint il y a plusieurs milliers d’années, cette immense étendue d’eau d’une superficie de 11,9 kilomètres carrés a été formé par des coulée de lave. Sa profondeur atteignant 163 mètres lui donne des couleurs d’un bleu profond et intense, fortement atténué, cependant, par le manque de luminosité. Le brouillard au loin ajoute un côté mystique.
Sur ses berges, outre les nombreux onsen que l’on peut trouver,
le temple Chuzen-ji datant du 8 ème siècle abrite, quant à lui, une impressionnante statue (6 mètres de haut) de la célèbre Kannon aux mille bras. Taillée dans une seule pièce de bois, cette sculpture résulte du fruit du travail d’un moine suite à une vision de la déesse dans le lac. Malheureusement, aucune photo n’est autorisée.
Non loin de ce temple bouddhique, les villas des ambassadeurs de Grande Bretagne et d’Italie témoignent d’une époque (entre
1900 et 1930) où ces lieux de villégiature accueillaient de nombreuses résidences diplomatiques étrangères. Ces dernières ouvrent de belles terrasses sur le lac. L’endroit transpire le calme et la sérénité.
Après une bonne nuit de sommeil, nous poursuivons notre visite de Nikko par ses joyaux: les fameux temples et sanctuaires inscrits au patrimoine mondial de l’UNESCO.
Pour y accéder, on ne peut pas manquer l’élégant pont Shinkyo lui aussi classé par l’inévitable organisme. Longues de 28 mètres, ses poutres transversales noires ainsi que ses gardes corps rouges laqués, enjambent une puissante rivière avec pour arrière plan une magnifique forêt à flanc de montagne.
Quelques centaines de pas plus loin, les nombreux temples historiques, avec une mousse s’accrochant siècle après siècle aux murs de pierre, des rangées de lanternes en pierre
parfaitement alignées, des portails vermillons et des cèdres immenses, nous attendent.
Le plus célèbre est sans conteste le sanctuaire shintoïste Tosho-gu. La porte Yomeimon donne d’entrée le ton de la visite. Monumentale et richement décoré, elle est qualifiée trésor national. Rapidement, les édifices spectaculaires tous classés se succèdent au coeur d’une forêt paisible. Leur disposition sur
les pentes de la montagne a pour but de créer différents effets visuels. Contrairement aux autres sanctuaires shinto, caractérisés par une architecture épurée se fondant dans le paysage, celui ci se montre être une exubérance de couleurs, de sculptures et de revêtements de feuilles d’or.
Construit en 1 636 de notre ère, le complexe s’organise autour du mausolée de Ieyasu Tokugawa, seigneur de guerre à l’origine
du shogunat qui fut l’arbitre du pouvoir pendant deux siècles et demi jusqu'à la nouvelle ère Meiji. C’est son petit fils qui mobilisa pendant 2 ans près de 15 000 artisans venus de tout le pays pour lui construire cet édifice actuel.
Le caractère singulier de ces lieux de mémoire nationale tient à une combinaison de valeurs anciennes : L’endroit témoigne
d’une longue tradition de vénération, d’un niveau artistique très élevé et d’une alliance remarquable entre l’architecture et le cadre naturel. Cependant, la foule de visiteurs dénature l’atmosphère saisissante qui y règne.
Non loin de ce facinant site, Taiyuin-byo, sépulture du petit fils d’Ieyasu Togukawa, rappelle en plus petit et plus intime le
Tosho-gu. Ici encore, le cadre avec une forêt de cryptomerias ajoute un cachet indéniable aux nombreux bâtiments, sculptures et monuments.
Éclipsé par la magnificence des deux mausolées précédents, c’est bien au temple de Futarasan-jinja que se trouve le coeur religieux de Nikko. Le plus vieux sanctuaire de la région conserve une pratique millénaire: le culte des montagnes. Ses dernières, considérées comme des esprits protecteurs effrayants et
pourvoyeur de vie par les rivières qui en jaillissent, étaient vénérées dans l’archipel dès le néolithique et restèrent longtemps les principales divinités, telles le mont Fuji ou le mont Nantai tout proche.
