MatMonde
Le petit tour du monde de Mat
Mardi 9 août 2016 à 14:23
Nous arrivons à Takayama, une ville de plus de 90 000 habitants. Son nom signifie littéralement “haute montagne”, une appellation provenant de sa situation géographique dans les alpes japonaises. En effet, la ville est entourée de montagnes culminant aux alentours de 3000 mètres.
Bien que cette ville comptabilise un bon nombre de monuments qui lui a valu le surnom de “petite Kyoto”, elle sera, dans un premier temps, une simple étape de passage pour une randonnée de deux jours dans les monts environnants.
Nous avons réservé une nuit dans un petit ryokan sans grande prétention mais charmant. Une belle occasion pour décrire ces hébergements japonais contrastant avec nos hôtels occidentaux !
Les ryokan sont des auberges typique du Japon. Les bâtiments sont construits dans un style architectural traditionnel à partir de matériaux naturels comme le bois, le bambou, le papier de riz, la terre, la pierre.
A l’origine, ils étaient conçus pendant des siècles comme des centres de relaxation de la bourgeoisie japonaise. Aujourd'hui, ils ne sont plus uniquement réservés à une classe élitiste, mais ils couvrent une large gamme de prix. Du coup, le ryokan peut être à la fois le type d'hébergement le plus cher et le moins onéreux.
L’arrivée dans les lieux nous plonge immédiatement dans des coutumes étrangères aux nôtres. Dans le hall d’entrée, nous devons nous déchausser et revêtir des chaussons mis à notre disposition pour nos déplacements à l'intérieur avant même l’enregistrement à la réception. C’est considéré comme une impolitesse que de garder ses chaussures. Ce serait comme si nos invités marchaient sur notre canapé ou notre lit.
Les chambres peuvent également surprendre un étranger non prévenu. La pièce maîtresse habituelle et attendue est aux abonnés absentes : aucun lit à l’horizon! Une simple table basse au centre avec quelques coussins. Les japonais aiment les chambres simples et dépouillés. Les cloisons coulissantes constituées de papier de riz translucide monté sur une trame en bois(shoji) participent au dépaysement.
Le sol est recouvert de tatamis fabriqués à partir de paille de riz.
Avant le coucher, on y installe les futons rangés alors dans un placard. Au tout début, je me demandais si la dureté du matelas n’allait pas me gêner, mais, finalement, à chaque fois, j’ai dormi comme un loir.
Des yukatas (kimonos légers en coton) sont également mis à disposition dans la chambre. On peut les revêtir non seulement pour dormir avec, se déplacer à l’intérieur de la chambre, dans l’établissement et même lors de nos sorties dans la ville. Bien entendu les porter pour se rendre aux bains s’avère être très pratique.
Parlons d’ailleurs de la douche. Autre point particulièrement surprenant et dépaysant pour la plupart des occidentaux pudiques. Si certaines chambres sont pourvues de salle de bain privative, il est commun au Japon de prendre son bain en public dans des onsen. L’eau chaude provient alors d’une source thermale. Elle a la réputation de rendre la peau douce et selon sa composition de traiter des maux comme l’hypertension ou la mauvaise circulation sanguine.
Pour les japonais, cette pratique est considéré comme un art depuis des siècles.
En général, la séparation homme femme est de mise, bien qu’avant l’ère Meiji (époque à laquelle le Japon entreprit de se moderniser par peur des puissances occidentales et d’une quelconque invasion), les bains mixtes étaient la norme. Aujourd'hui, ces derniers se font plus rares.
En pénétrant dans le vestiaire d’un onsen, on doit premièrement se déshabiller entièrement devant tous les autres utilisateurs et ranger ses vêtements dans un casier. Seule une petite serviette sera conservée. Elle peut remplir plusieurs fonctions : on peut se
laver avec, ou, se couvrir en dehors du bain.
Le onsen collectif est considéré par les japonais comme un bon niveleur social. Dans le plus simple apparat, aucun artifice ne peut distinguer une personne riche d’une personne pauvre. La nudité est même une occasion pour renforcer les liens amicaux. On ne peut rien cacher quand tout notre corps est à découvert.
