Je profite des quinzes jours passés chez ma belle-famille à Espira de Conflent dans les pyrénées-orientales pour écrire une ébauche sur cette région de France qui comporte de nombreux intérêts.
Parmis ces derniers, on peut citer la proximité avec l'Espagne ou l'andorre mais surtout la présence non loin à la fois de la mer et de la montagne.
En effet, les villages d'Argelès, Saint cyprien et Canet, par exemple, disposent d'immenses plages de sable attirant de nombreux vacanciers en été.
Mais, la côte Vermeille non loin a définitivement plus de cachet à mon sens. Elle présente des criques rocheuses, de charmants ports de pêche et des vignes à flanc de coteau. Cette côte plutôt sauvage s'étend du sud d'Argelès-sur-mer jusqu'à la frontière espagnole.
Parmi les villages incontournables qui la bordent figure Collioure. Niché au creux d'une baie où viennent se mélanger les eaux de la méditérannée et les roches de la chaine des pyrénées, ses vestiges architecturaux datant parfois de l'antiquité offrent un cadre particulièrement enchanteur. L'eau d'un bleu azur, les façades des maisons jaunes, roses, oranges et ocres baignées par le soleil donnent l'impression d'être dans un tableau d'un grand artiste. D'ailleurs, de nombreux peintres dont les célèbres Picasso et Matisse ont succombé à la beauté de Collioure. De petites rues pittoresques au charme indéfinissable, une église unique au clocher emblématique, une lumière et une douceur méridionnales, tout concourt à faire de Collioure le joyau de la côte.
Non loin, Port-Vendres mérite un petit détour. Port naturel en eau profonde, ce village de pécheur offre un paysage typiquement méditerranéen. Peu de monuments spectaculaires, mais les amateurs de chalutiers y seront ravis.
Situé également sur la côte Vermeille, Banyuls-sur-mer doit sa réputation avant tout à son bon vin. Les 1 750 hectares de vignes sont structurés en terrasses soutenues par plus de 6 000 km de murettes de pierres sèches. Le vin doux qui y est produit peut se boire en apéritif. Son goût fruité et agréable me rappelle celui du Porto.
Enfin, Cerbère, le dernier village français avant la frontière espagnole, a la particularité de proposer un sentier sous-marin permettant l'observation de quelques poissons de la méditérannée en PMT (Palme, Masque, Tuba) dans l'unique réserve naturelle exclusivement marine de la France métropolitaine. Bon, pour un calédonien, cela n'a rien d'exceptionnel, loin de là, même si j'ai pu constater le bonheur de vacanciers en extase devant l'écosystème sous-marin. Par contre, la petite plage de galets coincée entre d'immenses falaises propose un joli cliché.
L'autre atout de la région, la montagne, possède, à mes yeux, un intérêt bien supérieur. Le Canigou est d'ailleurs considéré comme un mont sacré pour les habitants de la région. Selon un vieil adage, n'est pas catalan, celui qui n'en a pas fait l'ascension. Le moyen le plus simple de gravir le pic culminant à 2784 m est de se rendre en voiture au refuge des Cortalets (2150 m). Ce dernier se situe sur une magnifique plateforme en contrebas du pic. On se croierait presque dans une plaine. L'herbe y est particulièrement verte, et les étangs nombreux. On a voulu attaquer l'ascension de la sainte montagne, mais malheureusement, au bout d'une demi-heure de grimpette, on s'est rendu compte que l'on avait perdu les clés de la voiture. On a du donc redescendre vers le refuge. Mon baptême catalan sera pour une prochaine fois!
Nous avons passé une nuit en mode camping, un peu plus bas, à 1183 m au lieu-dit La Mouline.
Cela nous a permit de faire une petite balade au milieu des bois vers un village abandonné où une ancienne forge modelait le minerai extrait de la montagne. Le lendemain matin, la recherche de champignons a apporté un côté ludique à notre promenade en plein massif du Canigou, et la fricassée de girolles, le soir, un côté gastronomique!
