Nos heures sont maintenant comptées à Tanna et plus généralement au Vanuatu.
De bonne heure, nous empruntons un véhicule pour nous ramener sur la côte Ouest de l'île, à Lenakel où le beau-frère d'une amie de mon épouse nous attend. Nous effectuons ainsi le trajet inverse de notre arrivée sur Port Résolution, mais cette fois çi de jour, et avec en prime un magnifique soleil.
Des paysages manqués à l'aller par faute de lumière nous ont alors littéralement marqués. La plaine des cendres en fait pleinement parti! Ce désert de poussière noir se montre saisissant. De cet endroit, le mont Yasur ressemble à une immense dune de sable. D'ailleurs, certains touristes drogués de la glisse s'amusent à gravir les pentes du volcan pour ensuite surfer sur les cendres avec une planche de snowboard. Mais généralement, d'après ce qu'on m'a révélé, deux ou trois aller-retour suffisent pour venir à bout des plus passionnés tant il est difficile de marcher dans la cendre ( bien entendu, et heureusement, aucun téléphérique ne gâche le paysage).
Un cours d'eau vient curieusement traverser cette plaine. Quelques pandanus arrivent à résister à la terre nocive de ces lieux atypiques. Malheureusement, ce désert de cendres offre aux véhicules une route suffisamment lisse pour rouler à vive allure. J'aurai de loin préféré la présence des nombreuses crevasses dans cette zone plutôt qu'ailleurs, afin que le plaisir de contempler ces fabuleux paysages dure un peu plus.
Plus loin, le haut d'un col se transforme en point de vue sur une bonne partie de l'île. On y aperçoit la mer, et, bien entendu, pour la dernière fois, notre volcan Yasur.
Après avoir retrouvé Sam, notre charmant hôte pour notre dernière nuit au Vanuatu, à Lenakel, et après avoir déposé nos gros sac à dos dans sa maison, nous repartons illico sur la route dans la benne d'un pick-up en direction du petit village de Yakel.
Ce dernier attire toute notre attention, car c'est l'une des dernières tribus complètement traditionnelle, où les hommes ne portent que l'étui pénien et les femmes uniquement de longues jupes d'herbes ne couvrant pas leur poitrine.
Les gens vivants dans le village coutumier où nous avions assisté aux danses après la cérémonie de circoncision, ne revêtissent leurs habits traditionnels que pour les touristes.
Par contre, à Yakel, c'est réellement leur mode de vie. Ils ne s'habillent que très rarement, lorsque, par exemple, ils décident de se rendre en 'ville', à Lenakel. Les enfants ne vont pas à l'école. Donc, personne ne parle anglais ou français. Je ne sais même pas si ils parlent la langue officiel du pays, le bichlamar.
Le village se situe à l'intérieur des terres, relativement loin de la mer à pied. Inutile de préciser, que les routes pour s'y rendre sont encore une fois défoncées. D'ailleurs par temps de pluie, la piste est impraticable.
L'arrivée dans le nakamal du village fût déconcertante et étrange. Personne pour nous acceuillir! On commençait à se demander ce que l'on faisait ici. D'ailleurs, je crois que les habitants des lieux se posaient la même question. J'ai eu le sentiment de déranger, de troubler leur quiétude. Le chef, au bout d'un certain temps, a fini par apparaître. Il se montrait distant. Il ne dialoguait pas directement avec nous mais avec notre ami Sam. Heureusement qu'il était là!
Des femmes se sont également rapprochées, et ont déballé sur des nattes, de nombreux objets artisanaux ( des colliers, des bracelets, des dents de cochon, des casse-têtes et même des étuis péniens,...). La douane étant particulièrement sévère à Nouméa, on ne pouvait rien acheter car tous les produits étaient d'origine naturelle (bois, graines, lianes, herbes, ...).
Malheureusement, une bonne partie de la population du village s'était rendu à un village voisin pour préparer une grande fête sur l'île, appelé le Toca. Donc, le chef, par l'intermédiaire toujours de Sam, nous demandait si on souhaitait assister à une danse malgré le manque cruel de chorégraphes. On avait du mal à comprendre si on dérangeait ou pas! Mais l'insistance de la requête a dissipé nos doutes. On a finalement accepté (1500 vatus soit un peu plus de 12 euros par personne étaient demandés quand même).
