Pour rejoindre Xi'an, la prochaine étape de notre périple en chine, nous avons emprunté un train de nuit à partir de Chengdu. Le réseau ferroviaire chinois est l'un des plus étendu du monde.
En arrivant à la station, la foule de personnes s'engouffrant à l'intérieur de la gare nous a stupéfait. Rien à voir avec ce que j'ai pu voir en France ou dans bien d'autres pays. Bien évidemment, il existe plusieurs catégories. Nous avons opté pour ce qu'ils appellent les 'couchettes dures', l'équivalent de la classe économique. On nous avait prévenu que nous serions six par compartiment mais nous nous attendions pas à ce que ces derniers soient sans porte et si sommaire. On s'est retrouvé mêlé à la population locale sans aucune intimité. Heureusement, la literie (couverture, oreiller) était fournie et propre. Les couchettes du bas servent de siège durant la journée. Les toilettes à la turc, sans papier hygiénique et à la propreté du sol douteuse se sont révélées être un supplice.
Malgré tout, le temps est assez vite passé. Ses 20h30 de trajet furent une expérience inoubliable. Nous sommes arrivés à Xi'an en milieu de journée.
Cette ville de plus de 4 millions d'habitants est réputée dans tout le pays pour ses sites historiques. En effet, le Shaanxi, la région comprenant Xi'an, fut le berceau de la civilisation chinoise. C'est ici que l'empereur guerrier Qin entreprit d'unifier le pays pour la première fois. Xi'an devint le point de départ de la route de la soie et une capitale cosmopolite bien avant que quiconque ait entendu parler de Pékin.
La sortie de la station ferroviaire de Xi'an offre immédiatement un point de vue sur les remparts de la ville. C'est l'une des rares cités chinoises à conserver ses murs protecteurs hauts de 12 mètres. Ces derniers forment un rectangle de 14 kilomètres de périmètre.
Mais rapidement, une certaine déception se fait ressentir. A l'intérieur des remparts, la ville se montre trop moderne et bruyante pour une cité fortifiée. Je m'attendais à davantage de bâtiments historiques imposants, une architecture plus typique qui respire le lourd passé de cette ancienne capitale florissante.
Néanmoins, certains quartiers ont conservé leur authenticité.
Par exemple, le quartier musulman regorge de petites ruelles bordées de maisons et d'échoppes traditionnelles. La présence musulmane daterait au moins du septième siècle. Les hui (chinois musulmans) contrastent avec le reste des habitants de Chine. Les hommes portent une calotte blanche sur la tête tandis que les femmes sont coiffées de foulards colorés. Je trouve également que leur faciès diffèrent. J'ai l'impression qu'ils se rapprochent davantage du peuple mongol ou d'asie centrale. Dans tous les cas, se promener dans les dédales du vieux quartier s'avère être un véritable dépaysement. La vie y est particulièrement animée. De nombreuses étales proposent des dates, des figues, des noix, toutes sortes de fruits séchés et d'épices. Les brochettes au cumin, les galettes fourrées à la viande ou aux légumes ainsi que les nombreuses pâtisseries proche de celles que l'on retrouve dans les pays maghrébins nous transportent vers des horizons bien différents de ceux du continent asiatique traditionnel.
Un marché aux oiseaux a attiré notre attention. Toutes sortes d'animaux volants y sont vendues dans de toutes petites cages. Cependant, on retrouve également de petits mammifères ( des lapins nains, des cochons dindes , de minuscules souris blanches,...), quelques reptiles (petits serpents verts) ainsi que plusieurs variétés de poissons d'aquarium. D'autres stands de vêtements, de nourriture, de fruits et légumes ou de divers gadgets s'y ajoutent. Ici encore, l'atmosphère très vivante se montre plaisante.
Fondée au huitième siècle, la grande mosquée, l'une des plus importantes du pays, mérite un coup d'oeil. Le jardin, les pagodes, les arches, les bâtiments d'architecture chinoise surprennent pour ce genre de lieux de culte. Presque rien ne laisse présager que nous nous trouvons dans l'enceinte d'une mosquée.
A l'extérieur des remparts de la ville, l'immense place comprenant la grande pagode de l'Oie sauvage vaut le déplacement. Outre cet imposant monument datant de 652, une multitude de fontaines anime les lieux le soir. Ce spectacle de jets d'eau et de lumière sur un fond musical figure parmi les plus importants d'Asie. Bien que la scène soit plus étendue que celle des fontaines du Bellagio à Las Vegas, le show s'avère moins impressionnant et plus lassant au final. Les bâtiments flambant neuf encerclant la place gardent une architecture traditionnelle et lui ajoutent un certain cachet. Un grand centre commercial ultramoderne, le star city, défie les casinos de Las Vegas avec un plafond habillé d'un écran démesuré imitant un ciel bleu ou étoilé.
Mais, l'attraction touristique numéro 1 de Xi'an se situe à une heure de bus du centre ville. Il s'agit de l'armée des soldats de terre cuite, l'une des plus célèbres découvertes archéologiques du monde. Des légions de statues de soldats grandeur nature ont veillé sous terre pendant plus de deux millénaires sur le tombeau de Qin Shi Huang, le premier empereur qui unifia la Chine. Les archéologues pensent que l'homme puissant espérait continuer à régner dans le monde des morts grâce à ces innombrables gardiens en terre cuite. Ces derniers ont la particularité d'avoir tous des visages différents. La plus vaste des trois fosses protégée par un immense hangar contiendrait 6000 soldats et chevaux prêts pour le combat.
A présent, nous allons poursuivre notre voyage en Chine toujours en direction du nord et toujours avec le train. Mais cette fois ci, nous avons choisi la catégorie appelée 'couchage mou' censée être plus confortable...