L'arrivée de nuit à Lisbonne fut assez laborieuse. Difficile de trouver une place plane dans cette grande ville de 580 000 habitants pour stationner avec le camping-car et y passer la nuit! Après avoir tourner en rond quelques temps, on a du d'excentrer légèrement et se garer sur un parking au pied d'une grande université. Mais, grâce aux transports publics, se déplacer en ville est assez simple.

Immédiatement, nous avons emprunté le métro pour nous diriger vers l'Alfama, le vieux quartier historique de Lisbonne. Notre objectif: dîner dans un restaurant proposant un spectacle de fado.

Né dans les quartiers populaires de Lisbonne au XVIIIè siècle, le fado est une musique emblématique du Portugal. Il est interprété par un chanteur accompagné d'une guitare portugaise à 12 cordes en forme de poire. Il repose avant tout sur la saudade, un sentiment de nostalgie, une expression mélancolique d'un manque, que ce soit d'une personne, d'un lieu ou de toute chose qui pourrait nous échapper à jamais comme la jeunesse, un être cher disparu ou une maison d'enfance. L'émotion prime presque sur la technicité du chanteur, si bien que, même en ne comprenant pas les paroles en portuguais, j'étais touché par ce que j'entendais. Le côté visuel compte également. L'expression habité du visage du chanteur, sa posture ( debout, adossé contre un mur par moment) aident à faire passer ce sentiment si propre de Lisbonne. Ce fut un moment fort agréable où je me suis senti transporté dans la profondeur du pays.

Le lendemain, nous sommes partis à la découverte de la ville et surtout de l'Alfama. La première chose que nous ayons faite: emprunter le tramway numéro 28 qui traverse les vieux quartiers. Véritable emblème de Lisbonne, ce véhicule d'époque propose un itinéraire offrant des vues splendides et des montées le long de ruelles escarpées d'une incroyable étroitesse.

Nous sommes descendus au Miradouro de Santa Luzia, un belvédère offrant une vue imprenable sur la ville. Sur l'horizon, se détachent la blanche et imposante silhouette du Panthéon national ainsi que celle de l'église de Sao Vicente de Fora dominants le Tage.

De là, nous avons pris la direction du château de Sao Jorge. Les fortifications surplombent majestueusement Lisbonne, offrant également une splendide vue dégagée. Résidence royale du XIVème au XVIème siècle, de nombreux peuples ont occupé le château : les Wisigoths (Vème siècle), les maures (IXème siècle), puis les chrétiens (XIIème siècle).

Nous avons ensuite décidé de nous perdre dans les petites ruelles étroites de l'Alfama. Le linge pendu sur les cordes, les chats érrants sur les pavés, les hommes regroupés à discuter de façon animée, les enfants se servant des porches des églises comme cage de foot, les gens attablées au soleil à l'extérieur d'un café: l'ambiance du Portugal y est manifeste. Malgré la mondialisation et les tours ultra-modernes s'élevants au loin, rien ne semble avoir changé depuis longtemps dans l'Alfama. La douceur de vivre qui y reigne est indiscutable et fort agréable. On n'y ressent pas le stress des grosses villes.

L'immense cathédrale mérite également le détour. Ce monument parmi les plus emblématiques de Lisbonne, fut érigé en 1150 sur le site d'une mosquée, juste après la reconquête de la ville par les chrétiens.

En effet, en 714, les Maures s'emparèrent de Lisbonne. Avant eux, les phénitiens, puis les grecs, les carthaginois et enfin les romains ont dominé la région.

Richesse faramineuse, incendies, épidémies, révolutions, dictature... Lisbonne a connu une histoire mouvementée au fil des siècles. Une de ses dates importantes : le 1er novembre 1755, le jour de laToussaint, à 9h40. Pendant que les lisboètes assistaient à la messe, la terre se mit à trembler. L'incendie et le tsunami qui suivirent furent dévastateurs. 90 000 des 270 000 habitants perdirent la vie. Le pire tremblement de terre qu'est connu l'Europe.

En début de soirée, nous reprenons la route en direction de Sintra avec le sentiment d'avoir pu s'imprégner légèrement de l'âme de cette magnifique ville bien qu'une multitude de sites gagne encore à être visiter.

Notre première journée au Portugal commence dès l'aurore à Marvao à une dizaine de kilomètres de la frontière espagnole. Ce petit village de 150 habitants situé sur un piton rocheux, offre un panorama exceptionnel. Nous avons pu assisté à un magnifique lever de soleil.

