De retour sur le caillou, notre sympathique périple au Vietnam, fort en émotions, prend malheureusement fin. Deux semaines nous ont offerts finalement qu'un petit aperçu de ce grand pays riche en couleurs. Cette mise en bouche m'a développé un appétit de découverte approfondie de la région du sud-est asiatique qui comprend également le Cambodge, le Laos, la Thaïlande, la Birmanie...
Mais pour l'heure, je m'oriente vers un tout autre projet de voyage, et notamment en direction du seul continent qui m'est encore inconnu: L'Afrique.
Je vous remercie de m'avoir suivi, ou plutôt cette fois-ci, de nous avoir suivis à travers ce blog, et je vous donne rendez-vous en fin d'année pour un périple dans le même esprit mais dans un décor , un univers et une destination bien différents.

PS: Bien entendu, un album photo sur nos aventures au Vietnam sera disponible dans les jours qui suivent...

Située dans l’une des régions les plus reculées du Vietnam, à la frontière du Laos, Dien Bien Phu est une ville relativement étendue, divisée par la rivière Ron. Elle se niche au milieu d’une vaste plaine encadrée de montagnes escarpées densément boisées.
 
Celle-ci est connue comme étant le site de la bataille décisive qui sonna le glas de l’aventure coloniale française en Indochine. L’histoire constitue le principal attrait de Dien Bien Phu où l’on peut visiter quelques vestiges de la guerre (bunker, chars, monuments aux morts,…) et musées dédiés à ces fameuses batailles.

Peu de touristes s’aventurent dans les environs exceptés ceux qui rejoignent le Laos par voie terrestre. Du coup, les gens se montrent généralement très accueillants et gentils vis-à-vis des étrangers. De nombreux vietnamiens nous saluent d’un joyeux «　Hello　» . D’autres se marrent à la vue de nos chapeaux coniques extrêmement efficaces comme protection face au soleil ravageur (notamment à Bac Ha où nous avons tous rougi) si bien que je me suis demandé à plusieurs reprises si ce couvre-chef n’était pas utilisé uniquement par les femmes. Une petite fille s’est révélée complètement excitée à notre rencontre près du monument du souvenir des officiers et soldats de l’armée française. Elle nous a littéralement foncés dessus voulant quelques câlins. Elle m’a attiré près d’un arbuste et m’a fait signe de lui cueillir une fleur. Elle s’est alors empressée de la déposer au pied du monument. Avant de repartir et après avoir bu quelques gorgées issues de ma bouteille de coca, elle nous a tous pris une dernière fois dans ses bras. Un instant assez loufoque et surprenant.

Le marché vaut également un coup d’œil. On y retrouve de nombreux membres des minorités ethniques Thaï flânant aux abords des stands. Le costume traditionnel des femmes se distingue aisément de celui des Hmong: longue jupe noir, courte veste serrée sur la poitrine se fermant par une série de boutons, un chignon coiffé au sommet de la tête si la femme est mariée ( d’ailleurs ce chignon devient comique lorsque la femme rajoute un casque de motocyclette). De nombreuses épices sont visibles sur les étals tout comme de drôles de bocaux contenant un liquide étrange dans lesquels peuvent baigner des insectes, des verres ou même des oiseaux entiers.

Finalement, Dien Bien Phu se révéla être une ville bien sympathique où prend fin notre périple au Vietnam.

De retour sur Lao Cai ( la ville où le train au départ d’Hanoi nous avait laissés), nous avons pris un minibus vers la fameuse Sapa en négociant sévèrement sur le prix du trajet (on a réussi par chance à tomber sur le tarif exact). Le véhicule ne partait pas tant qu’il n’était pas plein. Voir les rabatteurs sévir dans la ville pour remplir chacun leurs engins motorisés se révélait être un spectacle hallucinant. Vis-à-vis des étrangers, ils se montraient corrects dans leur façon de négocier. Mais, en ce qui concerne les locaux, le ton était complètement différent. Dès qu’un client vietnamien potentiel faisait apparition, les rabatteurs des différents minibus sortaient leurs crocs: quand l'un tirait la pauvre proie par le bras, l'autre  lui arrachait le sac pour le mettre dans son véhicule… De vrais requins. Je n’avais jamais rien vu de tel. De plus , à mi-parcours, un incident éclata: un vietnamien n’a pas donné la somme escomptée (nous sommes encaissés au cours du trajet dans les transports en commun). Du coup, le chauffeur s’est arrêté sur la bas coté. Le ton est monté. Après cinq bonnes minutes de négociations sans succès qui semblaient interminables, le jeune employé du van a attrapé le col du client cinquantenaire et s’évertuait à le faire sortir en tirant comme il pouvait, tandis que le passager résistait de toutes ses forces. On se demandait comment ils ont réussi à ne pas se mettre des coups. Dans bien d’autres pays, une bagarre aurait été déclenchée inéluctablement.
 
