Notre découverte de l'île intense se poursuit sur la côte Ouest et Sud. La veille, au premier superbe point de vue nommé Nez-de-bœuf sur la route du piton de la fournaise, nous avions pu observer de très loin un village perché sur les hauteurs d'un plateau. Ce dernier appelé le Grand-Coude nous a intrigués au point de vouloir y faire un tour. La route sinueuse s'enfonçant dans les terres qui y mène ne cesse de grimper à travers des champs presque sans fin de canne à sucre. Mais au final, cette balade n'a qu'un intérêt limité. Le panorama depuis Nez-de-bœuf était beaucoup plus spectaculaire même si les deux belvédères de chaque côté de la route juste avant le village offrent des vues intéressantes.

Non loin de là, à Langevin, nous empruntons encore une fois un chemin s'enfonçant au cœur de l'île. Mais cette fois-ci, nous remontons le lit d'une vallée (donc peu de dénivelé) pour admirer la splendide cascade de Grand-Galet. Le décor est somptueux! Un voile de cascades dégringole dans une sorte de trou de verdure. Une particularité surprenante: l'eau glaciale ne tombe pas du haut des falaises, mais apparemment des nappes phréatiques situées légèrement plus bas. Je crois que cette cascade est la plus impressionnante que j'ai pu observer jusqu'à aujourd'hui. En redescendant vers le littoral, nous avons pu emprunter un joli petit sentier longeant la rivière Langevin. Il conduit au Trou-Noir, un magnifique bassin, permettant aux personnes peu frileuses de s'y baigner. D'habitude, une cascade tombe dans le trou d'eau. Mais, en ce moment, l'Ouest de La Réunion subit une période sévère de sécheresse.

Après avoir rejoint la route du littoral, nous continuons toujours en direction du Sud sauvage. Les paysages changent. Les falaises remplacent les plages et les villages se font moins présents (le volcan non loin y est certainement pour quelque chose).

Nous avons fait une courte halte à Baril près du puits des anglais. Le bord de mer mérite un coup d'œil. Une belle piscine creusée dans la roche se remplit avec les marées. Un bassin naturel permet également une baignade à l'abri de la forte houle. Lorsque les vagues se retirent après avoir frappé les falaises, la couleur de l'eau vire, seulement quelques secondes, au turquoise.

Après avoir franchi les villages de Saint-Philippe et du Tremblet, la proximité avec le piton de la Fournaise se fait davantage sentir. La route traverse l'enclos, une zone interdite à l'habitation. On peut y admirer les différentes coulées de lave refroidies des dernières éruptions. La plus impressionnante est celle de 2007 où 140 millions mètres cube de cette roche en fusion ont formé une plateforme de 30 ha gagnée sur la mer. Une fois de plus, ce décor lunaire et désolé, entouré d'une végétation luxuriante grâce à la fertilité de la terre volcanique, se montre saisissant.

Notre balade de la journée s'est terminée à l'anse des cascades situé en bord de mer. Une forêt de cocotiers, au pied de pitons couverts de végétation d'où coulent de hautes cascades en filet, en fait un endroit particulièrement agréable et reposant. De plus, les barques multicolores des pécheurs exposées devant une petite anse composée d'énormes rochers volcaniques ajoutent un charme incontestable.

Le lendemain, nous avons décidé d'effectuer moins de route et de sillonner autour de Saint-Gilles. La première destination de la journée: le piton Maïdo, un site incontournable de La Réunion. Ce belvédère culminant à plus de 2200 mètres propose un panorama à couper littéralement le souffle (et je ne mâche pas mes mots) sur le cirque de Mafate.

Une petite parenthèse: le centre de l'île est composé de trois cirques côte-à-côte: Cilaos, Salazie et Mafate. Au cœur de ces derniers, s'élève à 3070 mètres, le plus haut sommet de ce département français de l'outre-mer, le piton des neiges. Il n'existerait nulle part ailleurs dans le monde des cirques comme à La Réunion d'où le classement de l'intérieur de l'île au patrimoine mondial de l'UNESCO.

Revenons à nos moutons... Je ne m'attendais pas à être autant bluffé par le point de vue qu'offre le piton Maïdo sur le cirque particulièrement sauvage de Mafate. Aucune route ne permet de pénétrer dans ce dernier mais seulement d'étroits sentiers accessibles uniquement à pied. Pourtant, quelques hameaux sont visibles depuis Maïdo. Ces minuscules villages sont en fait ravitaillés en hélicoptère. Peu de personnes ont la possibilité d'explorer les lieux recouverts d'une végétation dense car il faut organiser une randonnée sur plusieurs jours pour pleinement profiter de ce coin perdu. Cette inaccessibilité m'a donné l'envie de revenir un jour à La Réunion rien que pour ça.

Après s'être remis de nos émotions à Maïdo, nous avons passé une bonne partie de la journée entre Saint-Gilles-les-bains et Saint-Gilles-les-hauts à Cormorans où trois bassins avec cascades normalement interdits d'accès (mais le site semble continuellement rempli de monde) permettent une baignade rafraichissante. Pour atteindre le trou d'eau du haut, il faut traverser une succession de petites grottes. La promenade au milieu de la végétation luxuriante est fort sympathique. Ce premier bassin au pied d'une immense falaise donne la possibilité aux plus courageux d'effectuer des sauts de plus de quinze mètres. Le beau-frère adepte de canyoning ne s'est pas fait prié. Plus bas, une magnifique cascade égaye le deuxième trou d'eau propice également à une trempette. Tout proche, d'innombrables oiseaux jaunes ont attiré mon attention. Ils s'activaient à cueillir des brindilles pour fabriquer leurs nids. Il s'agirait apparemment des béliers selon un randonneur du jour. Les males construiraient les nids, et si ces derniers ne plaisent pas aux femelles, ils s'évertueraient à en bâtir d'autres pour combler leur désir! Le seul point négatif de ces trois bassins: la saleté! Des papiers, des détritus et même du vomi sur le sol et dans l'eau! De gros rats sont attirés par la négligence des hommes. C'est bien dommage!

Notre dernière destination avant de rentrer plonger dans le lagon proche de notre hôtel: Boucan-Canot. Considérée comme étant l'une, voire la plus belle plage de l'île, elle est également réputée pour être dangereuse. Les vagues et les courants peuvent être violents mais surtout, de nombreuses attaques de requins ont été recensées.

Demain, direction le cirque de Salazie...