N'ayant que quelques jours à consacrer à l'île du Nord néo-zélandaise, nous avons choisi uniquement deux étapes qui semblaient incontournables.

Dès notre atterrissage à Auckland, nous avons immédiatement loué une voiture pour nous rendre à la première: Rotorua. Deux raisons me poussent à affirmer l'inévitabilité de cette destination: sa culture maorie largement mise en avant, mais surtout, son incroyable activité géothermique.

D'ailleurs, à ce propos, même un non-voyant saurait facilement déterminer si on se situe ou pas dans cette ville de 65 000 habitants. En effet, une odeur de souffre très prononcée se discerne à plusieurs kilomètres. Malgré une puanteur proche de l'oeuf pourri, on fini bizarrement à s'y habituer et presque à l'oublier.

Rotorua, située sur la côte sud du lac du même nom, est sans doute l'une des régions les plus touristiques de l'île du Nord. Cela lui vaut le surnom de Roto-Vegas. Cette région est l'expression de la friction entre la plaque tectonique du Pacifique et celle indo-australienne. Ce tumulte s'exprime en surface par divers phénomènes géothermiques : geysers, sources chaudes, bassins de boue, fumeroles et terrasses de silice. C'est cet environnement particulier qui attire principalement tant de visiteurs.

L'office du tourisme, souvent bondé de monde, mérite un coup d'œil pour la beauté du bâtiment dans lequel il se situe. Ce qui est surprenant pour une bourgade si touristique, c'est qu'après 17 heures, tout est fermé et aucune animation ne vient égayer la petite ville. Je trouve également étrange que son lac ne soit pas davantage mis en valeur. Une seule rue piétonne regorgeant de restaurants s'active et permet de sortir d'une ambiance assez morose le soir. Mais ce n'est pas pour la vie nocturne de la ville que nous sommes venu ici, mais bel et bien pour la culture maorie ainsi que pour l'activité volcanique de la région.

Te Puia figure parmi les sites incontournables regroupant ces deux aspects. A l'intérieur du parc, un mini village maorie y est reconstitué. On peut contempler l'architecture d'un Marae (la maison commune de la tribu), des sculptures traditionnelles confectionnées dans l'école rattachée au centre ainsi que des démonstrations de tressages. Mais bien évidemment, le chant et la danse ne sont pas en reste. Par contre, cela demande un effort financier supplémentaire. Le spectacle commence à l'extérieur de la maison commune par l'invitation à y pénétrer. Celle-ci est effectuée par un guerrier maori dont la gestuelle et les cris visent à terrifier, ou du moins, à éprouver un certain respect. Puis, dans l'enceinte du Marae, un haka puis des chants accompagnés de chorégraphies traditionnelles nous donnent un aperçu de la culture polynésienne. La façon d'écarquiller subitement les yeux et de tirer la langue dans tous les sens participe largement au dépaysement.

Un chemin permet de quitter le complexe maori et de pénétrer au cœur de la vallée géothermique de Whakarewarewa. Je peux vous assurer qu'ici, ça fume de partout! On passe devant des marres de boue bouillonnante, de trous d'eau en ébullition, de nombreuses fumeroles s'échappant de la terre avant d'arriver au site des geysers Prince of Wales Feathers et Pohutu principalement. Ces derniers sont situés sur un plateau à environ 6 m au-dessus d'une jolie piscine d'eau turquoise ainsi que d'une petite rivière. Prince of Wales Feathers, le voisin le plus proche de Pohutu, le précède toujours. En entrant en éruption, les jets d'eau d'abord faibles augmentent en violence jusqu'à atteindre 9 mètres. C'est alors que Pohutu rentre en scène. Les projections maintenant explosent à près de 30 mètres de haut dans un épais nuage de vapeur. Un spectacle vraiment impressionnant et naturel, contrairement aux fontaines du Bellagio à Végas!

Une autre zone thermale, située à 20 kilomètres de Rotorua en direction de Taupo, mérite le déplacement. Il s'agit de Wai-O-Tapu. Notre découverte du site a commencé à 10h15 par le geyser Lady Knox, se situant à l'écart des autres merveilles géothermales. C'est le seul moment de la journée où le Lady Knox se réveille de son sommeil. Pourquoi cette heure bien précise? Malgré la régularité naturelle de certains geysers, le Lady Knox, lui, doit ses éruptions journalières à un bout de savon introduit dans sa cheminée par le personnel du parc après une petite explication historique. En fait, c'était des prisonniers du début du 20ème siècle, travaillant dans la forêt et venus laver leur linge dans l'eau chaude, qui ont fait la découverte, après avoir vu leurs vêtements s'envoler au loin avec la puissance du geyser! Une fois, donc, le liquide introduit, le Lady Knox commence par mousser puis d'un seul coup des gerbes d'eau sont propulsées à près de 20 mètres. Mais, Pohutu reste quand même plus impressionnant d'autant plus qu'il n'a nullement besoin d'artifice pour entrer en éruption.