Après que notre cinquantenaire ait eu gain de cause, nous sommes enfin arrivés sur la petite ville montagnarde nommée Sapa. Juchée à 1650 mètres d’altitude, elle surplombe une vallée jalonnée de rizières en terrasses. De nombreux Hmong déambulent dans les ruelles afin de vendre aux étrangers divers objets artisanaux. Mais rapidement, le charme qui s’était emparé de nous s’est évaporé. Fondée par les Français en 1922, son style européen nous faisait oublier que nous nous trouvions au Vietnam. De plus, vivant de l’essor du tourisme, tout semblait devenir factice, artificiel. A la recherche d’authenticité, nous nous somme décidés à traverser le nord-ouest vietnamien, des terres souvent inexplorées par les voyageurs.

Ce fut le commencement de la galère! Des paysages à couper le souffle malgré le temps pluvieux laissèrent place à la ville fantôme de Muong Lay, notre première étape convoitée. Vantée par les guides comme une sympathique petite ville nichée dans une jolie vallée creusée par le fleuve noir au milieu de montagnes vertigineuses, cette bourgade en pleine démolition hors des sentiers battus se révéla être d’une déception extrême. En effet, un immense barrage en construction inondera la vallée prochainement. Du coup, la moitié de la ville a été détruite. Mais, il est amusant de constater qu’aucun matériel n’est gâché et tout est récupéré : des tuiles aux briques des maisons. Un véritable travail de fourmis! Cet immense chantier en plein air attriste complètement le décor naturel. Le même sort est réservé au seul hôtel du coin. Les charmants bungalows en bois sur pilotis décrits sur le lonely planet ont tous été démontés et stockés dans le but d’être reconstruits ailleurs. Il ne restait plus que quatre ou cinq chambres dans une vieille bâtisse délabrée. De plus, aucun guide n’était disponible pour nous faire visiter les villages des minorités ethniques des alentours. Même la balade sur le fleuve noir ne pouvait se faire faute au faible niveau de l’eau. Le seul point positif de cette escapade à Muong Lay fut les moments passés avec les hommes qui travaillaient dans l’auberge. Les quelques mots échangés et les quelques verres d’alcool de riz consommés ensemble enthousiasmèrent la soirée. Le lendemain matin, nous avons poursuivi notre chemin vers l’ouest. Par chance, nous avons réussi à arrêter un bus déjà bondé sur la route.

Le trajet entre Sapa et Dien Bien Phu via Muong Lay figure comme une véritable aventure riche en émotions fortes. Une traversée difficilement descriptible! Pour résumer, nous avons parcouru environ 250 kilomètres en 12 heures, soit une vitesse moyenne de 20 kilomètres par heure. La route particulièrement sinueuse dans un état plus que mauvais est venue à bout du bus emprunté qui a été forcé de s’arrêter à plusieurs reprises: nous devions attendre soit qu’une pelle-rétro dégage le chemin d’un éboulement de pierres, soit qu’un camion nous tracte dans le but de nous désembourber. Additionnez le tout d’un confort plus que spartiate, de normes de sécurité réellement douteuses, d’une chaleur étouffante, de passagers dépassant le nombre de places assises (une quarantaine de voyageurs pour un bus de vingt-quatre sièges), de personnes vomissant le long du trajet et d’une intoxication alimentaire pour ma part, ce voyage restera gravé dans les mémoires.

Le principal, dans l’histoire, est que nous sommes arrivés à Dien Bien Phu, la dernière étape de notre voyage, sains et saufs.