Le chef, en attendant de regrouper ses troupes présentes, nous a permis de pénétrer au coeur du village.
L'architecture ne diffère pas des autres hameaux visités sur l'autre côte de l'île. A l'exception de deux ou trois enfants intrigués par notre présence, les lieux sans âme paraissaient assez tristes et inanimés.
Une petite fillette d'environ un an, nous a fait sourire. Certainement peu habituée à côtoyer des visages pales, elle s'est mise à pleurer en nous voyant. Plus on s'approchait, plus le volume sonore de ses pleurs augmentait.
Un habitant nous a proposé de grimper, pour une petite somme (600 vatus pour deux, soit 5 euros), dans une cabane construite dans un immense arbre. L'échelle vertigineuse élaborée à l'aide uniquement de morceaux de bois et de lianes ne se montrait pas rassurante. Aucun clou n'a été utilisé pour l'ensemble de la construction. La vue au sommet est assez sympathique.
Après avoir brièvement exploré une petite partie de la tribu sans vie, les quelques villageois présents ont entamé la danse traditionnelle. Cette dernière se rapprochait dans tous les aspects de celles que nous avions assisté près de Port Résolution. Une seule petite différence: les femmes à Yakel assumaient l'exhibition de leurs seins (ce qui se comprend , puisqu'elles vivent vêtues ou plutôt dévêtues de cette manière toute l'année), tandis que dans le village coutumier où les habits traditionnels ne sont portés que pour les touristes de passage, elles dissimulaient leur poitrine sous leurs mains.
De retour à Lenakel, Sam nous a gentillement fait visiter les lieux. 'Cette ville' est en quelque sorte la capitale de l'île de Tanna. J'aurai du mal à la décrire. Elle me fait penser à un bled poussiéreux du far west. L'absence de routes goudronnées contribue à ce sentiment. La majorité des petits magasins de l'île s'y trouve. Les bars à kava pullulent ici. Ils sont pour les vanuatais ce que sont les bistrots pour les français.
Sam nous a emmené sur le littoral. Plusieurs petites plages délimitées par des roches calcaires se succèdent à partir du warf d'où les bateaux en provenance de Port-Vila accostent. Une chose m'a surpris: de nombreuses femmes viennent au bord de mer pour laver leur linge. D'après ce que j'ai compris, en fait, des sources d'eau douce jaillissent un peu partout le long des plages.
Le lendemain matin, de bonne heure, nous nous sommes rendus au marché de Lenakel. Il a lieu trois fois par semaine. Comme à Port-vila, ce lieu haut en couleur mérite un détour. En sachant qu'aucun engrais et aucun pesticide ne sont utilisés, la grosseur des fruits et légumes est impressionnante. Le diamètre notamment des tomates m'a bluffé. On en a profité pour acheter des bananes, une papaye et des mandarines pour se préparer un petit-déjeuner gargantuesque.
Avant de rentrer au pays, nous effectuons un arrêt sur la route en direction de l'aéroport. Sam nous guide une dernière fois dans la brousse pour nous montrer un nid de roussettes. Je précise qu'il ne s'agit pas, comme pour les oiseaux, d'une petite construction dans laquelle s'abritent les grandes chauve-souris. En fait, c'est un grand arbre dans lequel elles se pendent la tête en bas par centaines pendant la journée. Elles ne quittent leur nid que le soir pour rechercher de la nourriture.
Les roussettes, dans leur campement, forment une communauté fermée. Elles vivent généralement en colonies séparées, mâles d'un côté, femelles de l'autre. Ce sont des animaux grégaires. Elles restent fidèles à leur campement, parfois pour plusieurs générations. Mais si elles sont constamment dérangées, toute la troupe s'en va s'établir ailleurs.
Bien qu'étant présentes en Nouvelle-Calédonie (elles y sont malheureusement trop chassées), je n'en avais jamais vu autant! Ça piaillait dans tous les sens. Que c'est agréable d'observer les animaux dans leur habitat naturel surtout lorsqu'ils pullulent!
Cette excursion marque la fin de notre voyage au Vanuatu. Certainement, qu'on aura l'occasion d'y retourner pour explorer d'autres îles. Bien que le pays coûte cher pour les prestations, et, que le fait de payer pour tout et pour rien s'avère lassant, cet archipel, composées de gens charmants et d'îles aussi magnifiques qu'intrigantes, reste particulièrement digne d'intérêt.
