Quelques jours se sont écoulés au moyen orient depuis le dernier article, mais j'ai vécu énormément de moment fort aussi bien positif que négatif, tellement que je ne pourrais tout décrire. Je vais résumer au maximum en essayant de ne rien oublier de marquant. Reprenons là ou je vous ai laissé la dernière fois.
Après avoir visité Pétra, j'apprends qu'il n'y a qu'un minibus pour le désert du Wadi Rum et le prix est "élevé" car il n'y a pas assez de touristes. Suite aux bons conseils de Nasser, le propriétaire de l'hôtel dans lequel j'ai passé la nuit, je partage les frais d'un taxi avec deux américaines qui se rendaient un peu plus loin dans une ville balnéaire au bord de la mer rouge, Aqaba. Il y avait quand même un petit hic: le taxi me déposait au bord de la route principale et je devais me débrouiller pour effectuer les 35 ou 40 km restant. Heureusement, je trouve immédiatement un minibus qui m'emmène jusqu'au centre touristique du désert situé à 8 Km du village bédouin. Le chauffeur était un jeune arabe super sympa. Il m'a même laissé conduire son van. De là, une fois les droits d'entrée payés, je fais du pouce tout en marchant avec mes bagages qui me pesaient de plus en plus. Un bédouin me récupère gentillement et me dépose à destination sans me demander d'argent. Je contacte directement un bédouin pour une excursion et une nuit dans le désert. Le prix était 4 à 5 fois moins cher que ce que proposait le centre touristique et même 10 fois moins cher qu'une agence à proximité de Pétra ( je pense quand même que les services proposés dans celle-ci étaient d'un cran au dessus).
Le désert rouge de Wadi Rum avec ses paysages grandioses et époustouflant, rendu célèbres par le film Lawrence d'Arabie est la deuxième destination touristique de la Jordanie.
Après la petite ballade en 4X4, on me dépose sur le camp au milieu du désert où j'allais passé la nuit. Je pars seul 3 heures me perdre dans le désert à pied. L'endroit était envoûtant: les dunes de sable rouge, les montagnes, les différentes formes originales des rochers... Les paysages étaient vraiment à couper le souffle. Je ne pensais pas que les déserts pouvaient être aussi beaux!! Et surtout, le calme absolu était particulièrement appréciable! La seule présence humaine que je pouvais apercevoir étaient les traces de mes propres pas dans le sable. Je sentais une paix intérieure que personne sur le moment ne pouvait gâcher. De plus, le coucher de soleil en plein désert avec ses différents tons d'oranger au fur et à mesure de sa descente était splendide. Autre grand moment magique de mon voyage.
Retour à la "civilisation", le soir, au campement ( que j'ai failli ne pas retrouver d'ailleurs, petit moment d'angoisse). J'ai sympathisé entre autre avec un jeune franco-suisse de 20 ans qui était volontaire ( c'est à dire, si j'ai bien compris, qu'il travaillait pour un bédouin en échange du logement et de la nourriture). Il se donnait un an pour parcourir la Jordanie, la Syrie, l'Iran, le Pakistan, et je ne sais plus quel pays pour arriver en Thailande et tout ça à PIED!!! et sans faire du pouce, uniquement marcher.... Il compte ensuite peut-être faire un crochet en Caledonie pour se renflouer les poches. Sa certaine maturité m'a étonné. On a eu des discussions vachement spirituelles au cours de la soirée.
Le jour suivant, un vendredi (détail important car pour les jordaniens, c'est comme un jour férié), je voulais me rendre à Kerak pour visiter un château des croisés, puis passer la nuit à Madaba, une ville proche des sites bibliques et de la mer morte ( le seul moyen de visiter ces derniers sites est soit de louer une voiture, soit prendre un taxi et ça reviens moins cher à partir de cette ville qu'à partir d'Amman par exemple). Pour aller à Kerak, je dois me rendre dans la plus grande ville à proximité, Aqaba pour y prendre un minibus. Problème: le vendredi pas de bus du Wadi Rum à Aqaba. Je prends donc un minibus au village en direction de Pétra. Il me laisse sur la grande autoroute. Je paye 2 euros et me rend compte qu'une personne locale ne paye qu'un demi euro. La haine!! Ensuite, j'arrête sur la route un bus en direction d'Aqaba.
Une fois arrivé, j'en profite pour voir le bord de la mer rouge. Les plages ne sont pas particulièrement exceptionnelles. Je me rends à la station de bus. On m'annonce que le vendredi, il n'y a pas de moyen de transport pour Kerak............ Le découragement.......................
J'opte donc pour la méthode la plus longue et la plus ennuyante: retourner sur Amman en bus et trouver un moyen de transport pour Madaba. J'y perds toute ma journée.
Mon logement ce soir là était folklorique: l'hôtel était en rénovation, on m'a proposé une chambre dans l'appartement du proprio. J'y rencontre d'ailleurs deux francophones dans les mêmes conditions.
Le lendemain (le 31 janvier), je prends donc un taxi qui m'emmène sur le mont Nebo, le lieu où est mort Moise. Je l'ai imité en contemplant la terre promise sans y mettre les pieds. D'ailleurs, je suis vachement déçu de ce vol reporté quand j'étais en Espagne. Les deux jours perdus m'avais poussé à laisser tomber Jérusalem, et toutes les personnes que j'ai rencontré qui venait d'Israel m'ont affirmé que la guerre ne se faisait pas sentir à Jérusalem et que les médias amplifiaient les faits. Un jordanien né à Jerusalem m'a même poussé à y aller quand je lui ai dit que les évènements en Gaza m'avaient freiné.