Marvao entouré de remparts, abrite en son sein, de magnifiques maisons collées les unes aux autres, coiffées de tuiles aux tons orangers, dont les murs sont d'un blanc immaculé et les portes lilliputiennes. Mais surtout, on y trouve un splendide château bien conservé surplombant toute la région.

 Ce dernier date du XIIIème siècle. Du haut de ses murailles, le point de vue est époustouflant. A l'entrée de celui-ci, un minuscule escalier s'enfonce vers une pièce sombre et résonante: une énorme citerne voûtée encore pleine d'eau. Le fait que l'entrée du château soit gratuite m'a vraiment étonné vu la beauté des lieux.

 Nous nous sommes ensuite dirigé vers un autre village médiéval non loin: Castelo de vide. Cette bourgade de 4 500 habitants possède un vieux quartier juif datant du XIIème siècle. Une ancienne synagogue reconvertie en musée se visite aujourd'hui. Les dédales de petites ruelles avec le linge séchant à l'extérieur participe à l'enchantement. De nombreuses personnes âgées, essentiellement des hommes, se retrouvent sur les places publiques pour discuter ou, assises sur un banc, pour observer les passants. On y ressent une douceur de vivre. De nombreux chats circulent dans les rues ou se réchauffent au soleil.

Le château qui s'y trouve, n'est pas exceptionnel. Il est dans un état de délabrement. Seuls le village en son enceinte encore habité et la vue sur Castelo de vide depuis sa tour méritent une attention particulière.

 Avant de reprendre la route, on s'est arrêté dans une petite épicerie pour se ravitailler en fruits, légumes,ainsi qu'en saucisson et fromage locaux. Preuve de l'honnêteté des gens: la marchande nous a couru après : on avait oublié notre sac plein de provisions.

 Nous sommes descendu ensuite vers le sud-ouest à Evora, une ville également à l'allure médiévale. Celle-ci fût une place celte avant l'arrivée des romains en 59 avant J-C. Elle connu son age d'or à partir du XIVème siècle, devenant un lieu de résidence pour la dynastie des Aviz. Après le XVI ème siècle, petit à petit, la cité perdit de son importance et, en 1808, les troupes napoléoniennes lui donnèrent le coup de grâce en pillant et massacrant les résistants.

 Mais, c'est grâce à son déclin qu'Evora a pu conserver sa magnifique architecture. La veille ville inscrite au patrimoine mondial de l'UNESCO n'a pas subi les transformations que le développement économique aurait inévitablement opérées.

 Nous avons pu donc y admirer les remparts de la ville, un immense aqueduc, les vestiges d'un temple romain, un petit palais, une cathédrale gigantesque ainsi que les restes de thermes romains cachés à l'intérieur de la mairie.

 A une quinzaine de kilomètres d'Evora, perdus dans la campagne, se trouvent des monuments préhistoriques, des cromlechs. Ces cercles de pierres faisaient office certainement de lieux de culte. On dénombre près de 95 monolithes de granit de forme arrondie. Un peu plus loin, un menhir haut de 4 mètres se dresse vers le ciel. Mais, ce site m'a peu emballé. Malheureusement, nous y sommes arrivés à la tombée de la nuit, donc nous n'avons pas pu totalement profité des champs à perte de vue de chênes-lièges sur la route. Ces arbres prolifèrent dans la région. On les retrouve souvent ôtés de leur écorce. Le liège, ici, ne sert pas uniquement à bouchonner les bouteilles de Porto. En effet, on le retrouve dans les boutiques de souvenir sous forme de sacs, chaussures, stylos, étuis... C'est assez amusant!

 Nous avons ensuite filé à Lisbonne pour y passer la nuit...

Comme annoncé, nous avons pris la route en direction du Portugal avec le camping-car de mon beau-père. C'est une première pour moi de voyager de cette manière. A l'intérieur de l'engin, rien ne manque: une cuisine avec frigo,plaque de cuisson et évier; une salle de bain avec lavabo et toilettes chimiques; un salon avec banquettes et table; et bien entendu des couchettes ainsi qu'une multitude d'emplacement pour du rangement. Tout est en miniature, mais super fonctionnel. Le camping-car se conduit à la manière d'un camion: lentement dans les virages et avec de faibles accélérations pour éviter que toutes les affaires ne volent à l'intérieur. Le poids du véhicule se fait ressentir dans les montées. On excède rarement les 100 km/h et la vitesse moyenne d'un parcours est de 65km/h.