Je vous donne rendez-vous en janvier pour un pays d'Asie...
P.S. : J'espérai partir en Afrique, mais encore une fois, ce continent m'échappe! M'étant pris tardivement, et, avec en prime le retrait d'une compagnie desservant Johannesburg, le prix des billets est devenu exorbitant.
MatMonde
Le petit tour du monde de Mat
Samedi 22 septembre 2012 à 3:17
Mercredi 19 septembre 2012 à 12:14
Nous avons décidé de passer notre dernière journée sur la côte Est de l'île de Tanna, à shark bay puis à turtle bay.
Comme son nom l'indique, shark bay s'avère être une baie où de nombreux requins viennent se reproduire. Il s'agit d'une véritable nurserie de squales.
Trois mignons petits enfants nous ont fait découvrir les lieux. Après avoir traversé une petite forêt, nous sommes arrivés au sommet d'imposantes falaises surplombant la mer. Les lieux sont enchanteurs. De là, on peut généralement observer les requins se mouvant au fond de l'eau claire. Malheureusement, la marée étant trop haute et les vagues très nombreuses, la visibilité ne permettait pas de contempler les fameux poissons.
N'ayant rien vu, les habitants de l'endroit nous ont vivement encouragé à repasser quelques heures plus tard ( en fait, on a su par la suite que l'on payait uniquement si on apercevait les requins). La grand-mère a donc chargé ses petits-enfants d'une mission : nous faire découvrir les plages des environs en attendant que la marée baisse.
Le chemin emprunté et menant à la mer, sillonnait au milieu d'innombrables pieds d'acérolas. Le gout sucré et acidulé de ces petits fruits rouges se rapproche légèrement de celui du jamelon. La cueillette a servi d'apéritif avant le repas du midi.
Une fois arrivé sur la plage, je fus étonné de l'épaisseur et de la couleur du sable: les grains noirs sont particulièrement gros. On aurait dit des morceaux de pierres volcaniques éclatées en miette.
Je fus surpris également du comportement des jeunes enfants: ils se montraient d'un calme déconcertant. Ils s'amusaient avec pas grand chose (sans crier dans tous les sens) et ne se chamaillaient pas! Même la toute petite Marie, âgée de trois ans, n'a pas fait de cinéma lorsqu'elle s'est coupée le pied. Elle a continué de marcher comme elle pouvait sans se plaindre.
D'ailleurs, le contraste avec les enfants européens fût flagrant la veille, lors de la cérémonie de circoncision. Les seuls petits garçons qui couraient partout et poursuivaient les pauvres chiens du village avec des bâtons, furent les fils de touristes. Pendant ce temps, les progénitures des locaux se montrèrent sages comme des images! De véritables exemples pour nos jeunes!
Après l'excursion à la plage avec nos trois mignons guides du jour, nous sommes retournés à shark bay cette fois ci en compagnie de la grand-mère pour certainement s'assurer que l'on puisse apercevoir les fameux requins. Malheureusement, encore une fois, la marée n'avait pas suffisamment baissé. Cependant, grâce à la vue experte de la mamie, on a pu observer trois ou quatre taches se déplaçant lentement au fond de l'eau. Ce fût loin d'être un moment exceptionnel! Pour être franc, si nous n'avions rien vu, cela aurait été presque pareil! La seule différence : notre porte monnaie ne se serait pas autant allégé (1000 vatus par personne soit un peu moins de 20 pour deux)!!! Par contre, plus tard, des touristes nous ont affirmé avoir vu clairement, à shark bay, des dizaines de squales. Ils avaient été enchantés! Il faut donc avoir de la chance.
Nous avons ensuite passé le reste de l'après-midi sur l'immense plage de turtle bay. Le sable plutôt foncé donne, encore une fois, un côté atypique et charmant à cette baie. A certains endroits, une chaleur étonnante se dégageait du sol au bord de l'eau. Cela pouvait nous brûler les pieds lorsqu'on les enfonçait trop dans le sable. L'activité volcanique se fait également sentir ici. Dans les premiers mètres, l'eau était suffisamment chaude pour que nous soyons poussés à la baignade.
