9 heures de train ont été nécessaires pour rejoindre le village de Pingyao. Comme annoncé précédemment, nous avions opté cette fois-ci pour le 'couchage mou', la catégorie supérieure. Je m'attendais à des lits plus confortable mais ils sont aussi ferme que la catégorie 'couchage dur'. Par contre, les cabines n'acceptent que quatre personnes et sont dotées de porte. De nombreux petits détails comme la moquette sur le sol, le miroir, la possibilité d'allumer et d'éteindre la lumière, les cintres, la poubelle apportent un confort supplémentaire. Bien entendu, le prix est multiplié par deux. Par contre, il reste très raisonnable ( 28 euros pour les 9 heures). Donc, autant ne pas se priver (mais je conseille pour le fun de prendre le couchage dur au moins une fois).
En descendant du train, une surprise nous attendais: la neige! C'est toujours sympa pour des habitants du pacifique sud de contempler cette poudre blanche et d'y laisser ses empreintes de pas sur le sol.
Pingyao, une petite cité fortifiée de 450 000 habitants, possède la particularité d'avoir échappé au bétonnage de l'époque socialiste. Elle a su garder son patrimoine presque intact. On y vient pour s'imprégner du charme du passé, pour s'immerger dans une Chine plus traditionnelle.
Ses imposants remparts érigés en 1370 mesurent 10 mètres de haut. Ils sont jalonnés de 72 tours de guet sur une circonférence de 6 kilomètres. La ballade au sommet de ces murs imposants permet une vue sympathique sur les toits du village.
A l'intérieur des remparts, la Chine comme on se la représente ou comme on l'aperçoit dans les films de kun fu nous attendait. Les rues éclairées de lanternes rouges, les élégantes cours, les vieilles tours, les maisons couvertes de tuiles et les temples aux formes si caractéristiques au continent asiatique enchantent la promenade dans les dédales de la cité.
Les principales artères de la vieille ville sont bordées de pensions, de restaurants, de boutiques de souvenirs, d'édifices religieux et de musées. Les personnes qui s'intéressent à l'architecture, la culture et l'histoire chinoise peuvent facilement passer deux bonnes journées à arpenter les ruelles pavées. Près d'une vingtaine de bâtiments historiques se visitent grâce à l'achat d'un pass.
On y trouve par exemple le musée de la maison de la finance. Cette ancienne teinturerie devint la première banque de Chine en 1823. Elle comprend de nombreuses salles dont des bureaux, des appartements, une cuisine. Des chèques anciens y sont également exposés.
Le temple confucéen, le plus vieux bâtiments de Pingyao, mérite une attention particulière par son architecture imposante. Les futurs fonctionnaires y passaient les examens impériaux.
La tour de la ville, construite au dessus d'une des rues principales, offre un panorama sur les toits très agréable. Les marches de pierre usées qu'ils faut escalader se montrent effrayantes ou amusantes selon le point de vue, tant elles sont étroites et pentues.
L'ancienne enceinte du gouvernement nous a particulièrement plu. Le nombres de salles et de bâtiments n'en finissait plus. Elle contient à elle seule plusieurs temples et même une prison ainsi que des salles de torture. Ce sont surtout quelques jolies cours boisées qui ont égayé notre promenade.
Non loin du fameux mur des neufs dragons devant l'ancien théâtre, l'église catholique dénote au milieu des édifices typiquement chinois. On n'a pas osé pénétrer au coeur du lieu de culte car une messe s'y déroulait. C'est surprenant de voir des chinois pratiquer une religion chrétienne. Je pensais que le parti communiste avait définitivement supplanter les pratiques religieuses par le seul culte de l'état. Je les voyais tous adorer Mao Zedong comme un dieu. Mais il ne semble pas que ce soit totalement le cas.
Le froid hivernal se fait par moment particulièrement ressentir. Les ruelles assez désertiques facilitent la prise de photos mais rendent au bout d'un certain temps les lieux austères. Une fois sorti des deux ou trois principales artères, la vieille ville sans les quelques vélos qui y circulent semble sans vie et se montre au final assez déprimante.
Par contre, à l'extérieur des remparts, à la sortie Ouest, une rue bordée de deux centres commerciaux à la chinoise sur quatre niveaux anime les lieux. De nombreux stands de brochettes, de fruits et légumes ou de toutes sortes de produits attirent une foule assez importante.
On ressent ici que nous nous situons en pleine campagne. Les gens semblent peu habitué à voir des étrangers et nous dévisagent d'un air bien souvent amusé ou sérieux pour certains. Plusieurs enfants se sont approchés pour nous saluer d'un gentil 'hello'.
Le dernier jour nous avons loué les services d'un taxi pour visiter trois sites, dans les environs de Pingyao, appréciés des touristes .
Nous avons commencé notre tour par la résidence de la famille Wang. Elle date de la dynastie Qing, le dernier empire chinois. Contrairement à ce que son nom indique, il ne s'agit pas d'une simple petite maison, mais plutôt d'un immense ensemble immobilier fortifié. Il faut deux bonnes heures pour explorer les 123 cours de la résidence. La balade sur les remparts offre une magnifique vue sur cette sorte de château mais également sur le drôle de village en contre bas.
En effet, derrière cette magnifique demeure, un hameau d'habitations troglodytes encore occupées se fond dans les montagnes. Dans cette région, il y aurait près de trois millions de personnes qui vivent de cette façon. Moins cher qu'une maison moderne, ce type d'hébergement offre une meilleure isolation thermique et acoustique ainsi qu'une meilleure protection contre les tremblements de terre et les incendies. Par contre, rares sont celles qui disposent d'eau courante ou d'un système d'assainissement. C'est la raison pour laquelle, elles finissent petit à petit à être abandonnées.
La suite de notre circuit s'est poursuivie au château souterrain de Zhangbi. Ce dernier, construit il y a plus de 1400 ans, s'avère être un vaste réseau de tunnels défensifs s'étirant sur 1500 m. De temps en temps, au cours de la visite, on tombe sur de petites cavités latérales qui servaient d'entrepôts et de chambres. Heureusement que nous avons suivi des chinois accompagnés d'un guide car le nombre important de galeries aurait pu aisément nous amener à nous égarer. Au dessus des tunnels, le vieux village toujours habité respire l'authenticité et égaye la promenade surtout après avoir passé une bonne demi-heure sous terre.
Le dernier arrêt de notre tour, le temple Shuanglin ne nous a guère emballé. On ne peut pas dire qu'il n'a aucun intérêt car quelques statues se montrent toutefois impressionnantes, mais il n'apporte rien réellement de plus, à mon sens, que ceux déjà visités dans le centre de la cité fortifiée de Pingyao.
Nous partons maintenant en train de nuit en direction de la mégalopole de Beijing plus connue en France sous le nom de Pékin.