Rassasiés d’édifices religieux, nous nous redirigeons, à présent, vers Chuzen-ji. En effet, quelques kilomètres plus à l’ouest de ce dernier lac, Yumoto onsen, une autre petite station thermale,
plus discrète, mérite un détour.
Sur le chemin, nous effectuons un premiet arrêt à Ryuzu-no-taki. Signifiant “tête de dragon”, ces lieux tirent son nom de la jolie cascade aux allures du fameux animal légendaire. J’avoue qu’il faut beaucoup d’imagination. Une sympathique maison de thé
surplombe les lieux et propose différentes dégustations tout en contemplant la cascade.
Un peu plus loin, la route nous conduit à une autre belle chute d’eau de 75 mètres de haut, et 25 mètres de large appelée Yu-daki. Beaucoup plus impressionnante, la cascade se sépare en deux peu avant de se fracasser en contrebas, créant un effet à couper le souffle. Un petit sentier composé d’une succession interminable de marches permet d’atteindre le sommet de celle-ci ainsi que le lac Yu-no-ko. Entouré de collines, la surface paisible de l’étendue d’eau contrastant à l'agitation des précédents torrents, crée une atmosphère mystérieuse et
reposante. Bien qu’étant l’un des plus petits lacs que l’on ait pu visiter au Japon cette année, il s’agit certainement de celui que j’ai le plus apprécié.
Après une rude journée de visite, le prélassement dans les quatre bassins de sources d’eau chaude de notre hôtel s’avère être un vrai régal. On a le plus souvent opté pour le onsen mixte
où le maillot est obligatoire ( rare au Japon) afin de pouvoir profiter ensemble de ses bienfaits. Finalement, après toutes les douches et bains où la nudité est de rigueur, le port d’un quelconque vêtement dans l’eau devient presque gênant! Le virus du Japon nous contamine…
Malheureusement, nous quittons Nikko et traversons la
gigantesque mégalopole de Tokyo pour nous rendre à la petite ville de Narita où notre périple au pays du soleil levant prendra fin.
Je vous donne rendez-vous au mois de Janvier prochain où de toutes autres aventures nous attendent.... en Amérique Latine!
Dimanche 14 août 2016 à 16:14
Nous reprenons la route pour nous diriger vers le nord, non loin de la ville de Nagano, célèbre pour y avoir accueilli les Jeux Olympiques d’hiver en 1998.
Cette destination est à l’origine de mon intérêt pour les alpes japonaises. Depuis, très longtemps, j’ai entendu parler de singes se baignant dans des sources d’eau chaude au Japon. J’ai toujours voulu y aller. Et c’est chose faite maintenant.
Cette localité se nomme Yudanaka. Elle a la particularité de posséder un onsen comme nul part ailleurs: ses usagers ne sont autre que des macaques japonais.
Ce parc, Jigokudani ou “la vallée de l’enfer” en français, tire son nom des vapeurs des eaux chaudes naturelles donnant une image d’une vallée où règne la chaleur.
Le bain central du parc, construit par l’homme, attire une foule de visiteurs venue observer les singes se baignant toute l’année. La meilleure période est incontestablement l’hiver, où les lieux recouvert de neige ajoutent paraît-il une dimension particulière. De plus, les singes se prélassent alors naturellement dans les bains pour se réchauffer. Malheureusement, nous sommes en été. Du coup, les employés du parc les attirent avec de la nourriture afin de les obliger à se tremper. Le côté artificiel m’a assez déçu. Il faudra que je revienne donc en hiver.
Par contre, l’observation des primates en liberté est très plaisante. Il faut juste obéir à trois règles pour éviter un drame :
ne pas leur donner à manger, ne pas les toucher, et ne pas soutenir leur regard. En réalité, ils se montrent très calme, et déambulent sans se soucier de leurs photographes venus en masse.