Une petite barrière de corail brisant les vagues rend les lieux apaisants et propices à la natation ou au snorkeling.
De turtle bay, on peut apercevoir Cook's hat, une sorte de curieux monticule rocheux au milieu de la mer sur lequel pousse un ou deux arbustes.
Demain, nous retournons près de l'aéroport, sur la côte ouest de l'île pour nos deux derniers jours au Vanuatu...
Mardi 18 septembre 2012 à 11:34
Après les évènements riches en émotion de la nuit dernière au volcan, nous nous levons, difficilement, à l'aube, pour assister à une tradition bien ancrée dans la culture du pays: une cérémonie de circoncision.
Je vous rassure tout de suite: nous n'avons pas assisté à la découpe du prépuce! En fait, à Tanna, la coutume veut que l'enfant de 3 ou 4 ans se fasse effectivement circoncire. Souvent, les familles attendent d'économiser suffisamment d'argent pour préparer cette fête coûteuse. Les petits garçons sont alors mutilés, puis vivent avec leurs oncles, près d'un mois, nus et cachés dans la foret, à l'extérieur du village, en attendant la cicatrisation. Les femmes y compris les mères ne peuvent alors les voir. La cérémonie de circoncision marque la fin de cette période et donc le retour des enfants au sein de la communauté.
De bonne heure, un véhicule nous a avancé sur notre route menant au village où se déroulait la fête. Il nous a déposé près de l'entrée du volcan. On a emprunté, avec Jo notre guide du jour, un petit sentier, au milieu de la forêt, en direction opposée du Mont Yasur. La végétation luxuriante rendait cette promenade très agréable.
Les fougères semblent particulièrement apprécier la terre fertilisée par le Mont Yasur.
D'ailleurs, le volcan se faisait entendre. Des grondements surgissaient à intervalles réguliers. Il nous rappelait sa présence et sa proximité bien que la densité de la végétation nous empêchait de le contempler.
Le vent porte à des kilomètres le bruit des explosions de laves.
Cela m'a replongé dans l'ambiance de la nuit magique passée au sommet du cratère. A mi-parcours, un point de vue nous a permis d'admirer le volcan au loin, avec comme fond sonore, encore une fois, les fréquentes manifestions de Yasur.
Après une bonne heure de marche, nous sommes enfin arrivés à proximité du nakamal du fameux village. La préparation des lieux se finalisant, l'accès nous a, dans un premier temps, été barré. On nous a proposé de visiter le coeur du village en attendant.
Les hommes et les femmes s'activaient. On a alors assisté au déterrage du lap-lap.
Ce plat traditionnel tire son nom de la feuille dans laquelle les Vanuatais cuisent leurs racines (taro, manioc, fruit de l'arbre à pain, patate douce) et la viande ou le poisson. Les racines sont râpées, mélangées au lait de coco puis couvertes de feuilles de bele (une sorte d'épinard du Pacifique). On emballe le tout dans des feuilles de lap-lap (ou, si défaut, de bananier) puis on cuit l'ensemble dans un four traditionnel. Cette méthode de cuisson ne nous est pas inconnue, car on la retrouve également en Nouvelle Calédonie lors de la préparation du bougna (un plat traditionnel kanak). Pour les non-initiés, ces fours se composent principalement de pierres préalablement chauffées dans un grand feu. Les mets sont alors posés sur ces cailloux brûlants, puis également ensevelis de ces derniers pour les cuire uniformément. L'étape suivante consiste à recouvrir l'ensemble par des feuilles, ici de fougères. Enfin, on enterre le tout pour une cuisson à l'étouffée.
Aux côtés du lap-lap, dans ce grand four traditionnel, se trouvaient des carcasses de cochon. La vue du crâne de la bête a rendu d'un coup le plat moins appétissant....
Les préparatifs finalisés, tout le monde était invité au nakamal du village. Des centaines de personnes répondaient à l'appel.
6 fours étaient présents sur les lieux. L'un représentait une cérémonie de mariage. Les 5 autres, auprès desquels étaient hérissées de longues tiges de canne à sucre, symbolisaient les 5 enfants circoncis.
