La région des fjords, appelée fiordland, constitue une étape fondamentale et attendue de notre périple en Nouvelle-Zélande.

Ce parc national, le plus grand du pays avec une superficie de 12 500 km2, se situe à l'extrême Sud Ouest de l'île du Sud. Il y a des milliers d'années, les glaciers créèrent de nombreux fjords, dont le plus célèbre et le plus visité est le Milford Sound.

Pour ceux qui ne le savent pas, un fjord est une vallée érodée par un glacier jusqu'en dessous du niveau de la mer, laissant le champ libre aux eaux maritimes d'avancer à l'intérieur des terres. L'aspect typique d'un fjord est celui d'un bras de mer étroit, plus ou moins ramifié, aux côtés très escarpés, qui s'avance dans les terres sur plusieurs kilomètres.

Fiordland, inscrit au patrimoine mondial de l'UNESCO, possède un relief particulièrement accidenté. Plusieurs pics dépassent les 2 000 mètres d'altitude.

Le vent vient surtout de l'ouest, balayant de l'air humide de la mer de Tasman. Rencontrant les montagnes, cet air se refroidit et fait tomber de grandes quantités de pluie sur la région. Cette dernière maintient les nombreuses forêts tempérées humides.

La faune y est variée. On y trouve des dauphins, des phoques, des lapins, des cerfs. Parmi les oiseaux, le Kakapo, le seul perroquet sans la capacité de voler ou le kiwi peuvent être observés avec beaucoup de chance. Par contre, une rencontre avec nos fameux Keas est presque inévitable.

Notre porte d'entrée dans la région se nomme Te anau. Cette petite ville, située sur les rives du plus grand lac de l'île du Sud ( d'une superficie de 344 km2 ), vit essentiellement de l’élevage de daim et du tourisme. Du fait de sa situation particulière en bordure du parc national de Fiordland, Te Anau attire un grand nombre de visiteurs intrigués par les beautés naturelles de cette région. Elle constitue donc un bon point de réapprovisionnement en vivre et une excellente base pour explorer les fiords.

Après y avoir passé une nuit dans un camping, notre déception fût grande en nous réveillant: de la pluie! Suite à une discussion avec un couple franco-espagnol qui nous ont informé que la région était réputée particulièrement pluvieuse, nous avons quand-même entamé la route vers Milford Sound sous un déluge d'eau. En fait, Fiordland est l'un des endroits les plus pluvieux au monde avec 300 jours de pluie par an et quelque 7 mètres d'eau.

Mais, par chance, à mesure que l'on avançait, le déluge s'estompait petit à petit. Cela nous as permis d'apprécier à sa juste mesure, l'une, voire, la plus belle route du pays.

Cette dernière qui part de Te Anau, longe son grand lac, et s'enfonce pendant quelques heures dans le parc en montrant des paysages de diversité stupéfiante. On traverse de larges prairies bordant des rivières sauvages, des forêts denses, puis des vallées entourées de pics vertigineux d'où jaillissent un nombre incalculable d'impressionnantes cascades avant d'arriver au célèbre fiord. De nombreuses aires de repos ou de camping permettent des arrêts réguliers afin de s'extasier davantage en contemplant plus longuement ces lieux majestueux.

Parmi les stops prisés, figure celui du lac miroir, où la petite étendue d'eau est censée refléter la silhouette de la montagne voisine. Je pense qu'en début de matinée ou en fin de journée, le rendu devrait être plus spectaculaire.

Le parc propose un nombre important de randonnées. Outre le Milford Sound Track, le Routeburn Track, le Kepler Track ou le Hollyfiord Track, des sentiers nécessitants plusieurs jours de marche, des balades plus accessibles au commun du mortel permettent d'accéder à des endroits fantastiques en quelques heures et parfois même en quelques minutes.

Le premier jour, nous avons opté pour celle menant au lac Marian ( 3 heures aller-retour). Le parcours commence par longer une puissante rivière déchaînée puis s'enfonce dans une magnifique forêt particulièrement humide. A ceux qui ne veulent pas se mouiller les pieds ou se salir: s'abstenir! Par endroit, des petits creeks ont pris d'assaut le chemin destiné normalement aux randonneurs. Mais surtout, ce sont les passages boueux difficilement évitables qui rendent la promenade hasardeuse. De plus, le sentier assez vertical pourrait en décourager plus d'un. Par contre, de nombreuses cascades se jetant des montagnes situées de part et d'autre du parcours, encourage à aller plus loin. L'arrivée au lac Marian vaut largement tous les efforts fournis. La grande étendue d'eau encerclée de pics enneigés est d'une beauté indéfinissable. Ici encore, des chutes tombent dans le lac pour le plaisir des yeux. Malheureusement, un végétation dense empêche d'avoir un point de vue général. Mais ne renonçant devant rien, nous avons enlevé nos chaussures et nos pantalons, puis nous sommes rentrés dans l'eau gelée afin d'avoir un meilleur angle pour photographier ce magnifique endroit.