Avant de pénétrer dans les eaux thermales, il faut absolument
prendre sa douche au risque de susciter l'émoi des autres baigneurs. On doit donc s'asseoir sur un tabouret devant l’un des robinets et procéder à une toilette complète avec le savon. Ici encore aucune cabine ou paravent ne permet de cacher sa nudité. Il est mal vu d’éclabousser son voisin, ou le bassin, de rentrer dans le bain avec du savon ou sans être bien rincé.
Inutile de préciser que les photos n’y sont pas autorisées. Mais notre établissement possède également un bain que l’on peut privatiser pour un couple, une famille ou des amis. D’où la présence de ces quelques clichés.
Bien qu’assez déroutant pour un néophyte, la sensation de bien-être que procure l’immersion dans ses eaux thérapeutiques finit par l’emporter sur la pudeur. On sent rapidement les muscles de son corps se relâcher et un sentiment de bonheur d’être au Japon nous envahir.
La relaxation dans un onsen et la sérénité qui se dégage d’un ryokan promettent de beaux rêves en perspective.
Sur ce, je vous souhaite bonne nuit!
Lundi 8 août 2016 à 17:52
Notre périple se poursuit dans la vallée de Kiso, notre porte d’entrée des alpes japonaises.
On se retrouve à Magome, une petite bourgade à l’extrême sud de ces fameux massifs de montagnes tant convoités, en plein centre de Honshu (Honshu est la plus grande île du Japon sur laquelle se trouvent entre autres les villes de Tokyo, Osaka, Kyoto, Hiroshima, Nagoya, …).
A l’époque Edo (1600 - 1868), la position stratégique de ce petit village entre Tokyo, alors capitale politique, et Kyoto, siège du palais impérial, en fit une étape importante pour les marchands et les samouraïs.
Magome a conservé son charme du passé. La petite rue piétonne pavée et abrupte est bordée de jolies devantures de
boutiques rustiques. Le cadre à flanc de montagne rajoute un formidable cachet à cette charmante bourgade.
Mais le principal attrait de Magome est l'agréable chemin de randonnée de 8 km conduisant à un autre village Tsumago.
Le sentier longe une jolie rivière et traverse plusieurs fois la forêt
ainsi que différents petits hameaux. Sur le parcours de nombreuses cloches sont placées afin de prévenir notre présence aux … ours!!! D’un côté, j’aurais aimé en apercevoir un, mais de l’autre, la perspective de finir en repas improvisé m'a poussé à utiliser l’instrument. Et j’ai bien fait, car à un moment, le fait d’actionner la cloche m’a évité de marcher sur un petit serpent à la tête bien jaune ( signe très certainement de potentiel venin). Ça m’a rappelé la chance que
l’on a en Calédonie : aucune bestiole véritablement dangereuse; on ne se pose aucune question même lorsque l’on rentre dans des broussailles bien épaisses. Du coup, au Japon, j’ose, maintenant, à peine sortir des sentiers battus.
Après 2h d’une agréable promenade, nous arrivons à la magnifique Tsumago. Si Magome possède un charme d’antan indéniable, Tsumago en a au moins autant. Ce véritable musée à ciel ouvert fut classé par le gouvernement japonais comme zone protégée. Pas de poteau électrique, pas de parabole ou antenne sur les toits. Rien ne vient gâcher l’architecture
traditionnelle des lieux, à l’exception, à mon humble avis, de la route goudronnée.
Les nombreuses maisons en bois sombre et de plâtre blanc semble d’une autre époque, d’une autre civilisation. Le temps s’y est clairement suspendu depuis des lustres. Le sentiment de voyage vers le passé vient renforcer le dépaysement culturel.
On imagine aisément les grands seigneurs d’antan déambuler dans ces petites ruelles à la recherche d’une auberge avant de poursuivre leur chemin vers la capitale économique ou impériale.
En arrivant un dimanche en fin d’après midi, nous avons le luxe de jouir des lieux pleinement. Nous sommes les seuls ou
presque. Le revers de la médaille, par contre, c’est que la majorité des établissements et boutiques sont closes. Mais, je préfère cette situation que devoir affronter une horde de touristes.
