Autour de Shanghai, on retrouve plusieurs villes de canaux de la région du Yangzi, éparpillées au coeur de paysages envahis par les eaux. Nous avons décidé de terminer notre exploration de la Chine par l'un de ces petits villages. Nous avons opté pour celui le plus proche de Shanghai, certainement le plus touristique, mais sûrement le plus charmant: Zhujiajiao.
Une petite heure de bus nous a permis de nous retrouver à deux pas des canaux. Un pousse-pousse a pris le relais pour nous déposer au pied du pont Fangsheng. C'est le plus long, le plus grand et le plus haut pont de pierre près de Shanghai. Du haut de ce dernier, qui enjambe la plus large rivière traversant l'ancienne ville sur l'eau, s'étend une formidable vue panoramique.
A cet endroit, des femmes s'évertuaient à vouloir nous vendre des poissons rouges vivants dans des poches en plastique remplies d'eau. On se demandait vraiment la raison pour laquelle elles espéraient nous vendre à nous, touristes, ces petits poissons. Plus tard, j'ai cru comprendre qu'il y avait une sorte de superstition : il fallait acheter ces poissons et les relâcher dans la rivière pour espérer obtenir une bénédiction.
Du pont Fangsheng, nous avons entamé une balade à pied dans les petites ruelles commerçantes de la ville longeant l'un des canaux principaux. Une quantité de petites boutiques et de restaurants de poissons y pullulent. Certaines spécialités culinaires semblaient plus ou moins attirantes. Nous avons essayé un riz gluant enveloppé et cuit dans des feuilles de bananiers. Le goût ne m'a pas spécialement emballé. Par contre, des confiseries au gingembre et d'autres à base d'une sorte de noix me rappelant le nougat se sont avérées succulentes.
Une fois après avoir flané dans les dédales de petits commerces, nous avons emprunté une série de jolies petits ponts afin de nous retrouver au coeur du village. Ce dernier est composée de deux criques séparées d'une large rivière. Le long de chaque rive se dressent de vieilles maisons blanches aux toits typiquement chinois, aux fenêtres et aux portes de bois repeintes et décorées de pavots en fleur. Les ruelles exiguës parsemées des canaux sur lesquels circulent de petites embarcations en bois rendent les lieux particulièrement envoûtant. On se situe en plein coeur d'une Venise asiatique! La comparaison semble inéluctable.
Malgré le côté touristique, Zhujiajiao se montre un village plein de vie et d'authenticité. On peut observer de vieilles femmes au dos voûté discutant tranquillement des petites choses de la vie quotidienne tandis que d'autres s'adonnent au ménage en balayant les déchets dans les canaux. Un peu plus loin, un homme lave sa grosse casserole dans la même eau. A travers les persiennes de bois, un regard indiscret permet d'apercevoir les femmes s'affairer dans la cuisine pour préparer le repas familial dont le délicieux parfum aromatique envahit les rues.
Pour mieux profiter des lieux, une balade à bord d'une embarcation s'est montrée inévitable. La dextérité avec laquelle le marin utilisait sa longue rame à l'arrière du bateau était littéralement impressionnante. Glisser sur les eaux des canaux tout en continuant d'observer la vie quotidienne des habitants de zhujiajiao et d'admirer les paysages ainsi que l'architecture si atypique de la ville fut un véritable régal et une bouffée d'oxygène loin de la tumultueuse mégalopole de Shanghai.
Notre voyage en Chine s'achève sur une note agréable.
Ce voyage m'a permis de rectifier mes aprioris sur le peuple chinois. Je m'attendais à des gens plutôt sales, impolis, froids. Mais, ils se sont avérés d'une incroyable gentillesse, d'une curiosité qui favorise les contacts. Ils ont toujours été prêt à nous aider. On n'a pas eu le sentiment d'avoir été arnaqué. Ils n'ont pas l'air de profiter sur les touristes (excepté dans les marchés où cela fait parti du jeu de marchander). Certes, les hommes et les femmes crachent dans la rue et cela est répugnant pour un occidental. Mais, j'ai l'impression que des efforts sont faits dans ce domaine. Et puis, se moucher et ranger le mouchoir dans la poche de son jean est tout aussi dégoûtant à leurs yeux!
Je m'attendais également à être flické, observé par le parti communiste. Mais, rien de tout cela. On s'est senti libre de nos mouvements. On n'a jamais eu le sentiment d'être épié.
Ce qui m'a vraiment surpris au niveau touristique: c'est que les chinois s'autosuffisent, ils n'ont pas besoin des étrangers pour faire fonctionner ce secteur économique. Les premiers touristes sont chinois, et du coup, peu de choses sont développées pour les personnes ne maîtrisant pas le mandarin.
D'ailleurs, la communication par moment fut laborieuse surtout à l'extérieur des grosses villes que sont Pékin ou Shanghai. Même avec les gestes, se faire comprendre devenait souvent difficile. Le langage des signes pour compter est par exemple totalement différent du notre.
Mais ce genre d'expériences et ces difficultés participent grandement au dépaysement et finissent par faire partie des moments inoubliables du voyage.
Merci de nous avoir suivi et soutenu durant ce petit périple, et, je vous dis à bientôt dans le même état d'esprit quelque part sur notre fascinante planète.