Par contre, le reste du site de Wai-O-Tapu complémente largement le premier parc géothermique Te Puia. La visite débute par un ensemble de petits cratères aux parois tapissées de soufre ou remplis de boues en ébullition, des champs de fumerolles émanant de sombres cavités. Vient ensuite le plus spectaculaire: la palette de l’artiste accolée à la Piscine Champagne. Un festival de couleur orne le seul sol sur une large surface. Du jaune pour le soufre, du vert pour l’arsenic, du orange pour l’antimoine mais aussi le bleu turquoise du bassin d'eau accolé. Un véritable arc-en-ciel! Parait-il que les tons changent de jours en jours. Il faudrait donc revenir pour constater cela!

D'autres curiosités naturelles valent également que l'on s'y intéresse.
 
Par exemple, des terrasses superposées en échelons appelées : "Primrose terrace". Ces dernières sont formées par les eaux chargées en silice provenant de la Piscine Champagne. Selon un procédé lié à l'évaporation, la silice se dépose de la même manière que se développent les stalactites et stalagmites. On estime leur datation à plus de 700 ans.

On trouve aussi de nombreux étangs aux couleurs et aux formes bien différentes à l'intérieur du parc. La poêle à frire, ou la piscine à huitres doivent leurs noms à leurs apparences. Le bain du diable, lui, étonne par sa couleur incroyable, irréelle, un vert jaune fluo dû à une forte concentration d'arsenic. On se croirait presque sur une autre planète, particulièrement hostile, dans l'enceinte de ce site.

L'après-midi, nous avons fait un petit tour au Paradise Valley Springs. Ce parc animalier de 6 hectares regroupe des truites, canards, cervidés, grosses anguilles, alpagas, moutons, opposums, chèvres, kéas et j'en passe. Mais, les stars incontestées des lieux sont bel et bien les lions. Bon, je sais, rien à voir avec la Nouvelle-Zélande, mais la possibilité de caresser des lionceaux sans surplus ne se refuse pas. Il faut affronter une énorme file indienne pour les approcher 30 secondes par l'arrière train sans avoir la possibilité de leur gratouiller la tête. C'est un peu l'usine à touriste mais c'est quand même super sympa (je l'avais déjà fait, il y a un peu plus d'une quinzaine d'années; on devait être à peine dix dans l'enclos et on pouvait les attraper presque comme on le voulait; une petite déception donc).

En fin d'après-midi, nous sommes partis à l'assaut d'une petite cascade sauvage d'eau chaude. J'avais vu une photo de l'endroit à l'office du tourisme mais personne ne m'a renseigné sur son emplacement. Après quelques recherches sur le net, je l'ai localisé tout près du Lady Knox Geyser. Elle se situe dans un petit écrin de verdure. Mais, l'eau particulièrement chaude et surtout très opaque ne nous a pas suffisamment inspiré pour y plonger plus que les pieds.

Rotorua et sa région regorge encore de sites, de parcs, de lacs, ... Cela sera pour une prochaine fois, car, pris par le temps, nous avons dû quitter la ville pour rejoindre notre dernière étape de ce voyage en Nouvelle-Zélande: la capitale Auckland.
 

La suite de nos péripéties au pays des kiwis se déroule à Wanaka.

Cette petite ville plutôt calme de 5 000 habitants est une excellente alternative à l'énergique Queenstown. Comme cette dernière, toutes sortes d'activités extrêmes sont possibles (le canyoning proposé avait l'air d'être particulièrement sympathique). Elle attire donc pas mal de touristes et semble être conçu pour les vacances. Son petit centre ville très charmant composé de quelques boutiques, restaurants et cafés se déploie sur les rives d'un lac portant le même nom. Ce dernier est très visité en été pour y nager, pêcher ou faire de la voile. Mais ce sont surtout les montagnes et rivières aux alentours permettant du tourisme d'aventure, et en hiver du ski qui déplacent les foules vers la région.

Justement, la proximité du mont Aspiring figure parmi les raisons principales de notre arrêt dans cette jolie bourgade. Cette montagne culminant à 3 033 mètres ravit les amateurs de grands espaces avec ses larges vallées, ses alpages, ses nombreux glaciers et ses sommets abrupts. Un grand nombre de sentiers permet d'apprécier à sa juste valeur la beauté naturelle de ce parc inscrit au patrimoine mondial de l'UNESCO.

