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Notre aventure se poursuit en Patagonie andine. Ces terres qui ne cessent de fasciner les aventuriers par la diversité de ses grands espaces, la beauté sereine de ses montagnes, de ses glaciers et de ses lacs comptent moins d’un habitant au kilomètre carré.
Nous arrivons dans ces mythiques contrées par les airs à l’aéroport d’El Calafate.
Après les inattendues vagues de chaleur de Buenos Aires et de
froid à Ushuaia, le climat fait également des siennes ici. Bien que les températures y soient plus clémentes (entre 9° et 20°), ce sont les puissantes bourrasques de vent qui, cette fois-ci, nous ont surpris. Il faut bien tenir le volant en conduisant et les portières quand on les ouvre!
Après avoir récupéré une voiture de location, nous nous dirigeons immédiatement vers El Chaltén situé un peu plus au
nord, à près de 200 km d’El Calafate.
On ne s’attendait pas à être autant fasciné par les paysages défilant devant nous. La magnifique traversée de la steppe désertique, troublée par moment avec l’apparition, comme d’un mirage, de lacs irréels d’un bleu laiteux, de la faune locale avec des guanacos (apparentés aux lamas), ou encore des aigles,
nous mène à ce petit village d’El Chaltén perdu au coeur des andes, au pied de la vedette des lieux: l’emblématique mont Fitz Roy.
El Chalten signifiant ‘montagne qui fume’ tire son nom de ses sommets souvent nimbés de nuages. Vous l’aurez certainement compris, on ne vient pas ici pour les rues poussiéreuses du village, ni pour une certaine ambiance hippie, mais bel et bien
pour ses sentiers de randonnées permettant d’apprécier la beauté du mont Fitz Roy culminant à 3405 mètres.
Dès notre arrivée, nous nous dirigeons vers Chorillo del salto, une jolie cascade, facile d’accès. Cette dernière jaillit de la roche et se fracasse dans un beau trou d’eau. La baignade n’est pas autorisée. Mais, vu la température extérieure (bien qu’il fasse
plus chaud qu’à Ushuaia), ça ne me serait pas venu à l’idée d’y faire un plongeon.
L’un des treks les plus populaires est celui qui conduit à la laguna de los Tres. Près de 23 kilomètres de marche aller-retour sont nécessaires pour atteindre les lacs de haute altitude. Le sentier commence par grimper, nous offrant de belles vues sur la vallée en contrebas puis s’enfonce sur un plateau qui pourrait s’avérer un peu monotone si les arrières plans de pics rocheux enneigés n’égayaient pas le paysage. L’apparition d’un condor
nous survolant à plusieurs centaines de mètres au-dessus de nos têtes, nous rappelle que l’on se trouve bien dans la cordillère des Andes. En tout cas, l’arrivée est ultra spectaculaire : Après une ultime ascension très pentue et donc éprouvante, le mont Fitz Roy surgit devant nos yeux ébahis avec à ses pieds un fabuleux lac d’un bleu turquoise. Difficile de trouver les mots devant tant de beauté.
Alors qu’on pensait être au paroxysme de la magie des lieux, que nenni!!! Au sommet d’un petit promontoire voisin, le panorama reprend encore une dimension supplémentaire avec la splendide vue sur un autre lac d’un bleu irréel, la Laguna Sucia. On est resté 2 heures et demie au sommet. On n’avait plus envie de redescendre. Le temps était idéal: un beau soleil, pas de vent. On a entendu un guide qui
accompagnait des touristes dire que ce genre de conditions était exceptionnel. Ce n’est pas pour rien que El Chaltén signifie montagne qui fume. En tout cas,nous rentrons au village avec le sentiment d’avoir participé à certainement l’une des plus belles et mémorables randonnées
de notre vie !
Le lendemain, nous repartons pour un autre trek très joli mais plus abordable : la Laguna Torre. Bien qu’au final notre GPS ait indiqué autant de kilomètres que la journée précédente, le chemin crapahute beaucoup moins. Au départ, les quelques montées rappellent à nos cuisses et
mollets les efforts fournis la veille à la laguna de los tres, puis, rapidement, en s’enfonçant dans la vallée, on retrouve un bon rythme de marche. On sent que les randonnées précédentes portent leurs fruits, car, à l’aller, on met 2h30 au lieu de 3h indiqué, et au retour, 2h au lieu de 3. Là encore, les paysages avec les pics enneigés spectaculaires en arrière plan défilent devant nous. L’arrivée est de nouveau brutale et très belle, même si elle est loin d’égaler celle d’hier. La laguna torre d’une couleur vert kaki embellit la chaîne de montagne dont le pic du cerro Torre dominant la vallée avec ses
3128 mètres. Pendant notre pause déjeuner avec un vent glacial à décorner les boeufs , deux beaux aigles peu farouches tournoyaient au-dessus des randonneurs à la recherche de reste de nourriture. Ils ont réellement une vue perçante car ils ont très vite repéré du ciel le petit bout de chorizo qu’on leurs a laissé. Un s’est même posé à moins d’un mètre de nous. Après ce sympathique moment passé en compagnie des volatiles, on décide de contourner le lac pour se rapprocher du glacier. On parvient à un ultime promontoire, le mirador Maestri d’où l’on peut contempler un
panorama exceptionnel sur les montagnes et le lac gelé en contrebas.