Le train de nuit nous a laissés à Lao Cai au petit matin. De nombreux rabatteurs se précipitaient sur chaque étranger. Ils proposaient tous des transports en minibus vers Sapa, la plus touristique petite ville de la région.

Etant arrivés dans le nord ouest un samedi, nous nous sommes décidés de nous rendre à Bac Ha, une bourgade réputée pour son marché coloré le dimanche matin. Après s'être fait arnaqués sur le prix du billet de transport ( on a payé plus du triple du tarif normal), le vétuste bus local nous a déposés à la destination désirée après deux heures de trajet.

Bac Ha est une petite ville accueillante de 7400 habitants. Peu touristique, son charme nous a poussés à prolonger d'une nuit notre séjour sur place. Des dizaines d’ethnies montagnardes vivent aux alentours: essentiellement des Hmong fleurs, mais également des Dzao, des Giay, des Han, des Xa Fang, des Nung, des Phula, des Thaï…

Une balade à pied s'est donc imposée jusqu'à Ban Pho, le village de Hmong fleurs le plus proche (environ 5km, trois heures de marche aller-retour). Les habitants et leurs villas traditionnelles, les terrasses de riz et les champs de maïs sublimaient les paysages montagneux. Les femmes s'activaient dans les rizières. Les villageois se sont montrés majoritairement timides. Très peu voulaient se faire prendre en photos. Seul quelques enfants qui s'amusaient le long du chemin nous saluaient joyeusement. Voir ses petits gabarits diriger d'une petite baguette en bambou d'énormes buffles constituait un spectacle impressionnant.

Le lendemain matin, le marché du dimanche figurait comme l‘attraction très attendue. Un véritable festival de couleurs et d’échanges. Des hordes de montagnards, essentiellement des Hmong, déambulaient en costumes traditionnels dans les dédales du marché. Arrivés sur place très tôt, bien avant les foules de touristes provenant des circuits organisés de Sapa, nous avons pu user tranquillement de nos capteurs d’images et faire quelques emplettes dans les différents stands exposés. Le marchandage est de rigueur. Comme exemple: après avoir écrit un prix pour un ensemble d’articles, une très jeune commerçante d’une douzaine d’années nous a immédiatement tendu son crayon et son papier pour que l’on puisse y faire une proposition à la baisse. De nombreuses Hmong tenaces nous accostaient et insistaient pour que nous leur achetions des sacs colorés censés être brodés à la main. Un moment génial! Je me croyais presque dans un film de science fiction, sur une autre planète, dans un autre univers.

En fin de matinée, nous avons loué des sortes de boosters avec vitesse, ainsi que les services d’un guide pour visiter l’arrière pays. Je voulais de l’authentique et je peux dire que nous avons été servi. Se trimbaler sur l’engin motorisé était jouissif. Les chemins empruntés se trouvaient être par moment en très mauvais état: de la boue, route caillouteuse, descentes vertigineuses… Mais la tenue de route des motocyclettes m’a impressionné, bien qu’un de mes compagnons s’est cassé la figure avec (sans gravité pour le chauffeur et surtout pour le booster). Les routes à travers les nombreux villages, les montagnes parsemées de rizières et de champs étaient tout simplement d’un sublime enchantement. Une magie s’est littéralement opérée. Le fait de conduire une deux roues a ravivé mes années lycée. Ce sentiment de retomber presque en enfance conjugué à la beauté des lieux m’a particulièrement enthousiasmé!

Cette excursion nous a permi de visiter quelques villages de minorités ethniques dont le peuple Phula. Après quelques minutes de marche à travers les différentes plantations, nous avons atteint les habitations de ces derniers qui se sont trouvées être quasiment désertes à notre grand étonnement. En effet, les villageois dans leur majorité se sont rendus au fameux marché de Bac Ha dans le but de vendre quelques produits, essentiellement des légumes, ou pour acheter généralement un peu de viande. Les Phula n’étaient pas au rendez-vous, mais ce n’était pas le cas des chiens du village. On en trouvait partout. Ces gardiens à quatre pattes se montraient féroces avec les poils du dos hérissés. Il fallait se frayer un chemin au milieu de la boue avec un bâton pour repousser les attaques de chiens. Une aventure forte en émotion.