Ma vieille obsession assouvie (même si elle ne l’est réellement qu’à moitié), nous poursuivons et terminons notre périple dans les alpes japonaises à Karuizawa.
Nous décidons d’emprunter une petite route serpentant dans les montagnes. Suite à une multitude de lacets, les paysages tant espérés de haute voltige commencent à se dessiner. Les pauses photos se multiplient pour immortaliser la beauté des lieux.
Avant d’atteindre le centre de Karuizawa, nous nous arrêtons à Shiraito no taki. Ces chutes d’eau nichées dans un écrin de verdure offrent un cadre rafraîchissant et agréable surtout par
cette chaleur d’été. La cascade n’est pas exceptionnelle de par sa hauteur (3 mètres) mais de par sa largeur (70 mètres). Sa forme en arc de cercle donne une impression d’amphithéâtre et accentue le côté spectaculaire des lieux. L’eau qui jaillit de la terre sous nos yeux, provient du volcan Asama. Elle met six ans à sortir des nappes phréatiques !
Après cette halte de quelques dizaines de minutes, nous poursuivons notre route vers Karuizawa.
Cette jolie cité de 20 000 habitants est la principale destination d’été de la bourgeoisie Tokyoïte. En 1957, Akihito, l’actuel empereur du Japon et fils du célèbre Hirohito, y rencontra sa future femme, l’impératrice Michiko, sur un court de tennis. Ce
véritable conte de fées pour les japonais donna une réputation de havre romantique à la ville.
Elle entraîna ici poètes, artistes, écrivains, membres de la noblesse ou de richissimes propriétaires. On peut y pratiquer toutes les activités préférées de la jetset comme le golf,
l’équitation, le tennis.
De plus, cette ville prospère est à l’affût des dernières innovations en matière de mode. Toutes les plus grandes maisons de couture de Ginza y ont implanté leur succursale.
Le vieux Karuizawa, une rue bordée de boutiques de mode, de cafés et de galeries, mérite un détour. En sortant de l’axe
principal, on se retrouve sur des chemins recouverts de mousse entourés d’immenses arbres. Il est aisé de comprendre pourquoi la réputation de ville romantique perdure.
Dans ces boulevards historiques, on trouve également une originale chapelle en bois dédiée au missionnaire britannique Alexandre Shaw. Ce dernier fut le premier à manifester de l’intérêt pour cette région en 1886. La qualité de ses brouillards
lui rappela son pays natal.
Non loin de ce vieux quartier, un grand outlet charme tous les inconditionnels du shopping. De nombreuses grandes marques y figurent. Trois magasins dédiés à l’univers du chien m’a particulièrement amusé. On y trouve des jouets, des sacs, des poussettes, des habits et même des kimonos pour ces petits compagnons. D’ailleurs, à Karuizawa, le nombre de japonais
promenant leur toutou est surprenant. Et ils s’en occupent excessivement bien : toilettés avec une coupe souvent originale, habillés avec parfois des pantoufles, chariot pour les transporter...
Parmi les autres attraits de cette ville, figure la beauté de sa nature sauvage. Outre la profusion d’oiseaux multicolores plus beaux les uns que les autres ( on compte 60 à 80 espèces), le mont Asama, l’un des volcans les plus actifs du Japon, domine majestueusement sur les plaines environnantes.
En suivant les conseils de l’office du tourisme, nous nous sommes rendus à un hôtel réputé pour avoir une belle vue sur cette montagne sacrée. Mais, encore une fois, les nuages nous ont joué de vilains tours. Nous nous sommes consolés avec la beauté des différentes fleurs du magnifique jardin de l’hébergement.
Malheureusement, notre périple dans les alpes japonaises prend fin à Karuizawa. Mais, il nous reste encore quelques nuits au Japon, l’occasion de découvrir le village de Nikko. L’aventure continue...
Samedi 13 août 2016 à 14:27
Nous continuons notre découverte du centre de l'île d’Honshu et de la région des alpes japonaises à Matsumoto.