De retour au village, nous enchaînons notre splendide marche avec près de 3 heures de route en voiture pour revenir à notre point de départ la petite ville d’El Calafate. Nous retraversons
donc cette surprenante steppe désertique avec quelques arrêts photos pour prendre encore une fois les troupeaux de guanacos mais surtout les choiques (une sorte de petites autruches) que l’on observe pour la première fois.
Le nom de la ville d’El Calafate provient d’un petit arbuste épineux à fleurs jaunes dont on confectionne des confitures à partir de ses fruits d’un bleu virant au violet. Le centre ville très touristique et animé se compose d’une enfilade de restaurants,
de bars, de boutiques de souvenirs et d’agences d’excursions. Ce modeste village de pionniers à l’origine, fondé en 1927, au coeur d’une pampa désertique et venteuse, à connu au fils des ans un développement fulgurant grâce au tourisme.
Quel est l’intérêt de l’endroit ? El Calafate est érigée dans un site exceptionnel, au bord du magnifique et gigantesque lac nommé lago argentino à seulement 80 km de la star incontestée de
Patagonie, le célèbre glacier Perito Moreno.
Après une nuit méritée suite aux treks des jours précédents à El Chaltén enchaînée du long trajet en voiture, nous entamons notre découverte de la région justement par le fameux glacier. Un peu moins d’une heure et demie de route permettent d’approcher le mastodonte de glace avec ses 30 km de long,
5 km de large et 60 m de haut.
Nous avons opté pour une découverte approfondie de ce mythique glacier. Une agence organise des minis treks sur ce dernier. On emprunte dans un premier temps une embarcation traversant le lac dans lequel baigne le glacier, puis une petite marche d’approche dans une forêt de lengas permet d’arriver au pied du Perito Moreno. On s’équipe alors de crampons pour évoluer sur la glace. On évolue pendant une heure et demie sur
celui-ci à la file indienne sous l’oeil bienveillant des deux guides. Je pensais marcher sur de la neige, mais non! on marche sur des glaçons compactés. Ca m’a beaucoup surpris! Lors du parcours, on traverse de magnifiques crevasses et de petites grottes aux reflets bleutés à l’intérieur du glacier ainsi que de jolies flaques d’eau turquoise. Pas un bloc de glace sculpté par le vent ou la pluie n’est identique! En fait, c’est assez étrange: dans ce labyrinthe gelé, au premier coup d’oeil, tout se ressemble, mais en observant davantage,
tout est différent. Juste avant de quitter le glacier, une petite collation est servie: du whisky accompagné de … je vous laisse deviner … glaçons du Perito Moreno !!! Un super moment, inoubliable !
Après l’avoir apprécié de très près avec cette petite excursion, on part le contempler d’un peu plus loin. En effet, un réseau de 4 km de passerelles permet de le découvrir sous différents angles. Le
Perito Moreno est l'un des seuls, voire le seul glacier au monde à avancer continuellement. Il bute contre un promontoire rocheux se trouvant sur la rive opposée du bras du lac situé à ses pieds. Des plate-formes d’observation, on se rend plus facilement compte de ses dimensions impressionnantes. La glace est à perte de vue! Difficile de rester insensible à cette majestueuse beauté classée au patrimoine mondial de l'humanité ! Parcourant jusqu'à 2 mètres par jour, il gronde, grince, craque, résonne et crée des icebergs pouvant
atteindre la taille de tours d’immeubles à sa surface. Les petits glaciers de Nouvelle-Zélande ne font pas le poids face à ce géant de glace.
Le lendemain, nous retournons dans le parc national des glaciers pour une mini croisière de cinq heures sur les eaux d’un bleu laiteux et turquoise du lago argentino. Cette jolie couleur provient de la fonte des glaces très denses apportant une grosse
dose de sédiments. Cette immense étendue est le troisième plus grand lac d'amérique du sud et le plus grand d’Argentine par sa superficie de 1560 km carré.
Le bateau permet d’accéder à d’autres glaciers dont l’Upsala. Plus étendu que la ville de Buenos Aires, il est l’un des plus grands glaciers de l’hémisphère sud. Le front de l’Upsula s’élève environ à 70 m de haut et il y aurait 490 m de glace sous l’eau. Long de 60 km, il se montre plus imposant que le Perito Moreno, mais, à l’inverse de ce dernier, il recule progressivement. Ce qui
est dommage, c’est qu’on l’observe d’assez loin. Par contre, le bateau s’est bien approché d’un autre glacier, le Spegazzini dont le front mesure entre 80 et 125 mètres de hauteur. En parcourant les rives du lac, on a l’impression de voyager dans un monde surréaliste, dans ces eaux parfois calmes, parfois agitées par les vents violents, parsemées par endroit d’immenses icebergs d’un bleu intense.
Après ces quelques jours passés dans cette partie du monde, on comprend alors mieux l’attrait et la réputation de la Patagonie.
La suite de nos aventures se poursuivra dans un tout autre décor, beaucoup plus au nord, mais avec comme dénominateur commun, la cordillère des andes : il s’agit de la ville et des environs de Salta.