Pour nous rendre au Portugal en partant de Perpignan, il nous a fallu traverser toute l'Espagne. Nous avons franchi la frontière entre la France et l'Espagne par le village du Perthus puis nous sommes descendu en direction de Girona pour mettre le cap vers l'ouest. Les paysages assez verts composés de collines et de forêts y sont agréables. Après avoir passé Lleida puis Zaragoza, nous nous sommes arrêtés vers 22h sur le parking d'une station service au bord de l'autoroute à 200 km de Madrid pour y passer la nuit. Quelques chauffeurs de camions nous ont accompagné. D'ailleurs, j'étais surpris de voir autant de poids lourds circuler sur les routes espagnoles. Un autre fait étonnant: malgré la crise économique faisant rage dans le pays, des centaines de kilomètres de voies avec tunnels et ponts étaient en construction tout au long du trajet. Les mannequins imitant des hommes avec un bras tendu et en mouvement pour insister les automobilistes à ralentir près des travaux m'ont amusé.

Le lendemain, nous avons repris notre route toujours vers l'ouest en direction de Madrid. Les paysages deviennent très arides voire désertiques. A l'insu de notre plein gré, nous nous sommes retrouvés en plein coeur de la capitale. La crainte de se perdre au milieu de la circulation était plus que légitime. Mais avec un peu de chance, nous avons pu retrouver le chemin menant au Portugal. Plus loin, nous avons traversé la ville de Caceres qui semblait magnifique. La végétation a repris sa place. Dans les environs, un nombre incroyable de cigognes ont élu domicile.

Après 1250 kilomètres en deux jours, nous avons enfin atteint notre destination: Le portugal. Nous passons la nuit dans le sublime petit village de Marvao à proximité de la frontière. A suivre...
 

Le week-end suivant notre petite escapade à Nîmes, nous avons emprunté la route menant en Andorre.
 
Nous avons passé notre première nuit à Bolquere , un charmant petit village composé d'une multitude de chalets en rondin de bois. Situé à près de 2 000 mètres d'altitude ( je ne me rapelle plus les chiffres exacts), ce dernier offre une magnifique vue sur les sommets enneigés des Pyrénées mais surtout un point stratégique pour rejoindre les pistes de ski de Font-Romeu toutes proches. Malheureusement, cette année, la neige n'était pas au rendez-vous. Même si les canons la fabriquant s'activaient sur les pistes, nous avons opté pour une petite randonnée à pied sur les chemins de ski de fond. Les paysages de montagne sont toujours captivants. Quelques plaques de neige ou plutôt de verglas permettaient aux enfants de réaliser de belles glissades, et, quelques fois, ces dernières devenaient même involontaires.

Nous avons ensuite repris la route en direction d'Andorre. Sur le trajet, nous avons traversé Llivia, un petit village à la particularité étonnante: il se situe en France, mais, il se trouve être espagnol.

Le soir, nous arrivons finalement à Pas-de-la-case, en Andorre, où nous y passerons deux nuits. Les paysages montagneux et enneigés prennent ici une nouvelle dimension. On ne peut qu'être admiratif devant la beauté de la nature d'un blanc immaculé. Les pistes de ski en plein coeur du village attirent de nombreux étrangers (principalement des français et des espagnols) malgré leurs accès assez onéreux. Mais, les faibles taxes et la multitude de magasins offrant ainsi des prix pratiquement imbattables en font également une destination très prisée. D'ailleurs, nous en avons profité pour faire pas mal d'emplettes.

Nous avons également saisi l'opportunité de faire du shopping à Andorre la vieille, la capitale, où toutes les marques les plus connues y sont bien représentées. Sur la route pour nous y rendre, nous avons fait une escale à Val d'Incles. Cette magnifique vallée enclavée dans les montagnes donne accès à de splendides sentiers menant vers cascades ou lac. L'endroit est enchanteur. De nombreux rapaces guettent les visiteurs du jour de loin. Les vielles maisons en pierre apportent un incontestable cachet.

Nous nous sommes ensuite rendu, le lendemain, au lac d'Engolasters. La vue panoramique sur toute la capitale et la belle église se trouvant sur le chemin méritent peut-être un détour, mais, le minuscule lac gelé se trouve être assez décevant.