Quelques jours plus tard, j'ai découvert un autre versant du mont catalan. Nous nous sommes rendus à Mariailles d'où l'on peut partir également pour atteindre le plus haut sommet du massif. Le site du refuge entouré de pics vertigineux offre des paysages de hautes montagnes époustouflants. La vieille pierre des chalets, la présence de vaches paisibles ajoutent encore une autre dimension au décor. A moins d'une demi-heure de marche, une jolie cascade invite à la baignade. Par contre, la température de l'eau, elle, dissuade les plus courageux. Rien que traverser le cours d'eau pour mieux observer la chute fût une torture pour mes pieds à la limite de devenir bleu!
Un autre point fort du Canigou: la possibilité de descendre ses nombreux canyons. Le plus connu est, sans hésiter, le Llech à deux pas d'Espira de Conflent où nous logeons. Ce canyonning très sportif, appelée "cascade de las fous", est l'un des canyons les plus ludiques d'Europe. Une succession incroyable de sauts, toboggans et rappels (jusqu'à 15m) ouvre une porte à l'amusement et plus souvent dans mon cas au stress. Rien que le premier saut met dans l'ambiance. Ce n'est pas la hauteur modérée de 5m qui impressionne mais l'impulsion que l'on doit donner à son saut pour ne pas s'écraser sur les rochers en contrebas! Même certains toboggans peuvent se montrer spectaculaires. Ils sont parfois si raides que l'on a le sentiment similaire de se jeter dans le vide. D'ailleurs, celui appelé 'surprise' ou 'eject', permet une glissade suivie d'une chute de plusieurs mètres. Mon épaule s'en rappelle encore après la mauvaise réception dans l'eau froide. Entre deux frayeurs, la beauté du canyon et de ses nombreuses cascades est un véritable régal pour les yeux.
A une bonne heure de route du Canigou, d'autres gorges, celles de Galamus, offrent également de beaux paysages. La rivière Agly, issue des Hautes-Corbières, a creusé une vertigineuse entaille profonde de plusieurs dizaines de mètres dans la montagne pour se frayer un passage vers la Méditerrannée. Les gorges sont donc découpées dans un relief karstique dû à l'action de l'eau souterraine gorgée de gaz carbonique sur des roches calcaires. Par sa profondeur et la verticalité de ses parois, c'est l'une des curiosités naturelles les plus remarquables de la région. La rivière, nichée au cœur de ce chaos de roches grises et blanches, se pare de tons pastel ou ocre et nous livre de magnifiques reflets verts.
La route qui serpente au coeur de ce fabuleux site naturel est tout aussi impressionnante. Elle a été taillé dans la falaise à la barre à mine par des hommes attachés à des cordes dans les années 1890. Elle permet d'accéder au cours d'eau suffisamment en amont pour pouvoir le descendre en canyoning. Par contre, concernant le côté ludique, rien à voir avec le Llech. Il y a très peu de toboggans (dont aucun d'entre eux n'est véritablement vertigineux) ou de sauts ( 1 seul à 5 m environ) et aucun d'entre eux n'est obligatoire.
Le retour vers le parking emprunte un sentier abrupte qui donne la possibilité d'atteindre l'ermitage Saint-Antoine de Galamus, un monument surprenant de part sa position, perchée à 376 mètres d'altitude dans les gorges, accroché aux paroies des falaises. A l'inverse des autres ermitages des Pyrénées-Orientales, il ne s'agissait pas d'une ancienne chapelle, généralement le siège d'un hameau disparu, mais c'est une création de toute pièce d'un moine venu s'exiler dans ces fabuleux lieux isolés qu'il aménagea. L'ermitage existe depuis le VIIème siècle. Fait insolite, une église a été agencée à l'intérieur d'une grotte.
Décidément, les pyrénées orientales proposent une palette impressionnante de sites naturels ou historiques entre mer et montagne. Et je ne les ai pas tous cité, loin de là. J'en garde sous le coude pour les prochains voyages vers cette région de France.
Notre retour en Calédonie fera une escale de 24h à Helsinki en Finlande.