Notre périple se poursuivra à la touristique Sapa

L’attraction touristique numéro un au Vietnam est la majestueuse baie d’Along.

Pour s’y rendre, nous avons tout organisé d’Hanoi. Après quatre heures de minibus, nous sommes arrivés à la ville d’Along, une cité laide et sans intérêt où des immeubles disparates se chevauchent.

De là, nous avons pris une jonque, possédant deux étages avec de petites chambres coquettes. Le navire nous a alors transportés au milieu de cette très réputée baie. Cette dernière fut classée au patrimoine mondial de l’UNESCO. Elles est composée de 1969 iles possédant toutes des falaises vertigineuses de calcaires. Je ne m’attendais pas à une telle immensité. Malheureusement, le ciel très nuageux empêche le soleil de rendre toute la somptuosité à cette magnifique baie et bride finalement la majesté des paysages (je fus plus impressionné par l‘archipel près d‘El Nido au Philippines; le soleil était au rendez-vous et les plages de sables très blanc permettaient au charme d‘opérer plus rapidement). La baie compte également plusieurs villages flottants de pécheurs, aux maisons délabrées parfois reliées par des allées en bois.

La jonque s’est arrêtée près d’un ensemble d’îles. De là, nous nous sommes baladés en canoë dans un environnement enchanteur. Abrité du vent par les nombreux ilots, le plan d’eau extrêmement lisse permet à nos petites embarcations de filer littéralement sur l’eau. Une fois la balade terminée, la récompense fut belle: une agréable baignade au milieu de la baie. On nous a même autorisé à sauter dans la mer du dernier étage de notre navire (ce qui représente environ 6m). Un inoubliable moment de franches rigolades.

Le lendemain, l’excellente nuit réparatrice sur notre belle jonque nous a permis de crapahuter en pleine forme sur un des ilots possédant une grotte composée de trois salles. La dernière est tout simplement gigantesque. Elle abrite de surprenantes roches aux formes diverses. Ces dernières nous invitent à user de notre imagination.

Un autre bateau nous a récupérés et transportés sur une ile isolée abritant comme unique construction un petit hôtel bien sympathique. Les bungalows implantés devant une plage de sable blanc s’avèrent propice au farniente. Le bruit des vagues s’échouant sur le sable se révéla être, pour ma part, un somnifère efficace. Les activités ne manquaient pas: sieste, canoë, babyfoot, billard, parties de cartes, baignades.

Le jour suivant, nous nous sommes rendus sur Cat ba, la plus grande ile d’Along (354 km2). Une ville avec plusieurs immeubles plus laids les uns que les autres y a pris racine. Au marché près du port, très authentique, on trouve toute sorte de fruits de mer, mais également des pyramides de fruits et de légumes.

Une grotte historique fait figure d’attraction étonnante. Protégée des bombes, elle a servi de centre hospitalier clandestin dix années durant la guerre du Vietnam. Elle pouvait contenir jusqu’à 150 personnes. En son antre plongée dans une obscurité profonde se trouve bien entendu plusieurs salles bétonnées dédiées au soin, mais également une piscine ainsi qu’une salle de cinéma. Vu l’atmosphère glauque des cavités, on peut comprendre aisément le besoin de distraction de ses occupants.

De là, nous avons exploré une partie de l’ile en VTT. Les paysages n’étaient pas exceptionnels. Mais certainement grâce à ce moyen de déplacement, on ressentait une sympathie des jeunes villageois le long de la route. On croisait quelques motocyclettes dont une, particulièrement loufoque, car elle transportait, en plus de son pilote, trois ou quatre biquettes ficelées qui beuglaient à chaque virage. Quelques cols et 14 kilomètres de pédalage sous un soleil plombant plus loin , nous avons pu rejoindre le continent avec un «　speed boat　» , puis Hanoï grâce à un minibus. Après avoir remercié notre excellent guide nommé Tinh et mangé dans une pâle copie de fast-food dont les portions sont proportionnelles à la taille des habitants, nous avons pris un train couchette pour le nord-ouest du pays peuplé de diverses minorités ethniques.