Sur le chemin du retour, en voiture cette fois-ci vers Magome où se trouve notre auberge, nous nous arrêtons où un panneau indique deux cascades. Distante de quelques mètres l’une de l’autre, elles sont situées en contrebas de la route au coeur de la forêt. Bien qu’elles ne soient pas spectaculaires de part leur hauteur, le cadre rafraîchissant et verdoyant permet de clore la journée très agréablement.
Après une nuit réparatrice dans notre charmant ryokan (où cette fois-ci je n’ai pas pu échapper à douche collective), nous reprenons la route vers Shirakawa-go et Gokayama à moins de 200 km de là.
Cette région montagneuse reculée est demeurée très longtemps l’une des contrées les plus rurales et les plus isolées du Japon. Sa réputation s’est établie grâce à ses quelques villages historiques composés de maisons traditionnelles au toit de chaume de style Gassho-zukuri.
Ce dernier terme signifie littéralement : “ construction aux
paumes des mains jointes”. En effet, ce nom provient de la forme des toits particulièrement pentus rappelant la position des mains pendant la prière.
Leur structure très raide permet de limiter les dégâts causés par les fortes chutes de neige fréquentes dans la région. Ces demeures familiales uniques au Japon furent préservées dans
leur état d’origine depuis près de 250 ans. Notre voyage dans le temps continue donc.
La cheminée tient une place importante dans ces maisons. La fumée permet de fixer sur place les poutres et les cordes, et augmente la durée de vie du chaume. Autre particularité : aucun clou n’est utilisé. Tout les cinquante ans, l’ensemble des villageois s’affairent à changer la paille d’une manière très organisée.
En 1995, l’UNESCO a déclaré les villages d’Ogimachi, de Suganuma et d’Ainokura, au patrimoine de l’humanité.
Nous avons opté de commencer par ce dernier. Plus isolé que les autres, c’est celui qui a gardé le plus d’authenticité. La vallée compte une vingtaine de construction au toit de chaume serties dans splendide écrin montagneux. Un très court sentier permet de prendre de la hauteur et d’avoir une magnifique vue d’ensemble sur le village.
Un des habitants propose une démonstration et un petit cours de fabrication de washi, un papier traditionnel japonais réalisé à la main et à partir d’écorse d’un bois de la famille des mûriers et de résine. C’est assez impressionnant de voir le passage de la phase liquide à ce petit bout de papier bien solide.
Le petit restaurant, très charmant, au coeur du village, propose de délicieux repas traditionnels: des soba (pâtes de sarasin), et différents légumes et végétales sauvages souvent inconnus au palais d’un occidental comme les jeunes pousses de fougères.
Les maisons sont disposées de façon éparse, séparées par des rizières et reliées par des chemins surélevés. Ce décor spectaculaire nous plonge dans un Japon rural, perdu et
immergé dans une nature vierge, où le temps semble s’être arrêté depuis plusieurs siècles.
Nous avons ensuite visité en survolant les deux autres villages par manque de temps.
Ogimachi est de loin le plus grand des villages Gassho-zukuri
mais aussi le plus touristique. Même en arrivant à la fermeture, de nombreux bus et voitures étaient présents. Du coup, les lieux perdent rapidement de leur authenticité. Par contre, la présence de la large rivière apporte un cachet indéniable. Mais surtout, une petite route sinueuse permet d’atteindre un point d’observation avec une vue
splendide sur Ogimachi. Le seul point noir, la pluie s’invite à la dernière minute.
Malgré ce léger désagrément, notre découverte du centre de Honshu et de ses alpes japonaises débute de fort belle manière.
Nous nous dirigeons maintenant vers la ville de Takayama non loin où un ryokan nous attend pour la nuit.
Dimanche 7 août 2016 à 22:52
Me voilà donc reparti pour un petit tour. Quel plaisir de reprendre l’avion, d’atterrir en territoire étranger et de partir à la découverte de l’inconnu! Rien que le survol des environs de la capitale est surprenant. Je ne me rappelais pas que la mégalopole était entourée de parcelles rectangulaires de jeunes pousses de riz. Très rapidement, le dépaysement réopère, me ravive d’agréables sensations d’aventure.