Le chant d'étranges instruments de musique résonnaient au loin. En fait, il s'agissait du bruit provoqué par des toutoutes ( de gros coquillages) dans lesquels soufflaient des jeunes garçons accompagnant les enfants nus et circoncis, cachés dans la foret. Le son prévient les femmes de l'emplacement des petits garçons, afin qu'elles ne tombent pas accidentellement sur la route de l'un d'eux (elles n'ont pas encore la permission de les voir).
Et là, ont débuté de longues heures d'attente qui n'en finissaient plus. Les hommes de la famille du père (si j'ai bien compris) déposaient une multitude de présents par dessus chacun des fours: des tubercules, des lap-laps, des plants de kava, des nattes, des tissus, et même des cochons... D'ailleurs l'un de ces derniers a particulièrement souffert. Il a fallu de nombreux coups de bâton pour le mettre à mort. Une vache a également été sacrifiée au cours de la cérémonie. Par contre, elle fut beaucoup moins résistante: un coup a suffit à l'achever. Ce fut un spectacle assez horrible pour nos coeurs d'européens sensibles et habitués à ramener de la boucherie, la viande déjà découpée .
Au fur et à mesure que le temps passait, les locaux se maquillaient. Les femmes ont revêtu des jupes traditionnelles composées de longues herbes teintes de toutes les couleurs. Elles se sont également couronnées de guirlandes et de plumes colorées. Le tableau s'égaillaient de plus en plus.
Puis, arriva l'heure tant attendu du retour des enfants chéris au sein de la tribu. Une longue chaîne composée des hommes du village transportant des pieds de kava défilait au centre du nakamal. En queue de peloton, apparaissaient les garçons circoncis et également maquillés pour l'occasion, entourés d'autres enfants.
Une danse traditionnelle se déclencha subitement. Enfin, un peu d'animation réjouissante!!!
Les hommes se rassemblent en cercle et sont entourés des femmes. Les seuls instruments accompagnant les chants sont des claquements dans les mains et un tapement synchronisé des pieds des hommes l'un après l'autre. Les femmes se contentent de tournoyer autour de ces derniers ou de bondir sur place. La chorégraphie très basique et la musicalité primaire finissent par se montrer entraînantes! On aurait presque envie de s'inviter à la danse.
Cette dernière marque la fin de la cérémonie: Les enfants retrouvent leur mère et la famille récupère puis partage quelques uns des nombreux cadeaux.
Bien que le ratio attente - festivité fût largement en notre défaveur ( 5 minutes de danse pour 5 heures d'attente), cette expérience reste, au final, très positive et enrichissante. On a eu le privilège d'assister à de purs moments d'authenticité au coeur de la coutume vanuataise.
N'ayant pas été suffisamment rassasié de culture traditionnelle, nous nous sommes arrêtés sur le chemin du retour à un village kastom (coutumier). Dans ce dernier, le chef propose aux touristes de passage, des danses en habit traditionnel. Les hommes portent uniquement des nambas, c'est-à-dire des étuis péniens. Quant aux femmes, elles sont seins nus et revêtissent des jupes élaborées à partir d’herbes séchées.
Les chants, le rythme, les chorégraphies restent les mêmes que ceux observés à la cérémonie de circoncision. Seuls les costumes (ou plutôt l'absence de ces derniers) diffèrent. Un moment moins authentique mais plus folklorique et au moins aussi agréable et dépaysant.
Une fois la danse terminée, le chef jovial nous a gâté avec une belle démonstration: il nous a montré la technique pour allumer un feu à partir de deux morceaux de bois. Les aventuriers de Koh Lanta n'ont qu'à bien se tenir: il ne lui a pas fallu plus de deux minutes pour que la flamme jaillisse!
Ainsi s'achève notre journée riche en tradition...
Dimanche 16 septembre 2012 à 5:48
Vers trois heure de l'après-midi, un véhicule vient nous chercher pour l'aventure tant attendu à Tanna: L'ascension du volcan Yasur. Après avoir récupéré sur la plage un groupe d'américains venant d'un yatch, puis une jeune belge logeant dans un bungalow construit dans les hauteurs d'un immense banian, nous nous dirigeons vers la porte d'entrée du volcan.