Cette ville, la deuxième plus grande de la province après Nagano avec ses plus de 240 000 habitants, est nichées dans une vallée fertile qui s’étend, à son point le plus large, sur 20 km. Entourée de part et d’autre de montagnes et de pic atteignant quelques fois plus de 3 000 mètres d’altitude, la vue sur les fameuses
alpes japonaises n’est jamais loin.
Bien que regorgeant de jolies petites rues composée de nombreux édifices historiques transformés en agréables cafés, galeries attrayantes ou boutiques d’artisanat, la renommée de Matsumoto provient surtout de son magnifique château en bois. Ce dernier est d’ailleurs le plus ancien du Japon. Il figure parmi les quatre châteaux classés trésors nationaux.
Ses origines remontent au 16 ème siècle. Comme la plupart des châteaux japonais, il n’a jamais été au coeur des combats. Son rôle était avant tout dissuasif. Il servait à exhiber la puissance du clan dans une période de tentatives de dominations du Japon.
En fait, le somptueux bâtiment s’avère être un donjon. L’abscence de cuisines ou de latrines (toilettes) indique bien qu’il n’a pas été conçu pour y être habité. Les résidences de la
noblesse ont malheureusement disparu dans les flammes.
Aussi surprenant que cela puisse être pour une tour défensive, l’usage du bois a été préféré à celui de la pierre pour la rapidité de construction nécessaire durant cette période. Afin de le protéger des dégâts liés au feu, la structure a été recouverte d’une épaisse couche de plâtre.
Le majestueux monument, trônant sur une large étendue d’eau, dégagent une élégance formelle, une impression d’authenticité. Son donjon de couleur noir lui a valu le surnom de “château corbeau”. Cinq étages sont visibles de l’extérieur. Mais en réalité, il en comporte secrètement un supplémentaire à l’intérieur par stratégie militaire.
Jour férié au Japon (fête de la montagne), une énorme file d’attente nous oblige à patienter près d’une heure avant de
pénétrer dans le chateau. Magnifestement, ce délai ne se justifie pas, car au sein du donjon à l’exeption d’une collection d’objets liés à l’histoire de la ville rien n’est bien excitant. Un escalier très raide permet d’accéder au sommet offrant une vue sympathique sur la ville. Dans tous les cas, le monument est de loin plus beau et intéressant de l’extérieur que de l’intérieur. A la sortie, un ninja et un samouraï posent pour le bonheur des petits et des grands enfants.
Après avoir flâné dans ces décors d’une autre époque, nous quittons la ville pour nous diriger vers Azumino. La route traverse des habitations noyées au milieu des rizières. Avec les impressionnantes montagnes en arrière plan, les paysages révèlent toute leur beauté.
La localité d’Azumino, formée par la fusion de plusieurs villages, abrite notamment la plus grande ferme de Wasabi du Japon. Étant amateur de sushi et de cet indissociable condiment
verdâtre au goût extrêmement fort ayant la capacité de déboucher le nez, une visite s’imposait.
Le Wasabi est une plante vivace qui appartient à la même famille botanique que la moutarde. Il pousse naturellement sur les berges des ruisseaux situées sur les versants frais des montagnes à l’ombre des arbres. C’est à partir de sa racine que l’on prépare le condiment portant le même nom.
La ferme familiale Daio Wasabi Nojo existe depuis 1915. La culture de la plante semble délicate et demander patience. Des
ombrières noires tendues au dessus des jeunes plants sont posées à partir du mois de mai jusqu’en octobre pour les protéger du soleil et des chaleurs de l’été. L’ensemble de la plantation se situe dans le lit d’une rivière bien canalisée dont la profondeur n'excède pas quelques centimètres. Le wasabi a besoin d’une eau pure et fraîche au risque de ne pas survivre. Il faut attendre 2 à 3 ans
avant de pouvoir consommer la racine !
