A 25 kilomètres de Lisbonne, se trouve l'amour de petite ville qu'est Sintra. Végétation luxuriante, petites collines parsemées de fougères arborescentes, jardins exotiques, murailles dominantes, somptueux palais, on se croirait en plein conte de fées. Son centre historique ponctué de manoirs pastels et dont le palais national ne passe pas inaperçu dans le paysage, figure au patrimoine mondial de l'humanité. Le cadre est véritablement magnifique et je conseille fortement à toute personne songeant à découvrir Lisbonne d'effectuer un détour dans cette région. La concentration de palais, de châteaux ou de demeures luxueuses à visiter est totalement surprenante. C'est certainement la beauté des lieux qui a poussé les maures, la noblesse portugaise ou de richissimes personnages à laisser leur imagination débordante ériger ces spectaculaires bâtiments. Nous en avons explorer rapidement quatre d'entre eux.
Le premier, la Quinta da Regaleira, est un extravagant palais racheté par Carvalho Monteiro, un magnat du café brésilien en 1893. Il laisse l'imagination débordante de Luigi Manini, un architecte et décorateur italien, agrandir et revisiter sa propriété qui appartenait jadis à la baronne de Regaleira. 14 ans de travail ont été nécessaires pour contenter les folles envies de son propriétaire. On se croirait dans un décor de Walt Disney. Les riches ornements extérieurs du palais sont remarquables. Mais, le jardin mérite autant si ce n'est davantage l'attention. Avec sa végétation luxuriante et exotique, ses pavillons, ses fontaines, ses statues, ses grottes artificielles, ses plans d'eau et sa vue sur l'architecture pleine de folie des différents bâtiments, il nous fait pénétrer dans le monde des rêves. Il me rappelle le style du parc Guell à Barcelonne, conçu par un certain Gaudi.
Nous nous sommes ensuite dirigés vers le palais national. Avec ses emblématiques cheminées en forme de cône, cette majestueuse construction se démarque au coeur de la vieille ville. D'origine maure, le palais fût agrandi et embelli par les différents rois portugais qui se sont succédés. L'intérieur marie les styles mauresque et manuélin. Il reflète parfaitement la richesse de la monarchie portugaise.
Nous avons ensuite emprunté un bus pour gravir la colline sur laquelle repose un ancien château maure bâti au IXème siècle. Ses remparts vertigineux s'intègrent sur les crêtes montagneuses, entre d'énormes rochers. Ils permettent d'apprécier une magnifique vue dégagée sur Sintra, sur ses palais, et même sur l'océan atlantique. La ballade sur ces murailles chargées d'histoire est réellement agréable.
A quelques centaines de mètres du château maure, le palais de Pena datant du XIXème siècle, inscrit au patrimoine mondial de l'UNESCO, jaillit sur une colline au milieu de bois touffus. Là encore, avec ses dômes en forme de bulbes, ses portes de style mauresque, ses tours vertigineuses, le tout dans des tons citron, orange et rose, l'architecture semble venir tout droit d'un conte de fées. L'intérieur extravagant avec notamment le mobilier dessiné par Eiffel s'avère être également un véritable enchantement. Malheureusement, nous n'avons pas eu le temps de nous perdre dans l'immensité du parc tout autour.
A une centaine de kilomètre plus au nord, des monastères inscrits au patrimoine mondial de l'UNESCO attirent notre attention. Nous reprenons donc la route avec le camping-car dans cette direction. Sur le chemin nous décidons de faire une courte escale à Ericeira, un village au bord de l'atlantique, afin d'y contempler la beauté de l'océan.
Perchée sur des falaises de calcaire surplombant les vagues déchaînées des courants océaniques, cette ville ensoleillée avec ses maisons aux façades blanches et aux contours bleutés possède un charme indéniable. Ses restaurants de poisson proposant la prise du jour sont prisés des lisboètes. Mais, c'est avant tout pour ses plages et ses vagues qu'Ericeira est connu au Portugal et même dans le monde. En effet, ce site fait partie de la World Qualifying Series: qualification du championnat du monde de surf.
Nous nous sommes arrêtés sur une belle plage coincée entre des immenses falaises au nord pour y observer les surfeurs s'exécuter malgré le froid d'un hiver plutôt clément. Au moment de repartir, c'est la panne nette!!! Le moteur du camping-car ne redémarre plus! Un sacré moment d'angoisse surtout qu'on ne comprenait pas d'où venait la panne. Après une dizaine de minute qui semblait interminable, on s'est rendu compte qu'à la dernière station on avait mis de l'essence dans le moteur diesel du véhicule. Il nous a fallu le vidanger (je ne rentrerai pas dans les détails pour éviter de choquer les écologistes qui pourraient me lire). Par contre, il nous fallait du gazole, au moins 30 litres. On était un peu perdu sur cette plage sans savoir où trouver une station et sans bidon pour récupérer le liquide précieux. Et c'est là qu'entre en scène Nuno, notre sauveur, un lisboète résident à Ericeira. Accompagné de ses charmants enfants, il nous a gentiment proposé de nous amener à la station service la plus proche avec sa voiture. Sur place, seulement un bidon vide de 5 litres était disponible. Voyant notre désarroi, un autre portugais qui faisait son plein se propose d'aller chercher chez lui un plus gros récipient pour nous dépanner. La gentillesse des gens nous a bluffé! Et ce n'est pas fini!!! N'ayant qu'un petit tuyau pour évacuer la quarantaine de litre d'essence du moteur, l'opération prenait du temps et la nuit commençait à tomber. J'en ai d'ailleurs profité pour prendre de belles photos du coucher de soleil sur l'océan. A notre surprise, une voiture se gare à côté de nous. Nuno est de retour! Il s'inquiétait de notre sort et voulait nous apporter une lampe ne sachant pas qu'on en possédait déjà une. Il nous invita à prendre le thé chez lui après que tout soit rentré dans l'ordre. On fut accueilli comme des rois. Il nous a fait visité sa magnifique maison sur deux niveaux au pied des falaises avec une vue sur l'océan. Et ce n'est pas un thé que nous avons pris, mais un véritable festin avec quelques spécialités de la région servi par sa très sympathique femme Patricia. C'était trop bon et très agréable. Finalement notre malheur nous a permis de faire de superbes rencontres et de constater à quel point les portugais sont serviables et d'une incroyable gentillesse.
Remis de nos émotions, nous avons finalement repris la route à 22h avec le ventre plein et le sourire en direction d'Alcobaça (70 km au nord) où nous avons dormi.