Mon épouse et une amie japonaise seront mes compagnons de voyage au pays du soleil levant.
Comme indiqué dans mon dernier article, les alpes japonaises figureront comme la principale région que nous explorerons pendant ces 10 jours au Japon.
Après avoir laborieusement installé une carte sim locale achetée dans un distributeur (on trouve des distributeurs de tout et n’importe quoi au Japon) à l’aéroport de Narita puis récupéré notre voiture de location, nous nous dirigeons vers l’ouest de Tokyo en direction des fameuses montagnes japonaises où se sont déroulées les J.O. d'hiver en 1998.
Comme étape intermédiaire, l’option de la région des 5 lacs ( Fujigoko) semblait incontournable et complètement dans le thème de paysages de haute voltige. En effet, nous nous situons au bord d’étendues d’eau célèbres pour les panoramas qu’elles offrent sur le fameux Mont Fuji!
Qui n’a jamais entendu parler de ce mythique volcan? Il est vénéré par ses habitants, considéré comme sacré. La symétrie parfaite de son imposant cône, dominant les environs et même l'ensemble du Japon, a inspiré bon nombre d’artistes et de poètes depuis des siècles. Face à cette spectaculaire montagne, il n’est pas difficile de comprendre pourquoi. Il a été même inscrit, en 2013, au patrimoine mondial de l’UNESCO sous le titre : “Fujisan, lieu sacré et source d’inspiration artistique ”.
Les pèlerins affluent en masse pour gravir le plus haut sommet du Japon culminant à 3 776 mètres d’altitude. Nous nous trouvons d’ailleurs en haute saison pour son ascension. Chaque année, on estime entre 100 000 et 200 000 personnes qui se lancent à l’assaut de ses nombreux sentiers.
Cette fois ci nous ne céderont pas à cette folie populaire bien que tentante pour ma part. Paraît - il que la meilleure façon de profiter de ce volcan est de le contempler de l’extérieur. C’est ce que nous ferons.
Mais avant cela, pendant que le Mont Fuji se cachait dans les nuages, nous avons décidé de faire un petit détour à Kitaguchi Hongu Fuji Sengen, un joli sanctuaire. Mais, c’est surtout le cadre dans lequel il se trouve qui mérite une attention particulière. D’immenses cèdres dont certains millénaires
subliment l’architecture si typique. Malheureusement, une représentation ayant lieu ce jour-là , nous n’avons pu l’explorer à notre guise. Auparavant, les véritables pèlerins venaient y faire leurs offrandes avant de s’engager sur les sentiers permettant son ascension.
La petite auberge dans laquelle nous passerons la nuit est très
charmante. Bien que séparées hommes - femmes, les douche sont communes. Pas de rideaux ou de porte pour se camoufler. Il ne faut pas être pudique. Heureusement, de mon côté, j’étais tout seul.
Je reviendrai un peu plus tard sur les ryokan et les bains publics.
Le lendemain, le réveil se fera aux aurores. En effet, le meilleur moment pour immortaliser le mythique mont Fuji est le matin, au soleil levant où
les premières lueurs sont censées le magnifier. Il faut donc être courageux. Et nous ne serons pas les seuls. Une armada de photographes amateurs (où pas, vu l’équipement de certains ) guettent l’instant T. Nous n’avons pas eu leur patience.
Plusieurs lacs rentrent en compétition pour sublimer de la meilleure façon qu’il soit le Mont Fuji. Tous lui donne un aspect différent. A Yamanakako, où nous avons logé, ses pentes sont
cassées de part et d’autre par deux belles bosses, tandis qu’à Kawaguchiko, son cône est supposé être parfait. Je précise “supposé” car les nuages nous ont une nouvelle fois joué des tours.
Même si le mont Fuji n’a pas toujours été au rendez-vous, longer en voiture les différents lacs entourés de forêts et montagnes s’avère très agréable. A Motosu, il a bien voulu se montrer une
dernière fois. L’endroit est très connu au Japon car le paysage figure sur les billets de 1 000 yens.
Prochaine étape : les villages traditionnels de Magome et Tsumago.