On se promène dans la ferme comme on le ferait dans un parc. Plusieurs chemins serpentent au milieu des champs. De nombreux bancs sont installés pour y apprécier la beauté des lieux. La jolie rivière parsemée de quelques moulins à eau
apporte un charme supplémentaire à l’endroit.
Les papilles ne sont pas en reste. Des nombreuses propositions de dégustation parfois loufoques confectionnées à partir de la fameuse racine les sollicitent : les croquettes au wasabi, la bière au wasabi, les gâteaux au wasabi, la glace au wasabi, le vin au wasabi … Le nombre de produits dérivés est incalculable.
Mais surtout, le fait de pouvoir le tester tout simplement frais et
râpé m’a séduit car c’est soit-disant la meilleure façon de le consommer. Sa saveur très prononcée ressort immédiatement puis laisse place à un arrière goût de radis.
Cette jolie balade aura stimuler bien des sens.
Nous dormirons non loin, au pied d’une chaîne de montagnes,
dans une jolie pension familiale. Au repas, une succession de petits plats plus succulents les uns que les autres s’enchaînent harmonieusement. Mais ce sont surtout leurs deux petits onsens privés qui m’ont réellement charmé. De grandes fenêtres s’ouvrent sur un cadre enchanteur : une magnifique forêt traversée par une belle rivière.
Je serais bien resté une nuit supplémentaire dans cette auberge tant l’ambiance sereine y est plaisante. Cependant, notre programme rythmé se poursuit vers le nord.
Vendredi 12 août 2016 à 16:31
Une fois notre véhicule récupéré, notre exploration de la région se poursuit en direction de Shirahone onsen. Nichée en pleine nature, de part et d’autre d’une gorge profonde, le cadre spectaculaire composé d'une douzaine de ryokan traditionnels le long des pentes escarpées de la vallée fait de ce village l’une des stations thermale les plus belles et appréciées du Japon.
Ses magnifiques rotenburos attirent de nombreux visiteurs à la recherche de sérénité.
Le nom de la localité signifiant littéralement “source d’eau
chaude de l’os blanc” provient de la couleur blanc laiteux de ses eaux thermales opaques chargées en magnésium, en calcium et en sulfure d’hydrogène. S’y baigner trois jours préserverait des rhumes pendant trois ans!
Nous profitons qu’un rotenburo mixte soit inoccupé pour y faire une petite trempette en couple et par la même occasion immortaliser ce court et sympathique moment de relaxation. Cependant, nous n’avons pas opté pour le plus populaire et de loin le plus beau bain de la région car ce dernier est également mixte et certainement envahi. En tout cas, les photos sur les prospectus donnent vraiment envie.
Nous nous rendons ensuite sur le plateau Norikura-Kogen. Ici encore, un nombre incalculable de rotenburos et onsens proposent un délassement dans des bains avec vue sur de beaux paysages. Mais ce ne sont pas ceux-ci qui nous ont conduit ici.
Notre principal objectif est de parcourir la Norikura skyline road. Il s’agit de la plus haute route du Japon. Elle permet de rapidement atteindre environ 2 700 mètres d'altitude. De là, un sentier mène au sommet Kengamine culminant à 3 026 mètres au dessus du niveau de la mer. Inévitablement, les paysages de haute montagne tant espérés nous attendent.
Mais, avant cela, sur le chemin, une jolie et courte balade (15 min) conduit à la cascade zengoro-no-taki. La chute d’eau de plusieurs dizaines de mètres ainsi que les petites vasques la
précédant invitent fortement a la baignade et rendent les lieux rafraîchissants.
Quelques kilomètres plus loin, une autre cascade sanbon no taki mérite le détour. Il faut une vingtaine de minutes pour y accéder. Bien qu’elle ne figure pas dans mes guides, elle est classée parmi les 100 plus belles chutes du Japon. Et effectivement, le cadre est idyllique. Trois cours d’eau se jettent des falaises
quasiment au même endroit.