J'ai quand même fait un peu mieux que le grand patriarche en me rendant à la frontière avec Israel: le jourdain, le lieu où Jean le Baptiste a soit-disant baptisé Jésus. J'ai du mal a croire que Jesus s'est immergé dans cette eau stagnante et dégoûtante bien qu'il paraitrait qu'à l'époque, le fleuve était beaucoup moins asséché. Le fait de penser que je foulais la même terre que ces personnages qui ont marque l'histoire de l'humanité me procurait des sensations étranges.
Après ces émotions, mon chauffeur m'a conduit à la mer morte où j'ai pu réaliser une nouvelle expérience rigolote: me baigner dans cette eau ultra salée. Je vais tout de suite répondre à la question que vous vous posez tous: oui, on peut lire son journal en nageant dans la mer morte. Je regrette de ne pas avoir eu la présence d'esprit d'en avoir acheter un pour démontrer ce fait. La manière avec laquelle on flotte est réellement incroyable. Il est impossible de couler et presque même de nager. En positionnement mon corp verticalement sans avoir pied et sans bouger, mon torse sortait de l'eau.
En fin d'après midi, j'en profite pour visiter Madaba, connue pour ses spectaculaires mosaïques byzantines et omeyyades.
Le soir, je prenais un minibus pour Amman. Le petit jeune qui vendait les billets, me demandait 2 euros de plus que ce que les locaux ont payé (d'ailleurs, j'ai trouvé une technique pour payer le juste prix: ne pas demander le tarif, se mettre a l'arrière du bus, regarder combien les gens du pays donnent et fournir juste la monnaie qu'il faut; j'ai pu voir à plusieurs reprises la déception des vendeurs de tickets dans leurs yeux) . Donc, je savais qu'il voulait m'arnaquer, mais étant fatigué, ne voulant pas rentrer dans des débats pour quelques euros, je n'ai pas discute ( d'un côté, je me disais que j'avais une paye de loin supérieure à ces gens et qu'après tout il était normal que je paye plus). Mais, le jeune a eu la mauvaise idée d'extérioriser son entourloupe. Ça m'a vachement énervé. Je n'ai rien dis, mais j'ai complètement revu ma façon de penser. En se laissant faire, en donnant plus que ce que l'on devrait, on contribue à pourrir le système. Les jordaniens voient les touristes comme des vâches à lait. Je me suis donc résolu à ne plus me laisser arnaquer.
Aujourd'hui, donc, je devais prendre le bus pour la syrie. La veille, à mon hôtel sur Amman, je me suis renseigné sur le prix et les horaires des bus pour Damas ma prochaine destination en Syrie. Le réceptionniste a appelé la compagnie de bus, m'a donné les heures de départ ainsi qu'un prix approximatif ( entre 7euros50 et 8 euros). Ça m'a un peu surpris puisqu'il venait d'avoir l'info par téléphone, mais je n'y ai pas trop prêté attention. Il m'écrit sur un papier le lieu d'où je dois prendre le bus avec en prime une inscription en arabe et me précise qu'il faut que je le montre au guichet.
Ce matin, je prend un taxi et lui tend le papier avec mon inscription en arabe ( je pensais que c'était l'adresse de la compagnie). La course prend 5 minutes. Il n'avait pas de compteur. Connaissant un peu les tarifs, je lui tend l'équivalent d'un euro pensant être généreux. Et la, d'une voix forte, il me réclame 3 euros. Je m'énerve à mon tour en lui précisant que le trajet était court. Il s'excite encore plus. Je ne cède pas, lui laisse la monnaie, et sors mes bagages. Pendant ce temps, le chauffeur appelle un petit jeune qui travaille à la compagnie et lui parle en arabe. De mon côté, je me dirige vers le bureau pour acheter mon billet de bus. Le taxi-man ne partait pas, il attendait a l'extérieur, puis fini par rentrer. Il se dirige vers le jeune qu'y inscrivait sur son ordi les données de mon passeport. Il lui parle d'une manière intimidante, puis part. Je voyais venir l'anarque. Il voulait me faire payer plus cher le prix du ticket et venir rechercher son argent. Effectivement, le jeune de l'agence me donne le bon d'entrée dans le bus puis me demande de le régler. Je ne demande pas combien et lui tend un billet d'une valeur de 10 euros. Il met un peu de temps avant de me rendre 1 euros, puis un autre. Et me dit: "voila". Mais entre temps, je vois le prix affiche sur mon ticket: 7 euros. J'ai à peine eu le temps de lui signaler qu'il manquait de l'argent, qu'il me demandait de patienter, il lui n'avait plus soit disant de la petite monnaie. J'ai eu finalement le compte et j'ai réalisé que le gars de l'hôtel voulait m'arnaquer d'un euro en s'entendant avec le jeune de la compagnie par le biais du mot en arabe ( c'est pourquoi il a été évasif sur le prix). Le chauffeur de taxi ayant vu le mot, a voulu aussi sa part du gâteau. Là, je me suis vraiment rendu compte que les gens du pays en contact avec les touristes sont tous pourri par l'argent. Et c'est même pire que ça: plusieurs autres situations m'ont permis de voir leur solidairité, et que même si personnelement ils ne gagnent pas de l'argent, ils se réjouissent d'en faire perdre aux visiteurs.
J'ai quitté la jordanie avec vraiment une très mauvaise impression. Le pire, c'est qu'en arrivant en Syrie, un autre chauffeur de taxi a essayé de m'arnaquer. Il me demandait 500 SP (7 euros) pour une petite course. Je lui tendu 50 SP en précisant que le trajet était court. Il était en colère, a levé la main vers le ciel, mais a pris mon argent sans trop insister, ce qui me fait dire que j'ai même donné de trop.
Mon voyage en Syrie commence bien...... Moi qui espérait dans le bus que ce pays serait diffèrent............