Une petite cabane en paille barre la route à tous les passants avant l'ascension par le 4x4. Bien évidemment, il faut sortir son porte-monnaie: l'admission au volcan coûte 3350 vatus (près de 30 euros) par personne. On nous a expliqué que des membres de chacune des tribus de Tanna se relayaient au guichet. Les fonds sont soi-disant récoltés pour aider les populations de l'île en cas de catastrophes naturelles (éruptions volcaniques, cyclones, ...). Le but de cette collecte est donc louable.
Après dix minutes de montée avec le pick-up, sur une route encore une fois défoncée, nous arrivons à quelques mètres du sommet du Mont Yasur. La hauteur très modeste (350 m) de ce dernier, en fait le volcan en activité le plus accessible au monde ! Le cône du Yasur, installé dans la petite caldeira de Yenkahe, se situe dans une zone où la tectonique est particulièrement active. En effet, depuis un peu plus d’un siècle, les mouvements du sol ont soulevé le village de Port Resolution, de 20 mètres.
Yasur est également connu comme étant le phare du pacifique Sud à cause de ses éruptions continues depuis au moins 200 ans. D'ailleurs, c'est le rougeoiement du volcan qui amena probablement James Cook sur l'île en 1774.
Le parking pour les véhicules se situe dans un endroit lunaire. De la cendre ainsi que des roches volcaniques tapissent le sol. Des vapeurs d'eau se dégagent à certains endroits. Uniquement deux petites cabanes faisant office de toilette et une boite à lettre dénotent dans le paysage. Cette dernière est bien entendu l'unique boite postale au monde au sommet d'un volcan. Par contre, si vous voulez poster une carte, n'oubliez pas de l'apporter! Il n'y a pas de guichet pour en acheter.
Pendant, l'ascension à pied des 150 mètres permettant d'atteindre le sommet du cratère, une forte explosion nous rappelle le côté particulièrement actif du volcan. Des pierres sont projetées dans les airs. Je peux vous assurer que ce n'est pas rassurant! L'histoire d'une japonaise et de son guide tués par une pierre bouillante qui leur est retombé dessus n'aide pas à se sentir en sécurité. Par contre, les détonations, quelques fois si fortes qu'elles nous font sursauter, nous préviennent du danger. Il suffit de regarder dans le ciel qu'aucune roche volcanique ne tombe dans notre direction.
D'ailleurs, peu de locaux ont eu le privilège de contempler la bête de près. Les habitants de Tanna en ont généralement peur et n'osent pas s'en approcher, soit par superstition, soit tout simplement à cause de son activité débordante.
Le Yasur est de type strombolien et vulcanien. Ce genre de volcan est à la fois explosif et effusif, c'est à dire qu'il a la particularité suivante : il explose, et produit également des coulées de lave. Lors de l'explosion, de nombreux projectiles sont éjectés. Dans ces projections, on trouve des lapilli, des bombes, des scories, des gaz, des fumées et de la vapeur.
L'arrivée au sommet du cratère long de 700 mètres, large de 400, est spectaculaire. Les paysages lunaires, tout comme la vue à 360° participent à l'émerveillement. Chaque explosion laisse échapper du fond du cratère une importante fumée qui, au gré du vent, vient par moment nous faire suffoquer. D'ailleurs, pour ceux qui souhaite tenter l'aventure, n'oubliez pas d'emporter un gros pull! Les violents courants d'air provenant de l'océan glacent nos organismes fragiles.
Au fur et à mesure que le ciel s'assombrit, la couleur rougeâtre des projections de magma se renforcent. A la nuit tombée, le spectacle est littéralement saisissant! Chaque explosion se transforme en véritable feux d'artifice. J'ai essayé tous les modes de mon appareil photo pour espérer capter une image à la hauteur de l'événement. Malheureusement, aucune d'entre elles ne reflète ce que mes yeux ont pu contempler.
Le volcan peut générer différents types d'activité situés sur une échelle de niveaux d'alerte de 0 à 4. Le niveau 0 permet de descendre dans le cratère afin d'observer la lave en fusion. Le niveau 1, lui, rend cette approche un peu plus dangereuse. Par contre, elle est interdite au niveau suivant. Les deux derniers entraînent des explosions si importantes que le site est totalement fermé.
Durant notre visite, l'activité du mont Yasur se situait au deuxième niveau. Notre zone d'observation se limitait donc uniquement aux crêtes du volcan.
Sur la route du retour, les images gravés dans ma tête défilaient en continue. Ce sera difficile d'oublier un tel spectacle!