Après ce moment insolite et mémorable, nous avons repris la route en direction de Milford Sound. Quelques kilomètres avant le fiord, un immense tunnel assez rudimentaire ( de l'eau tombe du plafond, ce qui n'est pas rassurant) de plus d'un kilomètre traverse la montagne. De longs feux rouges obligent les véhicules à s'arrêter. Pendant ce temps, des Keas surgissent de nulle part en espérant être nourris malgré l'interdiction annoncée sur des panneaux.

Ces perroquets, d'un plumage vert assez sobre (excepté lors de leur envol où des couleurs rouges ou oranges apparaissent) sont loin d'être farouche! Ils s'approchent très près mais ne se laissent quand même pas toucher. Les voir sautiller pour se déplacer au sol est un spectacle proche du comique. D'un naturel curieux, ils n'hésitent pas à se poser sur le toit de la voiture et à regarder à travers la vitre si il n'y aurait pas un met délicat à chiper. Ce sont les seuls perroquets au monde à vivre en haute montagne. Leur intelligence hors du commun, pouvant rivaliser avec n'importe quel singe, leurs permet de survivre dans ces conditions difficiles. En tout cas, on ne se lasse pas d'observer ces véritables clowns d'altitude.

Une fois le tunnel traversé, la pluie s'est remise à tomber accompagnée d'un épais brouillard. Mais, cela ne minimisa pas la beauté des paysages. Par contre, aucune photo ne pourra exprimer ce que nos yeux ont réellement vu.

A Milford Sound, un micro-village conçu uniquement pour le tourisme (en effet qui aimerait vivre dans un endroit si froid et pluvieux?), un seul hébergement existe. Ce dernier, situé dans un cadre magnifique, entouré de montagnes et de cascades, est à la fois un hôtel, une auberge de jeunesse et un camping. Par chance, il ne restait qu'une chambre avec sanitaire en commun de disponible, pas même un emplacement de camping (mais de toute façon, avec un froid de canard sous une pluie diluvienne, il aurait fallu nous payer pour dormir sous une tente!).

Avec un grand bonheur, au réveil, un ciel par endroit bleu nous accueillait. Nous avons pu effectuer notre croisière sur les 16 km de fiords. Les paysages étaient au moins aussi beaux que ceux aperçus depuis la route. Mais le sentiment de flotter sur les eaux salées ajoutait du piment au tableau. Le bateau s'est approché de plusieurs colonies de phoques pour nous permettre de les photographier, mais également d'une immense cascade qui se jetait dans le bras de mer. Les embruns de la chute nous ont bien arrosé.

De retour sur terre ferme, nous avons repris la route en sens inverse et nous nous sommes arrêtés pour effectuer plusieurs petites randonnées.

La première, The Chasm (30 min aller-retour), nous conduit au dessus de gorges. De belles marmites ( trou circulaire taillé naturellement dans la roche) peuvent être observées mais la balade est sans grand intérêt en comparaison de celle du lac Marian. Par contre, il ne faut pas hésiter à sortir du chemin principal pour emprunter deux petits sentiers non balisés. Car, l'un mène à un plus joli point de vue sur les gorges et l'autre à un magnifique trou d'eau (dommage que la rivière soit si glacée).

Ensuite, nous nous sommes rendus à The Humbolt Falls. La route en terre pour accéder au début d'un parcours d'une demi-heure permet de se déplacer assez vite. Aucun nid-de-poule! Elle est même meilleure que certaines de nos routes goudronnées. Le petit sentier de randonnée nous guide vers une immense cascade. Le bémol, c'est que le point de vue est assez loin de la chute d'eau. J'aurai tant aimé m'y retrouver au pied de celle-ci!

Enfin, nous avons terminé notre découverte de la région de Fiordland par un des balades les plus prisées: Key Summit. Le sentier grimpe jusqu’au sommet d'une montagne à environ 1 000 mètres d'altitude. L’ascension, plutôt facile, dure environ 1 h 30 et est très largement récompensée par une vue à couper le souffle. La végétation basse de haute montagne contraste fortement avec la forêt du lac Marian. D'ailleurs, ces deux randonnées se complètent parfaitement, d'autant plus que, du Key Summit, on voit de loin le fameux lac visité la veille.

Malheureusement, nos heures sont comptés dans cette magnifique région. Nous nous rendons maintenant vers Wanaka.