Au moment de reprendre la route, deux agents de sécurité nous bloquent le passage vers la montagne. Seul bus, taxi ou vélo sont autorisés à passer. Et le dernier transport en commun est passé il y a tout juste 10 minutes. Encore une fois, les paysages de haute montagne se dérobent devant nos yeux au dernier
moment. Une grosse déception !
Du coup, nous retournons sur Takayama où un hébergement nous attend.
Comme je l’ai expliqué précédemment, son surnom de “petite Kyoto” (l’ancienne capitale impériale du Japon) indique clairement que la ville ne manque pas de centres d’intérêt.
Le nombre de musée, d’édifices historiques et de temples est impressionnant pour une ville de cette taille. Cette capitale de la
province de Hida, entourée de montagnes, à été préservé des grands bouleversements urbanistes de ces dernières années.
Pendant la période Nara ( entre 710 et 794 de notre ère ), la province étant incapable de payer ses impôts, chaque village était contraint d’envoyer 10 artisans charpentiers en échange de la dette. Peu à peu grâce à l’habileté des ces hommes, la ville
acquit la réputation de l’art de travailler le bois.
L’architecture de ses villas anciennes et de ses sanctuaires témoigne de ce passé glorieux.
Takayama est également connue pour ses nombreuses distilleries de saké que l’on peut visiter. Grâce à la qualité de son
eau, la production de son breuvage alcoolisé à base de riz est d’une qualité exceptionnelle.
On les trouve notamment dans le quartier Sanmachi-suji, le mieux préservé de la ville. Les trois rues principales sont de toute beauté. On y trouve de nombreuses boutiques d’artisan, d’antiquaire et de vêtements.
Malheureusement, nous arrivons sur les lieux tardivement et les échoppes ferment. La ville s’éteint petit à petit. Par contre, au coin d’une rue, une japonaise en kimono accompagnée de photographes redonne de l’animation aux lieux.
La jolie rivière traversant la ville et délimitant le quartier historique rajoute du cachet aux nombreuses auberges, maisons et temples de l’ère Meiji.
Le marché matinal figure parmi les endroits les plus agréables où débuter la journée. Flâner autour des étals chargés de légumes, de fruits de saison, d’oeuvres et d’artisanat locaux est un régal.
Malheureusement, nous devons quitter cette charmante localité pour poursuivre notre aventure.
Mercredi 10 août 2016 à 15:09
Après une bonne nuit de sommeil, nous voilà parés pour de belles balades dans les alpes japonaises.
Nous nous dirigeons vers l’est de Takayama en direction de Shin otaka onsen. Comme son nom l’indique, il s’agit d’une petite station thermale.
D’ailleurs, la région regorge de petits villages d’onsen. On compterait plus de 100 rotenburos ( des bains d’eau chaude
mais à l’air libre et aménagés de manière à profiter d'un décor naturel: rochers, petites cascades, écrin de verdure, vue sur la montagne, ... ).
A shin otaka onsen, on peut en observer un, avec une magnifique vue sur la rivière. Il est visible à partir du pont traversant le joli cours d’eau sans être obligé de pénétrer dans l’établissement thermal. Ce bain étant mixte, il faut être très motivé ou nudiste pour s’y baigner bien que l’on tolère le port de la serviette
à l’intérieur du bassin. J’étais quand même un peu gêné de prendre une photo car quelques baigneurs s’y trouvaient.
Notre objectif en venant à Shin otaka onsen est d’emprunter le plus long téléphérique du Japon et apparemment d’Asie. En deux étapes, il permet d’atteindre le mont Nishi hotakadake qui culmine à 2 908 mètres.
Un premier arrêt à la station shirakabahira permet de commencer à s’imprégner des paysages montagneux. On y trouve un centre pour les visiteurs ainsi qu'un rotenburo pour les pieds permettant de se relaxer entre les promenades ou de faire tout simplement passer le temps.
A partir de cette station, on emprunte une deuxième télécabine cette fois-ci sur deux niveaux pour nous emmener au terminus Nishi hotakadake où une terrasse d’observation est censé offrir un panorama exceptionnel sur les alpes japonaises. Cependant, le brouillard nous a joué un vilain tour : rien de visible à l’horizon.
