Le train de nuit nous a laissés à Lao Cai au petit matin. De nombreux rabatteurs se précipitaient sur chaque étranger. Ils proposaient tous des transports en minibus vers Sapa, la plus touristique petite ville de la région.
Etant arrivés dans le nord ouest un samedi, nous nous sommes décidés de nous rendre à Bac Ha, une bourgade réputée pour son marché coloré le dimanche matin. Après s'être fait arnaqués sur le prix du billet de transport ( on a payé plus du triple du tarif normal), le vétuste bus local nous a déposés à la destination désirée après deux heures de trajet.
Bac Ha est une petite ville accueillante de 7400 habitants. Peu touristique, son charme nous a poussés à prolonger d'une nuit notre séjour sur place. Des dizaines d’ethnies montagnardes vivent aux alentours: essentiellement des Hmong fleurs, mais également des Dzao, des Giay, des Han, des Xa Fang, des Nung, des Phula, des Thaï…
Une balade à pied s'est donc imposée jusqu'à Ban Pho, le village de Hmong fleurs le plus proche (environ 5km, trois heures de marche aller-retour). Les habitants et leurs villas traditionnelles, les terrasses de riz et les champs de maïs sublimaient les paysages montagneux. Les femmes s'activaient dans les rizières. Les villageois se sont montrés majoritairement timides. Très peu voulaient se faire prendre en photos. Seul quelques enfants qui s'amusaient le long du chemin nous saluaient joyeusement. Voir ses petits gabarits diriger d'une petite baguette en bambou d'énormes buffles constituait un spectacle impressionnant.
Le lendemain matin, le marché du dimanche figurait comme l‘attraction très attendue. Un véritable festival de couleurs et d’échanges. Des hordes de montagnards, essentiellement des Hmong, déambulaient en costumes traditionnels dans les dédales du marché. Arrivés sur place très tôt, bien avant les foules de touristes provenant des circuits organisés de Sapa, nous avons pu user tranquillement de nos capteurs d’images et faire quelques emplettes dans les différents stands exposés. Le marchandage est de rigueur. Comme exemple: après avoir écrit un prix pour un ensemble d’articles, une très jeune commerçante d’une douzaine d’années nous a immédiatement tendu son crayon et son papier pour que l’on puisse y faire une proposition à la baisse. De nombreuses Hmong tenaces nous accostaient et insistaient pour que nous leur achetions des sacs colorés censés être brodés à la main. Un moment génial! Je me croyais presque dans un film de science fiction, sur une autre planète, dans un autre univers.
En fin de matinée, nous avons loué des sortes de boosters avec vitesse, ainsi que les services d’un guide pour visiter l’arrière pays. Je voulais de l’authentique et je peux dire que nous avons été servi. Se trimbaler sur l’engin motorisé était jouissif. Les chemins empruntés se trouvaient être par moment en très mauvais état: de la boue, route caillouteuse, descentes vertigineuses… Mais la tenue de route des motocyclettes m’a impressionné, bien qu’un de mes compagnons s’est cassé la figure avec (sans gravité pour le chauffeur et surtout pour le booster). Les routes à travers les nombreux villages, les montagnes parsemées de rizières et de champs étaient tout simplement d’un sublime enchantement. Une magie s’est littéralement opérée. Le fait de conduire une deux roues a ravivé mes années lycée. Ce sentiment de retomber presque en enfance conjugué à la beauté des lieux m’a particulièrement enthousiasmé!
Cette excursion nous a permi de visiter quelques villages de minorités ethniques dont le peuple Phula. Après quelques minutes de marche à travers les différentes plantations, nous avons atteint les habitations de ces derniers qui se sont trouvées être quasiment désertes à notre grand étonnement. En effet, les villageois dans leur majorité se sont rendus au fameux marché de Bac Ha dans le but de vendre quelques produits, essentiellement des légumes, ou pour acheter généralement un peu de viande. Les Phula n’étaient pas au rendez-vous, mais ce n’était pas le cas des chiens du village. On en trouvait partout. Ces gardiens à quatre pattes se montraient féroces avec les poils du dos hérissés. Il fallait se frayer un chemin au milieu de la boue avec un bâton pour repousser les attaques de chiens. Une aventure forte en émotion.
Notre périple se poursuivra à la touristique Sapa