Vendredi 14 septembre 2012 à 12:44
Notre avion nous dirige maintenant au sud de l'archipel du Vanuatu, sur l'île de Tanna. Cette dernière a la particularité d'être plus proche de la Nouvelle-Calédonie qu'elle ne l'est de Port-Vila.
Tanna est l'une des plus grandes îles du pays et également l'une des plus peuplées. 33000 personnes environ se répartissent sur l'ensemble des terres, contrairement à la majorité des autres îles où uniquement le littoral est habité. Tanna mesure 40 km de long par 19 km de large, soit une superficie totale de 550 km2. La raison principale de la venue des touristes dans les environs est l'incroyable volcan encore actif nommé Yasur.
L'arrivée au minuscule aéroport international de l'île s'avère assez folklorique. Pendant que le pilote participe au débarquement des valises, un pick-up poursuit un groupe de chevaux sauvages tout en essayant de les chasser hors de la zone d'atterrissage. Le chariot contenant les bagages est poussé par plusieurs hommes jusqu'à une sorte de comptoir où il faut se frayer un chemin parmi les passagers pour espérer récupérer rapidement nos sacs.
Nous avons eu la chance de trouver le véhicule prévu pour nous emmener sur la côte opposée, à l'Est, où se situe notre hébergement réservé. Car, apparemment, l'oubli des touristes est monnaie courante à Tanna. D'ailleurs, un peu plus tard lors de notre séjour, nous avons rencontré un couple résidant à Nouméa, qui avait retenu et payé par une agence un bungalow dans le même établissement que le notre: personne n'était venu les chercher alors que c'était convenu, et, on leur annonce en plus, qu'aucune chambre n'était disponible! Donc, un conseil: passez directement par l'hôtel, évitez, si possible, de payer à l'avance, et, téléphonez la veille de votre départ pour leur rappeler votre arrivée imminente!
Bref, nous entamons enfin la traversée de l'île. La première chose surprenante: c'est l'absence de routes goudronnées! Et pire, elles sont littéralement défoncées! Les seuls transports motorisés que l'on peut rencontrer sur l'île se trouvent être des pick-up à quatre roues motrices. Certaines crevasses étaient si impressionnantes que je me demandais à maintes reprises comment le conducteur allait franchir ces obstacles! Mais les chauffeurs semblent rodés ici. Comme à Port-Vila, le transport de personnes dans la benne est autorisé. On a donc pris en cours de chemin, une multitude de locaux se dirigeant également vers Port Résolution où se situe notre bungalow. Ils profitent que le véhicule soit réquisitionné par des touristes pour s'entasser dans la benne et ainsi payer moins cher leur trajet. Car, ici, le prix du transport grimpe très très vite. Aucun moyen de locomotion à moindre coût n'est disponible. On ne peut pas non plus louer de voiture ou de deux roues. Il faut prévoir donc un important budget pour les déplacements car on se trouve rapidement pris en otage.
Le centre de l'île s'avère particulièrement sauvage. Le volcan participe tellement à la fertilisation des terres que la végétation se montre débordante et luxuriante. On se croirait presque sur l'île de King-Kong! Il y a la jungle, le volcan, des tribus indigènes autrefois cannibales... Il ne manque plus que le gorille géant! Malheureusement, la nuit,tombée furtivement, nous a rapidement empêché de contempler la beauté des paysages et d'observer le mont Yasur lorsque l'on est passé à proximité.
Un peu plus de deux heures ont été nécessaire pour parcourir moins de trente kilomètres! C'est dire l'état des routes!
Notre bungalow était assez mignon et bien arrangé malgré le côté spartiate des lieux. Dans cette partie de l'île : pas d'électricité et les coupures d'eau sont fréquentes. Heureusement, la pension, appelée Tanna Hotsprings, possède un groupe électrogène qui permet notamment la recharge des batteries des appareils photos deux à trois heures par jour. La douche à l'eau froide, le soir, s'est avérée difficile d'autant plus que la saison fraîche se faisait sentir. La encore, le prix de la nuit (6000 vatus soit 50 euros) est plutôt excessif pour les prestations du gîte.