Andorre est un petit pays montagneux surprenant et complexe de par sa constitution. C'est une coprincipauté bien indépendante. Pourtant, ses deux chefs d'états ne sont pas Andorrans: l'un est espagnol ( l'évêque d'Urgell) et l'autre français ( le président de la république française prénommé actuellement Nicolas). La langue officiel est le catalan. La monnaie utilisée est l'euro bien que ce pays ne fait pas parti de l'union européenne. Andorre compte 450 km2 de terres, autant dire que l'on en fait vite le tour. On y ressent une forte influence du mode de vie espagnol.

Après ces quelques jours passés dans cet état si particulier, puis dans la foulée, un séjour éclair à Nantes pour y retrouver un ami d'enfance qui me tient à coeur, nous nous préparons, ma femme, mon beau-père et moi, pour un périple en camping-car vers... Le Portugal!!!
 

Le premier week-end dans le sud de la France s’est déroulé à Nîmes. Cette ville mérite une attention particulière pour son charme mais surtout pour ses vestiges romains datant du premier siècle.

Notre visite commence par la maison carré. Ces immenses colonnes entourant le bâtiment lui donne un air grec mais surtout un cachet indéniable. A l’origine, ce monument était un temple dédiée par Auguste à la gloire de ses deux petits-fils : les consuls et chefs militaires Lucius Caesar et Caius Julius Caesar. Il se situait en plein cœur d’un forum romain aujourd’hui disparu.
Plus tard, au XI ème sècle, il se transforma en maison consulaire et abrite actuellement une petite salle de cinéma projetant un cours-métrage en 3D relatant les exploits des personnages historiques de Nîmes du premier siècle à aujourd’hui.

Le principal attrait de cette ville: ses grandioses arènes romaines! Bien qu’elles ne soient pas les plus grandes construites sous l’empire romain, elles sont à l’heure actuelle les mieux conservées. Etrangement, elles ne sont pas inscrites au patrimoine mondial de l’UNESCO et je ne comprend vraiment pas pourquoi. Ce monument pouvant accueillir 24 000 spectateurs fut édifié au premier siècle de notre ère. Leur but: divertir les nîmois, du plus riche au plus pauvre, avec notamment les fameux combats de gladiateurs. Contrairement à ce que l’on s’imagine généralement, les gladiateurs n’étaient pas à l’origine des esclaves contraints et forcés à se battre à mort, mais des hommes (et même quelques fois des femmes) volontaires poussés par la gloire, l’honneur et l’argent. Ils étaient très rarement mis à mort à la fin d’un combat, comme on nous le fait souvent penser à travers les films, car l’organisateur des jeux devait dédommager avec de fortes sommes d’argent les propriétaires des écoles de gladiateurs auquel appartenait le défunt. Par contre, pendant la pause du déjeuner, les premiers chrétiens étaient bel et bien massacrés et dévorés par les fauves lâchés dans les arènes. Ce spectacle sanguinaire n’était quand-même pas apprécié du public en général.

Les arènes de Nîmes ont perdu leur usage de divertissement en 404 suite à l'interdiction des combats de gladiateurs.Elles furent transformées en forteresse par les Wisigoths : ils leur suffisent de boucher les arcades, d'ajouter quelques tours et de creuser un fossé. Mais plus étonnamment encore, lors des Grandes Invasions de l'Antiquité tardive, les fameuses arènes furent utilisées comme village fortifié qui contenait deux églises, 220 maisons, ainsi qu'une petite fortification. On imagine la densité de gens entassées en son enceinte, et par conséquent, les conditions d'insalubrité générées par cette surpopulation.

Ce n'est qu'au XVIII ème siècle qu'un programme de restauration fût lancé. Aujourd'hui, les arènes sont utilisées pour de nombreux spectacles, en particulier des corridas, des représentations théâtrales, des shows de catch de la WWE, et des concerts du festival de Nîmes.

Notre visite se termine par la tour Magne. Ce monument gallo-romain d'une hauteur de plus de trente mètres domine les jardins de la Fontaine sur le mont Cavalier. On suppose qu'à l'origine, elle jouait un rôle défensif et servait de tour de guet. En empruntant son escalier intérieur composé d'un nombre incalculable de marche, on peut, au sommet, y admirer une vue magnifique et imprenable sur la ville. Les efforts en valent la chandelle.