Mais suite aux conseils reçus à l'office du tourisme, notre découverte de la région de Wanaka a débuté, non loin de la ville et de son lac, par une randonnée d'environ 3 heures aller-retour. Il s'agit du sentier du lac Diamond. En fait, on pourrait plus qualifier cette étendue d'eau, de petit étang. En tout cas, quelques minutes seulement de marche suffisent pour y accéder, avec, au final, un paysage peu emballant au vu de ce que l'on a déjà contemplé dans ce si beau pays. Par contre, ce n'est pas la fin de la randonnée, et la suite se mérite mais vaut les efforts fournis. En effet, le chemin prend de l'altitude, et offre, dans un premier temps une vue sur le "lac" Diamond. Ensuite, le lac Wanaka s'apprécie sur les hauteurs tout le long du sentier Est. Enfin, après avoir escaladé la Rockie montagne, un panorama exceptionnel se dresse devant nous : bien entendu, le lac Wanaka mais également les pics enneigés du mont Aspiring au loin. Je le répète: le final vaut réellement le coup.

On ne s'attendait pas à une balade si sportive. Du coup, le spa pool du camping fut très apprécié au retour le soir.

Mais, c'est surtout notre deuxième excursion que nous attendions: Rob Roy Glacier dans le parc national Mont Aspiring. Rien que la route pour s'y rendre mérite le déplacement. Elle traverse des fermes d'élevages de vaches et de moutons. Il a fallu, par moment, slalomer avec la voiture au milieu des bovins et klaxonner pour faire détaler les moutons qui s'appropriaient un peu trop le passage normalement réservé aux véhicules. J'avoue que le coup du klaxon, c'était plus un jeu qu'une nécessité!

Bien que la route soit non goudronnée sur près de 50 km, les paysages de montagnes, de rivière, de cascades enivrent par leurs beautés.

D'ailleurs, avant le chemin de randonnée, un petit sentier mène à une jolie chute d'eau. Dommage que l'eau soit si froide pour s'y baigner! Décidément, les moutons de la région ont la belle vie. Ils broutent une belle herbe verte dans un magnifique cadre.

Un peu plus loin, un grand parking permet d'accueillir les voitures des visiteurs en quête notamment du Rob Roy Glacier. Après avoir essayé, en vain, de caresser des vaches et des moutons sur le chemin ( les vaches se laissent approcher de 2 - 3 mètres et les moutons 400 mètres avant de fuir), nous nous dirigeons vers le pic enneigé.

Le parcours rentre rapidement dans une forêt tempérée et longe une jolie rivière formée par les glaciers. Au bout d'une heure de marche, un premier petit point de vue sur le glacier nous permet de deviner le magnifique tableau qui nous attend. Une cascade vertigineuse rajoute un côté paradisiaque aux lieux. Cette dernière est si haute que la chute d'eau se transforme en pluie fine en tombant.

Une trentaine de minutes plus tard, le second panorama s'offre à nous. C'est la fin du parcours balisé. Il se situe à une centaine de mètres de la sortie de la forêt. La végétation basse de haute montagne permet une vue imprenable sur les reliefs enneigées d'où jaillissent encore une fois une quantité de cascades. Avec un si beau soleil et la fonte des glaces, de mini avalanches dégringolent bruyamment des pics par moment. C'est sans conteste l'un des plus beau paysage de Nouvelle-Zélande qui m'a été donné de voir.

Ne voulant pas que le plaisir s'arrête si vite, nous décidons d'emprunter un petit sentier qui semble se rapprocher davantage du glacier. Il nous amène sur un flanc de montagne à plusieurs centaines de mètres de l'eau gelée. L'appel de la glace et d'une cascade qui tombe non loin m'entraîne à escalader les pierres et à tenter de me frayer un chemin. Je finis par me retrouver au pied du glacier. Mais au bout de quelques minutes, je me rend compte que je ne suis pas au pied mais sur le glacier! En effet, une fine couche de poussière en recouvre la partie basse. Le bruit du craquellement de la glace me rappelle la dangerosité des lieux et me pousse à faire demi-tour. Bien entendu, je n'ai pas pu repartir sans en prélever un petit bout. J'espérais ramener un souvenir de Rob Roy Glacier à Nouméa mais une fois arrivé à la voiture, le morceau de glace avait entièrement fondu!!!

En tout cas, ce fut une superbe journée!

Direction maintenant la côte Ouest!