Avec l'absence de réfrigérateur et de congélateur dans l'hôtel, les repas proposés se montrèrent particulièrement frugaux: du riz, des chouchoutes (ou cristophines) et des oeufs. Par contre, l'effort pour les présenter de différentes manières fût apprécié. On a eu la surprise d'avoir eu un petit morceau de poisson à la place des oeufs pour notre dernier repas au gîte. Même si les plats étaient composés de peu d'ingrédients, ils étaient plutôt bien cuisinés au final.
Tanna Hotsprings, notre hébergement, se situe au bord de la baie de Port Résolution. De nombreux voiliers provenant pour la plupart de Nouméa accostent dans celle-ci à l'abri de la mer déchaînée.
Au pied de l'hôtel , des sources d'eau chaude jaillissent sur une très belle et longue plage de sable noir. Ces dernières attirent de nombreux locaux et font de l'endroit un lieu de vie apprécié et assez animé. A marée basse, des trous dans la roche laissent échapper une eau à plus de 100 degrés. Les femmes s'en servent pour y faire cuire des tubercules, des bananes et des oeufs mais également pour y faire la vaisselle ou laver leurs linges. L'eau étant douce, on peut même en prélever pour préparer son café ou son thé. A quelques mètres, des enfants se prélassent dans un petit bassin naturel où la température de l'eau se montre très appréciable malgré l'air frais.
En longeant la charmante plage pour nous rendre au village, trois jeunes mignons petits enfants se sont approchés et se sont laissés prendre en photo amusés. Ces derniers ne semblaient pas être scolarisés car ils ne prononçaient aucun mot de français ni d'anglais. L'école au Vanuatu est payante. Si les parents n'ont pas les moyens, les enfants restent à la maison. Malgré la pauvreté des gens, ces derniers mangent tout de même à leur faim. Ils sont tous propriétaires de leurs terres, et peuvent donc la cultiver ou élever quelques animaux (poules, cochons, vaches,...). Ils vivent très simplement, mais ils s'en contentent et semblent heureux.
Le village de Port Résolution, tirant son nom du bateau de James Cook, le premier européen ayant posé ses pieds sur Tanna, est très typique. Un grand terrain vague, utilisé par les jeunes pour jouer au football, est entouré de petites habitations traditionnelles. Les murs des cases rectangulaires couvertes de paille, bien différentes de celles que l'on peut rencontrer en Calédonie, sont composés de bambous tressés (si je ne me trompe pas). Le lieu est vraiment charmant. Certaines cabanes sont même élaborées dans les arbres.
Un petit "restaurant" propose également des repas très simples mais plus économe qu'à notre gîte avec, en prime, une salade de papaye en guise de dessert. Le minuscule marché communal permet l'achat d'artisanat ( des sacs tressés, des haches, des arcs, des colliers, des mâchoires de cochons, ...) et de fruits ou légumes.
Un court chemin permet l'accès à une autre plage. Celui-ci traverse le nakamal du village.
Une petite parenthèse sur cet endroit coutumier:
Traditionnellement, c'est un lieu où les hommes se réunissent après le travail. Ils y boivent le kava (un jus provenant de la racine d'un poivrier) et discutent des affaires locales, politiques et autres. Pendant la dégustation du kava en fin de journée, les femmes et les enfants ne s'en approchent pas (par contre, les nombreux bars à kava permettent aux femmes de tester le jus au goût douteux). Ils se situent en général au pied d'un énorme banian. Il n'y a pas forcément de structure pour accueillir les hommes. Tout peut se dérouler en plein air. Le chef du village y exerce ses talents de médiation et y rend jugement. Ainsi le nakamal contribue fortement à ce que le Vanuatu soit plus paisible que ses voisins mélanésiens.
Pour en revenir à notre plage à l'Est du village, le bord de mer magnifie les lieux. Le sable fin et blanc, l'eau turquoise de la mer, renvoient de superbes couleurs sublimées par le soleil bien présent.
La balade le long de la plage nous a permis d'en accéder à d'autres plus petites mais tout aussi charmantes. Des roches noirs nous rappelle l'activité volcanique de l'île. On peut même apercevoir d'anciennes coulées de lave transformées en rochers surplombant la mer. Là encore, le bleu et la clarté de l'eau invitent fortement à la baignade.
Port Résolution, tout proche du volcan Yasur, est définitivement un bon pied à terre pour explorer l'île.