On se trouve alors à environ 2 100 mètres. Je pensais trouver les clichés habituels de la haute montagne : végétation basse, vue dégagée, rochers et pics impressionnants. Mais rien de tout ça! La forêt domine les lieux.
De là, nous entamons une randonnée de plusieurs heures vers le village touristique de Kamikochi. La première partie du sentier est une montée raide et éprouvante vers un refuge. Les nombreuses marches irrégulières usent rapidement les muscles.
Par contre, l’air pur de la montagne, les odeurs de la forêt me redonne des forces et me procure un sentiment de joie.
L’arrivée au refuge m’a réellement surpris. Le bâtiment en bois est gigantesque. Il me semble qu’il possède trois niveau. Ce n’est pas la définition que j’avais d’un tel hébergement supposé être assez sommaire. Une sorte de snack propose des repas et vend même différents souvenirs. Ce fut l’occasion d’une petite pause café car on se trouve à plus de 2 300 mètres et l’air se fait
frais. Le refuge se situe juste à la sortie de la forêt. Les paysages de haute montagne semblent se dessiner à partir de ce point. Cependant, les nuages ne nous lâchent malheureusement pas.
Après notre cours arrêt bien mérité, nous entamons la descente vers Kamikochi. Le sentier très abrupte nous replonge au milieu des arbres. Mais, la présence de fougères, de petites fleurs rend une autre atmosphère à la forêt. Le brouillard apporte un univers
surréaliste, mystérieux. Les marches n’en finissent plus. Dans ce sens, elles usent les genoux et le bout des orteils. Le peu de personnes rencontrées ce tronçon, nous pousse (enfin surtout la grande stressée qui m’accompagne ) à utiliser une petite cloche achetée au refuge précédent pour signaler notre présence aux éventuels ours que l’on pourrait croiser.
Il faut à peu près 3 heures pour rejoindre Kamikochi. Cette
station est l’une des plus en vogue du Japon. Sa réputation pour ses paysages parmi les plus spectaculaires des alpes japonaises attirent une foules de visiteurs. En effet, ses imposants pics, ses forêts très anciennes, ses rivières bouillantes prenant des dégradés de bleu turquoise, ses singes, ses petites fleurs constituent un tableau idyllique.
C'est à la fin du 19 ème siècle que des étrangers découvrirent cette région et la baptisèrent alpes japonaises. Un pasteur britannique, Walter Weston, en gravit les sommets un à un, et suscita l’intérêt des japonais pour l’alpinisme. Il a tant marqué l’esprit des locaux qu’une fête lui est dédié chaque année au mois de juin marquant ainsi officiellement le début de la saison de randonnée.
De nombreuses balades permettent de profiter des lieux. Elles
partent toutes du pont kappa-bashi, certainement le paysage le plus photographié des environs.
La vallée dans laquelle se situe le village est bordée par le mont hotaka ( 3 190 m ) et le volcan Yake ( 2 455 m ). Son altitude moyenne est comprise entre 1 400 et 1 600 mètres. En raison de
sa topographie relativement plate, on y trouve fréquemment marais et étangs.
Nous passerons la nuit dans une jolie auberge traditionnelle. L’établissement est très classe.Il possède un sympathique onsen dont les fenêtres s’ouvrent sur les montagnes. Le dîner à la japonaise s’est avéré également très agréable. Encore une fois, une multitude d’aliments raffinés au goût souvent surprenant ont émoustillé nos papilles.
Le lendemain matin vers 5 heures, je profite une dernière fois
des lieux par un footing d’une heure et demie. Ça m’a permis de me décrasser les poumons, d’apprécier la vue sur les montagnes et surtout de rencontrer une petite colonie de singes.
Il nous faut maintenant prendre le bus à Kamikochi pour retourner à Shin otaka onsen où notre voiture nous attend.